Jésus, exprime Benoît XVI, est la Révélation de
Dieu en personne |
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Rome, le 09 juillet 2007 -
(E.S.M.) - Nous revenons à la lecture du livre
de Benoît XVI et commençons la deuxième partie du chapitre 9, qui relate
"les deux événements marquants de l'itinéraire de Jésus". La première
partie à été consacrée aux professions de foi des disciples dans cette
deuxième partie le pape aborde l'extraordinaire récit de la
Transfiguration.
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La
Transfiguration de Jésus
(Lorenzo Lotto 1510)
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C'est ici
Jésus, exprime Benoît XVI, est la Révélation de
Dieu en personne
La Transfiguration de Jésus a un rapport avec la
fête des Tentes. (p. 333 à
338)
La confession de foi de Pierre et le récit de la Transfiguration de Jésus
sont reliés par une indication temporelle dans les trois synoptiques.
Matthieu et Marc disent : « Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre,
Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l'écart » (Mc 9, 2 ; Mt 17, 1).
Luc écrit : « Et voici qu'environ huit jours après avoir prononcé ces
paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques »
(Lc 9, 28). Cela
signifie d'abord, exprime Benoît XVI, qu'il y a un lien entre les deux événements, dans lesquels
Pierre joue un rôle essentiel. Nous pourrions dire dans un premier temps
qu'il s'agit, les deux fois, de la divinité de Jésus, le Fils, mais que, les
deux fois, la manifestation de sa gloire est également liée au thème de la
Passion. La divinité de Jésus et la croix sont indissociables, et seule
cette relation permet de bien comprendre Jésus. Jean a su exprimer cette
intrication entre la croix et la gloire, quand il dit que la croix est «
l'exaltation » de Jésus et que son « exaltation » ne peut s'accomplir
autrement que par la croix. Mais il est temps d'examiner d'un peu plus près
cette datation étrange. Il y a deux interprétations divergentes, étant
entendu que celles-ci ne s'excluent pas obligatoirement l'une l'autre.
Jean-Marie van Cangh et Michel van Esbroek, en particulier, ont étudié le
rapport avec le calendrier des fêtes juives. Ils attirent notre attention
sur le fait que cinq jours seulement séparent deux grandes fêtes juives de
l'automne. Il y a d'abord Yom Kippour, la fête du Grand Pardon, et,
six jours après, on célèbre, une semaine durant, la fête des Tentes (Soukkhot).
Cela signifierait que la confession de foi de Pierre coïncidait avec le jour
du Grand Pardon et que du point de vue théologique, il faudrait
l'interpréter aussi sur l'arrière-plan de cette fête qui est le seul jour de
l'année où le grand prêtre prononce solennellement le nom de YHWH
dans le Saint des Saints du Temple. La confession de foi de Pierre en Jésus
Fils du Dieu vivant acquerrait, dans ce contexte, une nouvelle profondeur. A
l'inverse, Jean Daniélou rapporte, lui, la datation des évangélistes
exclusivement à la fête des Tentes qui, nous l'avons vu, dure une semaine
entière. Ainsi les indications de temps données par Matthieu, Marc et Luc
seraient en fin de compte convergentes. Les six à huit journées
désigneraient alors la semaine de Soukkhot, la fête des Tentes. La
Transfiguration de Jésus aurait donc eu lieu le dernier jour de cette fête,
qui en constituait en même temps le sommet et la synthèse profonde.
Ce que les deux interprétations ont en commun, c'est
que la Transfiguration de Jésus a un rapport avec la fête des Tentes.
Nous verrons que ce rapport apparaît effectivement dans le texte lui-même et
qu'il nous permet de mieux comprendre cet épisode dans son ensemble. Au-delà
de leurs particularités, ces récits montrent un trait fondamental de la vie
de Jésus, que Jean a particulièrement fait ressortir, comme nous l'avons vu
au chapitre précédent. Les événements majeurs de la vie de Jésus ont un
rapport intrinsèque avec le calendrier des fêtes juives. Ce sont,
pourrait-on dire, des événements liturgiques dans
lesquels la liturgie avec ses commémorations et ses attentes devient
réalité, devient vie qui conduit à son tour à la liturgie et, de là, aspire
à redevenir vie.
C'est justement en analysant les rapports entre l'histoire de la
Transfiguration et la fête des Tentes que nous nous apercevrons clairement,
une fois encore, que toutes les fêtes juives recèlent trois dimensions.
