Covid 19 : Les velléités de rébellion suicidaires des cathos antivax
Le 11 août 2021 -
(E.S.M.)
-
De trop nombreux catholiques, surtout dans les milieux
traditionnalistes, tout en étant convaincus de mener le bon combat,
font en réalité le jeu de l’ennemi.
Covid 19 : Les velléités de rébellion suicidaires des cathos antivax
Apocalyptiques et libertaires.
Le 11 août 2021 - E.
S. M. -
L’analyse du professeur De Marco publiée sur cette page est
absolument à ne pas manquer, si l’on veut comprendre la profondeur
de l’abysse théorique et pratique dans lequel s’engouffrent les
catholiques qui se révoltent contre les obligations vaccinales
imposées – selon eux – par une dictature planétaire
bio-technocratique.
Ils protestent au nom de la liberté. Mais ce qu’ils ne voient pas,
c’est qu’ils se livrent corps et âme à un « dictateur libertaire
sympathique » qui « concède, et légitime même, toutes les libertés
privées » et ce faisant dissous la conception chrétienne de la
politique, de l’État, et en définitive de l’homme.
Settimo Cielo a souligné à plusieurs reprises combien la question de
l’humain et du post-humain est capitale pour l’Église d’aujourd’hui,
encore dernièrement dans un article du professeur
Sergio Belardinelli..
Mais le professeur De Marco va encore plus loin en identifiant dans
la révolution anthropologique actuelle cet Antéchrist face auquel
l’Église et le politique devraient résister et nous protéger, selon
l’avertissement lancé par saint Paul dans la seconde lettre aux
Thessaloniciens.
En effet, de trop nombreux catholiques, surtout dans les milieux
traditionnalistes, tout en étant convaincus de mener le bon combat,
font en réalité le jeu de l’ennemi.
Mais laissons la parole au professeur De Marco.
Un article de
Sandro Magister, vaticaniste à
L’Espresso
Comment distinguer les scénarios
apocalyptiques
de Pietro De Marco
Il est difficile de poser un diagnostic de la conjoncture
idéologique actuelle mais, en toute franchise, la tendance
antiétatique qui progresse depuis des mois au sein des minorités
catholiques traditionnalistes, comme chez les théoriciens de
l’aliénation biopolitique, paraît le fruit d’une énorme erreur
tactique, due à une véritable erreur de discernement. Les libertés,
revendiquées sous des formes paranoïaques (ou délirantes, comme chez
ceux qui considèrent les systèmes de prévention et de traitement du
virus comme des expérimentations nazies), constituent l’erreur en
elles-mêmes ; en effet elles manifestent elles aussi ce mépris pour
toutes les disciplines, et en définitive pour l’autorité elle-même,
qui est le propre de la « great disruption » libertarienne.
Si l’on prend la peine d’analyser de manière critique l’histoire des
libertés modernes, on s’aperçoit d’un côté comment le levier d’une «
opinion publique » s’exerçant sur les libertés et les droits
représente en lui-même une puissance considérable susceptible de
déséquilibrer n’importe quel ordre politique et, de l’autre côté,
combien ce levier libéral est fragile et presque impuissant à fonder
un nouvel ordre sur des valeurs ou même sur une autorité.
Cette fragilité pose en définitive la question de souveraineté :
celle-ci se définit techniquement et dramatiquement précisément sur
le principe de la suspension d’exception de certaines libertés. Et
elle pose en conséquence la question de la théologie politique, dans
le sens strictement schmittien selon lequel le « munus » de
gouvernance (c’est-à-dire le soin de l’unité politique) est avec la
sécularisation (c’est-à-dire la crise de la chrétienté à l’époque
moderne) entièrement remis aux mains des juristes.
Si la seule autorité, ou à tout le moins l’autorité ultime, dans la
modernité tardive des droits est assignée, non pas en vertu d’un
abus contingent mais par nécessité, aux lois et aux cours
constitutionnelles, elle ne peut qu’agir en minant les politiques et
en dissolvant les sociétés qui incorporent l’autorité et par le fait
même qu’elles l’incorporent.
Le problème essentiel – je le soutiens contre tous les
collapsologues néo-orweilliens – n’est donc pas celui des soi-disant
dictatures technologiques, psychologiques, biopolitiques ou
assimilées, dont il n’est que trop facile de diagnostiquer les excès
et les erreurs et qui, dans le cas des décisions actuelles des
gouvernement mondiaux, sont prévues par les constitutions. En somme,
il s’agit de décisions rationnelles, intrinsèques au politique.
La dérive apocalyptique est plutôt celle de l’incontrôlée
hypertrophie libertaire (ou devrais-je dire libérale). Une
perspective de mutation terrible émerge donc de la matrice
anti-autoritariste qui est typique de l’ère révolutionnaire, de ses
apparences toujours bonnes et persuasives, comme si elle était
exempte de tout péché. Bien plus que l’égalité et la fraternité qui
sont des principes régulateurs, la liberté semble être aujourd’hui
devenue une réalité salvifique à la portée de tout un chacun.
