Benoît XVI invoque le jugement de
Dieu sur ce monde. Par amour de la justice |
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Cité du Vatican, le 11 février 2008 -
(E.S.M.) - Cette année encore, Benoît XVI a rencontré les
prêtres et diacres de Rome à l’occasion du traditionnel rendez-vous de début
de Carême.
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Le pape Benoît XVI
Benoît XVI invoque le jugement de Dieu sur ce monde. Par amour de la justice
Au cours d'une séance de questions-réponses avec les prêtres de Rome, le
pape a rappelé une thèse capitale de son encyclique sur l'espérance. Aux
antipodes des utopies modernes. Il a ensuite remis en question les messes
célébrées devant des foules immenses
par Sandro Magister
Cette année encore, Benoît XVI a rencontré les
prêtres et diacres de Rome à l’occasion du traditionnel rendez-vous de début
de Carême.
Et cette fois encore, il a répondu à leurs questions en improvisant.
La rencontre a eu lieu à huis clos le jeudi 7 février au matin dans la Salle
des Bénédictions, située au-dessus de l’entrée de la basilique Saint-Pierre.
Les questions étaient au nombre de dix, sur autant de sujets.
Par exemple, un prêtre indien qui retournera bientôt au pays a demandé au
pape pourquoi et comment il évangélisera les hindouistes alors que "le
Concile Vatican II affirme qu’il existe aussi un germe de lumière dans les
autres croyances".
Un autre prêtre a demandé: "Comment former à la recherche et à la
contemplation de cette vraie beauté qui, comme l’écrivait Dostoïevski,
sauvera le monde?".
Un autre a dénoncé le silence qui pèse sur les vérités ultimes: jugement
dernier, enfer, paradis. Il a regretté que "dans les catéchismes de la
conférence des évêques d’Italie utilisés pour enseigner notre foi aux
jeunes, on ne parle jamais de l’enfer et du purgatoire, une fois seulement
du paradis, une fois seulement du péché et uniquement du péché originel". Il
s’est interrogé: "Sans ces parties essentielles du credo, n’avez-vous pas
l’impression que la rédemption du Christ s’effondre?".
Un autre encore, qui s’était rendu avec les jeunes de sa paroisse à
Lorrete pour la veillée et la messe avec Benoît XVI, a dit avoir relevé "une
certaine distance entre le pape et les jeunes" et un écart encore plus grand
entre la solennité de la messe et le sentiment de participation des
centaines de milliers de jeunes qui étaient présents à ce rassemblement. Il
a conclu par cette question: "Comment concilier le trésor de la liturgie
dans toute sa solennité avec le sentiment, la sensibilité et l’émotivité des
masses des jeunes appelés à y participer?".
Voici deux des dix réponses du pape.
L’une concerne les vérités oubliées du jugement dernier, de l’enfer, du
paradis.
L’autre concerne les problèmes posés par les messes célébrées devant des
foules nombreuses.
Comme il l’avait déjà fait en pareilles occasions, Benoît XVI a improvisé
ses réponses en laissant transparaître ses pensées et ses sentiments
personnels
Jugement dernier, enfer, paradis. Des vérités à retrouver
Q. – Sans ces parties essentielles du credo, n’avez-vous pas l’impression
que la rédemption du Christ s’effondre?
R. – Vous avez parlé, à juste titre, de sujets fondamentaux concernant la
foi, qui malheureusement n’apparaissent que rarement dans notre prédication.
Dans l’encyclique
"Spe Salvi" , j’ai justement voulu parler aussi du jugement
dernier, du jugement en général et, dans ce contexte, du purgatoire, de
l’enfer et du paradis. Je pense que nous sommes tous encore marqués par
l’objection des marxistes, selon lesquels les chrétiens ont seulement parlé
de l’au-delà et ont négligé la terre. C’est pourquoi nous cherchons à
démontrer que nous nous engageons réellement pour la terre et que nous ne
sommes pas des personnes qui parlent de réalités lointaines, qui n’aident
pas la terre.
Aujourd’hui, bien qu’il soit bon de montrer que les chrétiens travaillent
pour la terre – et nous sommes tous appelés à travailler pour que cette
terre soit réellement une cité pour Dieu et de Dieu – nous ne devons pas
oublier l’autre dimension. En la négligeant, nous ne travaillons pas bien
pour la terre.
