Le pape Paul VI et l'authentique
esprit de la réforme liturgique |
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Le 10 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- Dans cette page qui a trente cinq ans, on peut découvrir l’éclairage
précis et rayonnant que le pape Paul VI a projeté sur les événements que
l’actualité l’invitait ou l’obligeait à partager. Elle constitue un
témoignage de sa sollicitude pastorale, à l’égard de toute l’Église, et
de la fermeté, en même temps que de la bienveillance charitable, avec
lesquelles il a poursuivi inlassablement sa mission de confirmer ses
frères dans la Foi.
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Le pape
Paul VI -
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Renouvellement de la prière dans l'authentique esprit de la réforme
liturgique
"Dieu ! Je n’y pense jamais !"
(Françoise Sagan)
Le 10 décembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Quand nous nous proposons de promouvoir un renouvellement
religieux, c’est à une reprise de la prière,
qu’elle soit individuelle ou collective, que nous pensons par la force
des choses. Ce n’est pas en vain que la
Constitution sur la Liturgie, c’est-à-dire sur la prière officielle
de l’Église, occupe une place si importante parmi les documents du
récent Concile. L’oraison — ou prière — est l’acte caractéristique de la
religion (cf. St. TH., II-II, 83, 3)
; c’est pourquoi, si nous voulons imprimer à la vie religieuse une
conscience et une expression correspondant aux besoins et aux activités
des hommes de notre époque, il faut que nous les
invitions et que nous leur apprenions à prier. Quel inépuisable
motif! Nous le savons; mais qu’il nous soit permis de limiter notre
discours aux observations les plus élémentaires.
Et nous commencerons par une demande : l’homme
d’aujourd’hui prie-t-il ?
Là où vit l’Église, oui ! La prière
est le souffle du Corps mystique, elle est sa conversation avec Dieu,
l’expression de son amour; elle est la démarche pour arriver au Père, la
reconnaissance de sa Providence dans la dynamique des événements du
monde ; elle est un appel à l’aide pour qu’il soutienne nos forces
défaillantes ; elle est la confession de sa nécessité et de sa gloire ;
elle est la joie du Peuple de Dieu de pouvoir chanter ses louanges à
Dieu et à tout ce qui nous vient de Lui ; la prière est l’école de la
vie chrétienne. En somme, la prière est une fleur qui s’épanouit sur une
plante à la double racine vive et profonde : le sens religieux
(la racine naturelle) et la
grâce de l’Esprit
(la racine surnaturelle) que la
prière anime en nous
(cf. Rm 8, 26). On peut même
dire que la prière est l’expression majeure de l’Église, mais qu’elle en
est également l’aliment, le principe ; elle est le moment classique où
la vie divine commence à circuler dans l’Église ; aussi devons-nous en
avoir le plus grand soin, la tenir en la plus haute estime, en ayant
toutefois conscience, comme le dit le Concile, que « la liturgie ne
remplit pas toute l’activité de l’Église ;
(qu’il) est en effet
nécessaire... que d’abord les hommes soient appelés à la foi et à la
conversion »
(Sacrosanctum
Concilium, 9).
Et voici alors un autre obstacle colossal auquel se heurte le
renouvellement religieux souhaité par le Concile Vatican II : comment
réussir aujourd’hui à faire prier les hommes ?
Car il faut reconnaître que l’irréligiosité de
tant de gens de notre époque rend bien difficile le jaillissement
de la prière facile, spontanée, joyeuse de l’âme de nos contemporains.
Pour simplifier, nous relèverons deux ordres d’objections : celui qui
conteste radicalement la raison d’être d’une prière, comme si elle était
privée de l’Interlocuteur divin à qui elle est adressée et, par
conséquent, superflue, inutile et même nuisible à la capacité humaine de
se suffire à soi-même et donc à la personnalité de l’homme moderne ;
l’autre est celui qui néglige pratiquement de se mesurer avec cette
expérience, qui tient fermés les lèvres et le cœur,
comme quelqu’un qui a peur de se prononcer en une langue étrangère
inconnue et s’est habitué à concevoir la vie sans aucun rapport avec
Dieu
(« style Françoise Sagan, qui disait un jour à un reporter
: ‘Dieu ! Je n’y pense jamais !’ » :
Ch. moeller, L’homme moderne devant le salut, p. 18).
Obstacle colossal, disions-nous ; mais nullement insurmontable. Pour une
raison extrêmement simple : parce que, qu’on le veuille ou non, le
besoin de Dieu est inhérent au cœur de l’homme. Et il arrive souvent que
celui-ci souffre, ou se confond en un scepticisme illogique, parce qu’il
a étouffé en lui la voix qui, animée par mille stimulants, voudrait
s’élever jusqu’au ciel, s’exprimer, non pas comme dans un cosmos vide et
terriblement mystérieux, mais devant l’Être primordial, absolu,
créateur, le Dieu vivant
(cf. R. guardini, Dieu vivant ; P. C. landucci, Il Dio
in cui crediamo, « le Dieu en qui nous croyons »).
