Le pape Benoît XVI évoque l'unicité et la
singularité indescriptibles de Dieu |
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Le 10 mars 2008 -
(E.S.M.)
- Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire
- « que moi, JE SUIS » ? L'exégèse s'est naturellement mise à rechercher
les origines de cette expression, afin de pouvoir la comprendre, et
Benoît XVI observe que nous sommes obligés de faire de même dans notre
quête de sens.
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Le
monastère de Ste Catherine, avec le buisson ardent -
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C'est ici
Benoît XVI évoque l'unicité et la singularité indescriptibles de Dieu
Chapitre 10, les affirmations de
Jésus sur Lui-même (pages 347 à 383)
1) Les titres attribués à
Jésus
►
Benoît XVI -
2) Le Fils de l'homme
(1er partie)
►
Benoît XVI
3)
Il n'y a qu'un
seul Fils de l'homme et c'est Jésus
►
Benoît XVI
4) Le troisième groupe
de paroles sur le Fils de l'homme ►
Benoît XVI
5)
Il
ne faut pas confondre le titre de « Fils de Dieu » et celui de « Fils »
►
Foi et pouvoir politique
6)
Jésus est l'Unique :
Notre volonté doit devenir volonté du Fils
7)
«Je suis »
:
III.
«Je suis »
Dans les paroles de Jésus transmises par les Évangiles, il y a -
majoritairement chez Jean, mais aussi chez les synoptiques, même s'il s'agit
de formulations moins précises et moins nombreuses - le groupe des
expressions « Je suis », et sous deux formes. Dans un cas,
précise Benoît XVI, Jésus dit
simplement,
sans aucun ajout : « Moi, Je Suis », ou «
que Je Suis ». Dans le second
groupe, le contenu du « Je suis » est précisé sous forme d'images : Je suis
la lumière du monde, la vraie vigne, le bon pasteur, etc. Si ce second
groupe ne pose de prime abord aucun problème de compréhension, le premier
groupe apparaît d'autant plus énigmatique.
Je me contenterai de traiter trois passages de ce groupe tirés de Jean, dans
lesquels la formule apparaît sous sa forme tout à fait simple et rigoureuse,
pour passer ensuite à une expression des synoptiques qui a un parallèle
évident chez Jean.
Les deux passages les plus importants à cet égard se trouvent dans la
discussion de Jésus à la suite des paroles qu'il prononce à la fête des
Tentes, où il s'est présenté lui-même comme une source d'eau vive
(cf. Jn 7, 37-39). Ceci provoque des dissensions au sein de la foule, certains se
demandant s'il n'était pas finalement le prophète tant attendu, d'autres
objectant qu'aucun prophète ne pouvait venir de Galilée (cf. Jn 7, 40.52).
Sur quoi Jésus leur dit : « Vous, vous ne savez ni d'où je viens, ni où je
m'en vais... Vous ne connaissez ni moi ni mon Père » (Jn 8, 14. 19). Il
précise encore en ajoutant : « Vous, vous êtes d'en bas ; moi, je suis d'en
haut. Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde »
(Jn 8, 23).
Puis vient la phrase décisive : « Si vous ne croyez pas que moi, JE SUIS,
vous mourrez dans vos péchés » (Jn 8, 24).
Que veut dire cela ? Nous aimerions demander : mais qu'est-ce que tu es ?
Qui es-tu ? Et en effet, voici la question des Juifs : « Qui es-tu ? »
(8,
25). Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire - «
que moi, JE SUIS » ?
L'exégèse s'est naturellement mise à rechercher les origines de cette
expression, afin de pouvoir la comprendre, et Benoît XVI observe que nous sommes
obligés de faire de même dans notre quête de sens. Plusieurs sources ont été
évoquées : les discours de révélation typiques de l'Orient (E. Norden), les
écrits des mandéens (E. Schweizer), mais tous sont beaucoup plus récents que
les livres du Nouveau Testament.
Entre-temps, l'idée s'est largement imposée que nous ne devrions pas
chercher le terreau spirituel de ce langage ailleurs que dans le monde
familier de Jésus : l'Ancien Testament et le judaïsme dans lequel il vivait.
Nous n'avons pas besoin de recourir au vaste arrière-plan des textes de
l'Ancien Testament, que les chercheurs ont reconstitué dans l'intervalle. Je
me contenterai de citer les deux textes essentiels, ceux qui importent avant
tout.
Commençons par Exode 3, 14, l'épisode du Buisson ardent, d'où Dieu appelle
Moïse, qui demande à son tour à ce Dieu qui l'appelle : comment
t'appelles-tu ? En fait de réponse, c'est le nom énigmatique de « YHWH
» qui
est livré à Moïse, un nom dont la signification est interprétée par Dieu
lui-même avec cette phrase non moins énigmatique : « Je suis celui qui suis.
» Laissons de côté les nombreuses et diverses interprétations dont cette
phrase a fait l'objet. Il n'en demeure pas moins que ce Dieu se désigne
lui-même simplement comme « Je suis ». Il est purement et simplement. Et
cela signifie bien entendu aussi qu'il est toujours présent pour les hommes,
hier, aujourd'hui, demain.
À l'heure solennelle de l'espérance d'un nouvel exode à la fin de l'exil
babylonien, le Deutéro-Isaïe a repris et développé le message du Buisson
ardent. « C'est vous qui êtes mes témoins, oracle de Yahvé, vous êtes le
serviteur que je me suis choisi, afin que vous le sachiez, que vous croyiez
en moi et que vous compreniez que c'est moi : avant moi aucun Dieu n'a été
formé et après moi il n'y en aura pas.
Moi, c'est moi Yahvé, et en dehors de moi il n'y a pas de sauveur»
(Is 43,
10-12). «Afin que vous le sachiez, que vous croyiez en moi et que vous
compreniez que c'est moi » l'antique formulation « "ani" Yahvé» est
maintenant raccourcie en « "ani" hu » - moi lui, Je suis. Le « Je suis » est
devenu plus ferme, et bien que le mystère demeure, plus clair.
A l'époque où Israël n'avait plus ni terre ni Temple, Dieu, selon la
conception traditionnelle, s'était retiré de la concurrence entre les
divinités, car un dieu qui n'avait pas de terre, et qui ne pouvait donc pas
être honoré, évoque Benoît XVI, ne pouvait être un dieu. À cette époque, Israël avait appris à
comprendre pleinement la différence et la nouveauté de son Dieu :
précisément qu'il n'était pas seulement « son » Dieu, le Dieu d'un peuple et
d'un pays, mais le Dieu par excellence, le Dieu de l'univers, à qui
appartiennent tous les pays, le ciel et la terre, le Dieu qui dispose de
tous, le Dieu qui n'a pas besoin qu'on l'honore en lui sacrifiant des boucs
et des taureaux, mais simplement en agissant comme il convient.
Encore une fois : Israël avait compris que son Dieu était « Dieu »
par
excellence. C'est ainsi que le « JE SUIS » du Buisson ardent avait trouvé
une signification nouvelle : ce Dieu est, tout simplement.
Étant celui qui est il se présente justement dans son unicité dans la formule « Je suis ».
C'est certainement, relève Benoît XVI, une façon de se démarquer des nombreuses divinités qui
existaient à l'époque, mais c'est surtout, de façon tout à fait positive, la
manifestation de son unicité et de sa singularité indescriptibles.
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"Jésus de Nazareth"
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.03.2008 -
T/J.N. |