La prévision les plus conformes aux tendances actuelles des masses
d’individus voulant être « libérés » de la norme culturelle
reste celle qui voit les générations futures engagées dans la
manipulation volontaire de soi, de leur propre consistance
anthropologique, à des fins eudémonistes de bien-être : vivre chacun
une finitude sans douleurs, c’est-à-dire sans but ultime, sans passé
ni avenir. Tout cela en privé : mais œuvrant collectivement pour le
salut (sans finalité humaine) de la « Mère Terre » et non pas
de la « création », puisque cette dernière suppose un Dieu
créateur, qui est exclu de cette perspective.
Il pourrait certainement arriver que l’un ou l’autre milliardaire
visionnaire favorise de manière utopique cette métamorphose
universelle vers une humanité sans agressivité relationnelle ni but,
sans transcendance ni de soi-même, ni psychique, ni intellectuelle,
en pensant à la paix universelle et industrieuse de la fourmilière.
Il s’agit là d’un diagnostic ancien et d’une métaphore ancienne.
Mais le levier le plus insidieux et le plus efficace de cette
espérance déformée n’est pas, je le répète, la santé universelle qui
effraye tant certains esprits. La mutation se nourrit de la
combination du mythe du post-humain et de la dissolution des
différences, qu’il s’agisse des différences anthropologiques entre
homme et femme, entre père et enfants ou celle, fondamentale pour
l’homme, entre Dieu et l’homme. Ce que l’on obtiendra en définitive,
ce ne sera pas le fait d’être libres mais celui de devenir des êtres
humains fongibles, qui ne désirent et ne défendent plus rien en
particulier ; comme sous un « voile d’ignorance » mais sans
la vertueuse moralité du voile. Une égalité et la fraternité sans
liberté, puisque telle est justement l’aboutissement catastrophique
de la course libertaire.
Si c’est ce que l’on veut, il est bon d’en être conscient,
mais devant ses effets, la pandémie et les remèdes vaccinaux ne sont
qu’un simple accident de l’histoire. Si ce n’est pas ce que l’on
veut, que l’on sache alors que la version apocalyptique qui prévaut
en cette période pandémique, celle qui hurle à la liberté bafouée,
a pris le mauvais chemin de l’antipolitique. Ne pas le
comprendre serait suicidaire, comme nous le verrons dans la
période post-Covid. L’énième délire libertaire voit dans ce «
dictateur » mondial contingent, qui n’est en réalité qu’un
timide exercice de politique et d’État, un dominateur implacable,
alors qu’au même moment ses opposants se rassemblent en masse sur
les places, au mépris du danger, comme pour une fête, dans un jeu
qui distrait les « illuminés » de préoccupations plus sévères
et difficiles.
Le grand dominateur qu’il faut craindre est sournois, presque
invisible : il se confond avec le « je » libéré, c’est-à-dire
déculturé et prêt à être post-humanisé. Le dictateur est libertaire,
tantôt générateur, tantôt accélérateur du destin du Dernier Homme.
C’est un dictateur sympathique parce qu’il concède, et qu’il
légitime même, toutes les libertés privées. En lui, le politique est
absorbé, dissous. Chaque jour, dans cette modernité tardive dans
laquelle nous vivons, l’alliance des « libertés des modernes
» avec la démocratie apolitique favorise, avec notre concours, des
modèles de bonheur illusoires et de soin de soi auto-imposé. Et
c’est bien autre chose que les obligations vaccinales.
À présent, pour freiner l’animalisation eudémoniste effrénée du «
je » chez les « élites » des Occidents européens et
extra-européens, il faut une chrétienté, non pas une chrétienté en
l’air mais une chrétienté qui soit bien ancrée sur ce qui reste des
chrétientés historiques dans le monde. Il ne s’agit pas
d’apologétique, c’est une évidence. Seul le christianisme, la
conception chrétienne de l’homme, est en mesure de discerner ce
processus parce qu’il y voit, puisqu’il dispose des instruments
nécessaires, l’Antéchrist.
Théologie de l’homme et théologie de l’histoire. Alexandre Kojève,
l’un des auteurs qui sous-tendent cette réflexion, « voyait »
le Dernier Homme, lui qui était pourtant athée, à travers Hegel,
théologien. En effet, que peut encore être un tel « katéchon
» sans la chrétienté, sans ce véritable point de résistance
indépassable qu’est l’anthropologie chrétienne qui jusqu’à hier
était l’anthropologie commune qui faisait l’Occident et l’Europe ?
Mais il y a des conditions. Si cette chrétienté veut vraiment être «
katéchon », c’est-à-dire jouer un rôle protecteur et faire
office de frein, elle a besoin de la subsistance du politique, de
son pouvoir freinant. Une jeune génération de marxistes italiens
avait déjà compris, il y a presque un demi-siècle, que la force
freinante était le politique mais elle avait sous-estimé la
chrétienté. Sans elle, la politique est dévorée par les droits sans
droit, par la « liberté de faire ce qu’on veut », d’«
exousia » sans « nomos ». Et c’est de ce repas que naît,
ou qu’est déjà né, l’Homme de l’Anomie de la seconde épître aux
Thessaloniciens.
Sources : Sandro
Magister, vaticaniste à
L’Espresso
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E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 11.08.2021