Le faire comprendre a été l’un de mes objectifs fondamentaux en écrivant
cette encyclique. Quand on ne connaît pas le jugement de Dieu, quand on ne
connaît pas la possibilité de l’enfer, de l’échec radical et définitif de la
vie, on ne connaît pas la possibilité et la nécessité de la purification.
Alors l’homme ne travaille pas bien pour la terre car à la fin il oublie les
critères; parce qu’il ne connaît pas Dieu, il ne se connaît plus lui-même et
il détruit la terre. Toutes les grandes idéologies l’ont promis: nous
prendrons les choses en main, nous ne négligerons plus la terre, nous
créerons un monde nouveau, juste, honnête, fraternel. Au contraire, elles
ont détruit le monde. Nous le voyons avec le nazisme, nous le voyons aussi
avec le communisme: tous deux ont promis de construire le monde tel qu’il
aurait dû être et, au contraire, ils ont détruit le monde.
Lorsque les évêques des pays ex-communistes viennent en visite "ad limina",
je vois toujours à quel point, dans ces régions, la planète, l’écologie mais
surtout – ce qui est plus grave – les âmes sont encore détruites. Retrouver
la conscience vraiment humaine, illuminée par la présence de Dieu, voilà
quel est le premier travail de reconstruction de la terre. Voilà
l’expérience commune à ces pays. La reconstruction de la terre, dans le
respect du cri de souffrance de cette planète, ne peut se réaliser qu’en
retrouvant Dieu dans l’âme, avec les yeux ouverts vers Dieu.
C’est pourquoi vous avez raison: nous devons parler de tout cela justement
parce que nous sommes responsables de la terre et des hommes d’aujourd’hui.
Nous devons parler aussi et justement du péché comme risque de se détruire
et par conséquent de détruire d’autres parties de la terre.
Dans mon encyclique, j’ai cherché à démontrer que c’est justement le
jugement dernier de Dieu qui garantit la justice. Nous voulons tous un monde
juste. Mais nous ne pouvons pas réparer toutes les destructions du passé,
toutes les personnes injustement persécutées et tuées. Seul Dieu lui-même
peut créer la justice, qui doit être une justice pour tous, y compris pour
les morts. En outre, comme le disait Adorno, un grand marxiste, seule la
résurrection de la chair, qu’il considérait irréelle, pourrait créer la
justice. Nous croyons en cette résurrection de la chair, où tous ne seront
pas égaux.
Aujourd’hui, on a pour l’habitude de penser: qu’est-ce que le péché ? Dieu
est grand, il nous connaît, donc le péché ne compte pas, à la fin Dieu sera
bon avec tous. C’est une belle espérance. Mais il y a la justice et il y a
la vraie faute. Ceux qui ont détruit l’homme et la terre ne peuvent pas
s’asseoir immédiatement à la table de Dieu à côté de leurs victimes.
Dieu crée la justice. Nous devons en tenir compte. C’est pourquoi il m’a
semblé important de parler également, dans mon encyclique, du purgatoire.
C’est pour moi une vérité tellement claire et évidente mais aussi tellement
nécessaire et consolante, qu’elle ne peut pas ne pas exister.
J’ai essayé d’affirmer: peut-être qu’ils ne sont pas si nombreux, ceux qui
se sont détruits de la sorte, qui sont définitivement incurables, qui n’ont
plus aucun élément sur lequel l’amour de Dieu puisse se poser, qui n’ont
plus en eux la moindre capacité à aimer. Ce serait l’enfer.
D’autre part, ceux qui sont purs au point de pouvoir entrer immédiatement
dans la communion de Dieu sont certainement peu nombreux – ou tout du moins
pas trop nombreux.
Nous sommes très nombreux à espérer qu’il existe quelque chose de
guérissable en nous, qu’il y ait une volonté finale de servir Dieu et les
hommes, de vivre selon Dieu. Mais il y a tant et tant de blessures,
tellement de saleté. Nous avons besoin d’être préparés, d’être purifiés.