En effet, tout au moins en ce qui a valeur de phénomènes psycho-sociaux,
on relève dans la génération des jeunes d’aujourd’hui d’étranges
expressions de mysticisme collectif, qui ne sont pas toujours
d’artificielles mystifications et semblent bien au contraire être soif
de Dieu, ignorant peut-être encore la vraie source à laquelle se
désaltérer, mais sincère en se montrant silencieusement telle qu’elle
est : soif, très grande soif.
Quoi qu’il en soit, au problème de la prière, soit personnelle
(et par conséquent en harmonie avec les exigences de l’époque et du
milieu), soit communautaire
(et par conséquent proportionnée à la vie collective),
nous accorderons une attention toute particulière en vue de la
renaissance spirituelle que nous espérons et que nous préparons.
Nous pouvons constituer empiriquement une sorte de décalogue avec toutes
les suggestions qui nous viennent de tant de valables ouvriers du
royaume de Dieu. Le voici, à titre de simple, mais probablement pas
inutile, information :
1. Il importe d’appliquer de façon fidèle,
intelligente et diligente, la réforme liturgique demandée par le Concile
et définie par les autorités compétentes de l’Église. Quiconque y
fait obstacle ou la freine sans la juger, perd le moment providentiel
d’une véritable reviviscence et d’une heureuse diffusion de la religion
catholique à notre époque. Et celui qui profite
de la réforme pour se livrer à d’arbitraires expériences, dilapide des
énergies et offense le sens ecclésial.
L’heure est venue d’une observance géniale et concordante de cette
solennelle lex orandi dans l’Église de Dieu : la réforme
liturgique.
2. Sera toujours opportune une catéchèse philosophique, scripturaire,
théologique, pastorale, au sujet du culte divin tel que l’Église, le
professe aujourd’hui : la prière n’est pas un sentiment aveugle, elle
est une projection de l’âme illuminée par la vérité et mue par l’amour
(cf. St TH., II-II, 83, 1 ad 2).
3. Des voix autorisées nous conseillent d’être
très prudents dans le processus de réforme des traditionnelles coutumes
religieuses populaires, et de veiller à ne pas étouffer le sentiment
religieux de l’acte en le revêtant d’expressions spirituelles neuves et
plus authentiques : le goût du vrai, du beau, du simple, du
communautaire et également du traditionnel (là
où il est digne d’être honoré)
doit présider aux manifestations extérieures du culte,
s’efforçant de leur conserver l’affection du peuple.
4. La famille doit être une grande école de
piété, de spiritualité, de fidélité religieuse. L’Église a une grande
confiance dans la délicate, compétente, irremplaçable action
pédagogico-religieuse des Parents !
5. L’observance du précepte dominical
conserve plus que jamais sa gravité et son importance fondamentale.
L’Église a concédé de grandes facilités pour la rendre possible.
Quiconque a conscience du contenu et du caractère fonctionnel de ce
précepte devrait le considérer non seulement comme un devoir capital
mais tout autant comme un droit, comme un besoin, un honneur, une
fortune, à l’accomplissement duquel un chrétien vif et intelligent ne
peut renoncer sans raison grave.
6. La communauté constituée atteste la prérogative de pouvoir compter
sur la participation de tous ses fidèles ;
et si une certaine autonomie dans la pratique religieuse en groupes
distincts, homogènes est concédée à certains d’entre eux, ceux-ci ne
sauraient toutefois manquer de compréhension à l’égard du génie
ecclésial qui est le fait d’être un seul peuple, avec un seul cœur et
une seule âme, de constituer, également au point de vue social, une
unité, et donc d’être Église.
7. Le déroulement des célébrations du culte divin
- de la Sainte Messe spécialement - est toujours un acte sérieux. Aussi
doit-on les préparer et les accomplir avec le plus grand soin, sous tout
aspect, même extérieur (gravité, dignité,
horaire, durée, déroulement, etc. ; que la parole y soit toujours simple
et sacrée). En ce domaine, les ministres du
culte ont une grande responsabilité, dans l’exécution et dans la
perfection exemplaire.
8. L’assistance des fidèles doit également
collaborer au digne accomplissement du culte sacré ; ponctualité, tenue
correcte, silence, et surtout participation ; c’est là le point capital
de la réforme liturgique ; tout a été dit, mais que ne reste-t-il pas à
faire encore !
9. Que la prière ait ses deux moments de plénitude : personnelle et
collective, comme le prescrivent les normes liturgiques.
10. Le chant ! Quel problème ! Courage ! Il n’est pas insoluble. Il se
prépare une nouvelle époque pour la Musique Sacrée.
De toutes parts on insiste pour que soit maintenu dans tous les Pays
le chant latin et grégorien du Gloria, du Credo,
du Sanctus, de l’Agnus Dei : Dieu veuille qu’il en soit ainsi. On
pourra réexaminer comment. Que de choses ! Mais comme elles sont belles,
comme elles sont simples, au fond ! Et si elles sont observées, quelle
ne sera pas la puissance du nouvel afflux spirituel dans la communauté
de nos fidèles pour apporter à l’Église et au monde le renouvellement
religieux si ardemment désiré.
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Sources : www.vatican.va
(Archives)
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10.12.2008 -
T/Spiritualité
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