Benoît XVI: L'Eglise
ne doit pas rester à l’écart dans la lutte pour la
justice
ROME, le 10 Mai 2007 -
(E.S.M.) - “Ne vous faites pas
d’illusion : les jeunes africains continueront à émigrer en Europe au
risque de leur vie pour chercher un monde meilleur” dit l’archevêque
d’Abuja, Mgr John Olorunfemi Onaiyekan.
Mgr John Olorunfemi Onaiyekan
Benoît XVI: L'Eglise ne doit pas rester à l’écart dans la lutte pour la
justice
“Il n’est plus possible qu’un petit groupe de pays
jouisse de ses richesses dans la solitude en pensant que les pauvres ne
ruineront pas la fête”. C’est l’avertissement lancé par Mgr John
Olorunfemi Onaiyekan, archevêque d’Abuja et ex-président de la Conférence
épiscopale du Nigeria, qui fait partie de la délégation des cardinaux et des
évêques constituée en vue de la réunion du G8 (les pays les plus
industrialisés) qui a lieu chaque année en Allemagne. Mgr Onaiyekan se
trouvait à Rome avec une partie de la délégation engagée dans une série de
rencontres dans le cadre de la campagne “Avant que
ce soit trop tard” organisée par Volontaires dans le monde -
FOCSIV Fédération des organismes chrétiens de service international de
volontariat, par Caritas Italie, et par 16 organisations catholiques
italiennes.
Du 28 avril au 5 mai la Délégation, composée de 11 cardinaux et évêques,
provenant d’Afrique, d’Amérique Latine, des États-unis d’Amérique et de
quelques pays européens, effectue une série de rencontres avec les autorités
politiques et ecclésiales du Royaume-Uni, de l’Allemagne et enfin de
l’Italie pour faire pression sur les 8 chefs d’état et de gouvernement
afin qu’ils respectent les promesses faites pour la
lutte contre la pauvreté. L’initiative est organisée par la CIDSE
(le réseau des agences de développement catholiques d’Europe) et par la
Caritas Internationalis dans le cadre de la campagne "Make aid work",
destinée à présenter les besoins des nations les plus pauvres de la terre
aux puissances mondiales réunies dans le G8.
Mgr Onaiyekan a mis en relief les paradoxes de la mondialisation avec un
simple exemple : “Les jeunes africains, qui s’habillent comme les jeunes de
leur âge de Rome et de New York, partent d’Afrique pleins d’espérance et
sont prêts à risquer leur vie et à surmonter chaque mur pour atteindre les
richesses européennes”. Les attentes créées par un modèle économique
présenté comme l’unique possible, diffusé par le système mondialisé des
médias, incitent ainsi les masses croissantes de personnes à poursuivre - de
façon souvent illusoire - une vie meilleure. D’où le flux croissant
d’immigrés clandestins qui se dirigent des côtes africaines vers l’Europe.
Mais comme le rappelle l’archevêque nigérien, ce sont justement aux pays les
plus riches de revoir leur politique vers l’Afrique. “Au sommet de
Gleneagles, en Grande Bretagne, de 2005, les puissants du monde s’étaient
engagés à augmenter les aides internationales pour les pays en voie de
développement de 50 milliards de dollars par an, pour arriver à investir au
moins 0,7% du Produit Intérieur Brut d’ici 2015. Un engagement jusqu’à
maintenant inattendu” a souligné Mgr Onaiyekan.
L’archevêque d’Abuja a cependant ajouté que les gouvernements africains ont
aussi leur part de responsabilité. Le Nigeria en effet, a souligné Mgr
Onaiyekan, gagne chaque jour des millions de dollars par la vente de
pétrole, mais le peuple nigérien vit encore dans l’indigence à cause de la
corruption de ses dirigeants.
Le pape Benoît XVI, qui a rencontré la délégation de cardinaux et d’évêques,
avait envoyé une lettre au Chancelier de la République Fédérale d’Allemagne,
Angela Merkel, dans laquelle il soulignait “le
devoir moral grave et inconditionnel, fondé sur l’appartenance commune à la
famille humaine ainsi que sur la dignité commune et sur le destin commun des
pays pauvres et des pays riches, qui par l’intermédiaire du processus de
mondialisation, se développent de façon toujours plus étroitement
interconnecté”.
Réflexions:
La forte participation des représentants du Vatican dans les grandes
conférences internationales le montre bien. L’action institutionnelle est
partie prenante d’une doctrine sociale portée par la charité, c’est-à-dire
par la fidélité à l’amour de Dieu pour l’humanité, pour une humanité
réconciliée.
Dans son encyclique
Populorum Progressio, Paul VI présentait comme un
« devoir de charité universelle, la promotion d’un monde plus humain pour
tous, où tous auront à donner et à recevoir, sans que le progrès des uns
soit un obstacle au développement des autres. » Plus récemment, Benoît XVI a
rappelé dans l’encyclique
Deus Caritas est
(Dieu est Amour) le cadre en même temps que l’enjeu de la dimension
politique de la charité chrétienne dans sa perspective sociale : « L’Église
ne peut ni ne doit prendre en main la bataille politique pour édifier une
société la plus juste possible. Elle ne peut ni ne doit se mettre à la place
de l’État. Mais elle ne peut ni ne doit non plus
rester à l’écart dans la lutte pour la justice… »
L’encyclique de Benoît XVI s’ouvre sur une citation de la première épître de
saint Jean : « Dieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en
Dieu, et Dieu en lui ». Elle rappelle par ailleurs qu’ « à l’origine du fait
chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la
rencontre avec un événement, avec une Personne ». Et plus loin, rapprochant
le Bon Samaritain et le Jugement dernier elle vient illustrer l’essentiel de
l’acte de Charité, la rencontre avec le pauvre,
incarnation de Dieu. Les communautés chrétiennes doivent agir
dans un esprit d’intégration des plus pauvres et promouvoir une culture de
la charité, de la justice et de la solidarité. La relation inter personnelle
est au cœur de ce challenge. L’amour du prochain
est une exigence fondamentale du Nouveau Testament.
“Aujourd’hui, les invincibles
sont les migrants car personne ne peut arrêter ceux qui voyagent à pied.
Comme Quichotte qui encaisse des coups mais se relève et repart. Les
migrants partent sur n’importe quelle embarcation, de n’importe quelle
rive. Contrairement aux 30 millions d’émigrés italiens qui avaient au
moins un lieu où débarquer, un point d’arrivée, eux ils entreprennent un
voyage d’aller simple. Sans billet de retour”.
(L’écrivain
Erri De Luca en marge d’une rencontre tenue à Milan pour la “Chaire du
dialogue”)
Lettre du pape Benoît XVI envoyée à la
Chancelière de la République fédérale d’Allemagne, Angela Merkel:
º
L'Afrique au coeur des préoccupations de
Benoît XVI
Le pape Benoît XVI présente l'Afrique comme une
priorité pour la politique internationale:
º
Benoît XVI
L'Eglise en Afrique - Actualité
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.05.2007 - BENOÎT XVI -
Afrique