Voici notre espérance: même avec une âme si sale, à la fin le Seigneur nous
donne la possibilité, il nous lave enfin par sa bonté qui vient de sa croix.
Il nous rend ainsi capables d’exister dans l’éternité pour Lui.
C’est pour cela que le paradis est l’espérance, la justice enfin rendue. Il
nous donne aussi les critères pour vivre, pour que ce temps soit en quelque
sorte un paradis, qu’il soit une première lumière du paradis. Là où les
hommes vivent selon ces critères, c’est un peu de paradis qui apparaît au
monde, et cela est visible.
Je crois qu’il est aussi une démonstration de la vérité de la foi, de la
nécessité de suivre la voie des commandements, dont nous devons parler
davantage. Ce sont des indicateurs réels de la route, qui nous montrent
comment bien vivre, comment choisir la vie. C’est pourquoi nous devons aussi
parler du péché et du sacrement du pardon et de la réconciliation. Un homme
sincère sait qu’il est coupable, qu’il devrait recommencer, qu’il devrait
être purifié. C’est cela, la merveilleuse réalité que nous offre le
Seigneur: il y a une possibilité de renouvellement, d’être nouveaux. Le
Seigneur recommence avec nous et nous pouvons ainsi recommencer avec les
autres au cours de notre vie.
Cet aspect du renouvellement, de la restitution de notre être après tant
d’erreurs, tant de péchés, est la grande promesse, le grand don qu’offre
l’Eglise. Un don que ne peut offrir, par exemple, la psychothérapie.
Celle-ci est aujourd’hui tellement développée mais aussi tellement
nécessaire face à tant de psychés détruites ou gravement blessées. Mais les
possibilités de la psychothérapie sont très limitées: elle peut seulement
chercher à rééquilibrer un peu une âme déséquilibrée. Mais elle ne peut pas
donner un vrai renouvellement, un dépassement de ces graves maladies de
l’âme. C’est pour cela qu’elle reste toujours provisoire et jamais
définitive.
Le sacrement de pénitence nous donne l’occasion de nous renouveler
totalement par la puissance de Dieu – "ego te absolvo" – ce qui est possible
parce que le Christ a pris sur lui ces péchés, ces fautes. Je pense que ce
sacrement est aujourd’hui particulièrement nécessaire. Nous pouvons être
guéris. Les âmes blessées et malades – c’est notre cas à tous – ont besoin
non seulement de conseils mais surtout d’un vrai renouvellement, qui ne peut
venir que du pouvoir de Dieu, du pouvoir de l’Amour crucifié. Voilà ce que
je pense être le grand nœud des mystères qui, au bout du compte,
influencent réellement notre vie. Chacun de nous doit méditer à nouveau ces
mystères et les porter à nouveau à nos fidèles.
Les messe célébrées devant des foules nombreuses. Le pour et le contre
D. – Comment concilier le trésor de la liturgie dans toute sa solennité avec
le sentiment, la sensibilité et l’émotivité des masses de jeunes qui sont
appelés///invités à y participer?
R. – Les liturgies auxquelles participent des foules nombreuses constituent
un vrai problème. Je me souviens qu’en 1960, lors du grand congrès
eucharistique international de Munich, l’on cherchait à donner une nouvelle
physionomie aux congrès eucharistiques, qui n’avaient été jusqu’alors que
des actes d’adoration. On voulait donner la place centrale à la célébration
de l’Eucharistie comme manifestation de la présence du mystère célébré.
Mais l’on s’est immédiatement demandé comment cela pouvait être possible.
Pour ce qui est d’adorer, disait-on, on peut aussi le faire à distance. Pour
célébrer, en revanche, il faut une communauté limitée qui puisse interagir
avec le mystère, donc une communauté qui doit constituer une assemblée
autour de la célébration du mystère.
Il y avait beaucoup d’opposants à la célébration de l’Eucharistie à ciel
ouvert devant 100 000 personnes. Ils affirmaient que c’était impossible, en
raison justement de la structure même de l’Eucharistie, qui exige la
communauté pour la communion. Il y avait même de grandes personnalités, très
respectables, qui étaient contre cette solution.
C’est alors que le professeur Jungmann, un grand liturgiste et l’un des
grands architectes de la réforme liturgique, a créé le concept de "statio
orbis". Pour cela, il s’est appuyé sur la "statio Romae", où, pendant le
temps du Carême justement, les fidèles se retrouvent en un point – la "statio"
– tels des soldats du Christ, puis se rendent ensemble à l’Eucharistie. Si
cela, a-t-il affirmé, était la "statio" de la ville de Rome, le lieu où la
ville de Rome se réunit, alors c’est la "statio orbis", le lieu de
rassemblement du monde.
C’est depuis ce moment-là que nous avons des célébrations eucharistiques
auxquelles participent des foules nombreuses. Pour ma part, je dois dire
qu’il reste un problème, car la communion concrète dans la célébration est
fondamentale; je ne pense donc pas que la réponse définitive ait réellement
été trouvée. J’ai même soulevé cette question à l’occasion du dernier
synode, qui n’a cependant pas trouvé de réponse.
J’ai posé une autre question, à propos de la concélébration de masse. En
effet, si, par exemple, mille prêtres concélèbrent, on ne sait pas s’il y a
encore la structure voulue par le Seigneur. Ce sont des interrogations.
C’est ainsi qu’à Lorette, vous avez été confronté au problème de la
participation à une célébration de masse au cours de laquelle il est
impossible que tous soient concernés de la même manière. On doit donc
choisir un certain style pour conserver cette dignité qui est toujours
nécessaire pour l’Eucharistie. La communauté n’est pas homogène et chacun
vit sa participation à cet événement de manière différente. Pour certains,
elle sera sûrement insuffisante. A Lorette, cela ne dépendait pas de moi
mais des personnes qui se sont occupées de la préparation.
Il faut donc réfléchir de manière approfondie à ce qu’il faut faire dans ces
situations […]. Reste le problème fondamental, mais je pense que, sachant ce
qu’est l’Eucharistie, même si l’on ne peut pas participer à une activité
extérieure comme on le souhaiterait pour se sentir impliqué, on y entre avec
le cœur, comme le dit l’ancien commandement de l’Eglise, peut-être créé
justement pour ceux qui se trouvaient au fond de la basilique: "Elevons
notre cœur! Maintenant sortons tous de nous-mêmes, pour être tous avec le
Seigneur et être ensemble". Je ne nie pas le problème, mais si nous suivons
réellement cet ordre "Elevons notre cœur" nous trouverons tous la vraie
participation active, même dans des situations difficiles et parfois
discutables.
1e réponse
►
Le ministère des diacres permanents
2e réponse ►
Les jeunes et le choix
de la vie
3e réponse ►
Nécessité de suivre le chemin des commandements
4e réponse
►
traduction en cours
5e réponse
►
Le dialogue et la mission
6e réponse
►
traduction en cours
7e réponse
►
La conversion, la nouveauté de l'expérience chrétienne
8e réponse
►
traduction en cours
9e réponse
►
Une
éducation sans Dieu n'est pas une éducation
10e réponse
►
traduction en cours
Synthèse 1e partie
►
Benoît XVI s'exprime devant le Clergé du
diocèse de Rome
Synthèse 2e partie
►
Benoît XVI nous parle d'obéissance et charité
Synthèse de Sandro Magister ►
Benoît XVI invoque le jugement de Dieu sur ce
monde. Par amour de la justice
Texte original du
discours du Saint Père
Benoît XVI ►
Italien
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Liens en rapport avec la réponse du pape :
1) "L'enfer existe
éternellement pour tous ceux qui ferment leur cœur à l'amour du Père",
évocation du pape Benoît XVI. Le pape rappela que malheureusement, "dès ses
origines l'humanité, séduite par les mensonges du Malin, s'est fermée à
l'amour de Dieu, dans l'illusion d'une autosuffisance impossible
(cfr Gn 3.1-7)" :
Benoît XVI
2) TOUT LE MONDE SERA-T-IL SAUVE ?
Extraits du livre de Jean-Paul II : « Entrez dans l’Espérance
» : Pour lire toute la
réponse : ► (L'actualité
vivante de l'Église catholique - Jean-Paul II).
3)
Benoît XVI rétablit la vérité sur le purgatoire
Sources:
La chiesa.it
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 11.02.2008 - BENOÎT XVI |