Elles proviennent de célébrations de la religion de la nature et elles
parlent donc du créateur et de la création. Elles se transforment ensuite en
souvenirs de l'agir de Dieu dans l'histoire et enfin, de là, en fêtes de
l'espérance qui vont au-devant du Seigneur qui vient. En lui, s'accomplit
l'action salvifique de Dieu dans l'histoire, qui devient en même temps la
réconciliation de la création entière. Nous verrons comment ces trois
dimensions des fêtes s'approfondissent et se régénèrent par leur réalisation
dans la vie et la passion de Jésus.
Face à cette interprétation liturgique de la date, on en trouve une autre,
défendue avec insistance par Hartmut Gese. Estimant que l'allusion à la fête
des Tentes n'est pas suffisamment fondée, cette interprétation lit
tout le texte en se référant à la montée de Moïse sur
le mont Sinaï au chapitre 24 du Livre de l'Exode. Et en effet, nous
confie Benoît XVI, ce chapitre qui raconte la conclusion par Dieu de
l'alliance avec Israël, est une clé essentielle pour interpréter l'histoire
de la Transfiguration. On peut y lire : « La gloire
du Seigneur demeura sur la montagne du Sinaï, que la nuée recouvrit pendant
six jours. Le septième jour, le Seigneur appela Moïse du milieu de la nuée
» (Ex 24, 16). Qu'il
soit ici question du septième jour, à la différence de ce qui est dit dans
les Évangiles, n'invalide pas obligatoirement le rapport entre le chapitre
24 de l'Exode et l'histoire de la Transfiguration, mais la datation à partir
du calendrier des fêtes juives me paraît plus convaincante. Pour le reste,
il n'y a, il est vrai, rien d'inhabituel dans le fait que des connexions
typologiques différentes se trouvent réunies dans certains épisodes de la
vie de Jésus, ce qui montre clairement que, globalement, Moïse et les
prophètes parlent tous de Jésus.
Venons-en à présent au texte même de la
Transfiguration. On peut y lire que Jésus prit avec lui Pierre,
Jacques et Jean, et qu'il les emmena seuls sur une haute montagne
(cf. Mc 9, 2). Nous retrouverons
ces trois disciples sur le mont des Oliviers
(cf. Mc 14, 33), à l'heure de
l'ultime angoisse de Jésus. Cette scène contraste avec celle de la
Transfiguration, mais toutes deux, néanmoins, sont indissociablement liées.
C'est ici qu'on ne peut ignorer le rapport avec le chapitre 24 du Livre de
l'Exode, où Moïse, dans sa montée, prend avec lui Aaron, Nadab et Abihu,
mais aussi soixante-dix des anciens d'Israël.
Comme c'était déjà le cas pour le Sermon sur la montagne et dans les nuits
de prière, nous rencontrons à nouveau la montagne comme lieu de la proximité
de Dieu. Rassemblons donc encore une fois les différentes montagnes de la
vie de Jésus : la montagne de la tentation, la montagne de sa grande
prédication, la montagne de la prière, la montagne de la Transfiguration, la
montagne de l'angoisse, la montagne de la crucifixion et pour finir la
montagne de l'Ascension, sur laquelle le Seigneur, en opposition avec
l'offre de domination sur le monde par le pouvoir du diable, déclare : «
Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre »
(Mt 28, 18). Mais en arrière-plan,
on voit aussi se profiler le Sinaï, l'Horeb, le mont Moriah - monts de la
révélation de l'Ancien Testament, qui sont tout à la fois des monts de la
passion et des monts de la révélation, et qui renvoient aussi au mont du
Temple, sur lequel la révélation devient liturgie.
Si nous cherchons une interprétation, souligne Benoît XVI, il y a d'abord en
arrière-fond le symbolisme général de la montagne : la montagne comme lieu
d'élévation, non seulement d'ascension extérieure, mais aussi d'élévation
intérieure. La montagne comme libération du fardeau de la vie quotidienne,
comme respiration de l'air pur de la création, la montagne du haut de
laquelle on embrasse l'étendue de la création et sa beauté, la montagne qui
me donne une élévation intérieure et qui me fait pressentir le Créateur. À
partir de l'histoire, s'ajoutent à tout cela l'expérience du Dieu qui parle
et l'expérience de la passion, avec son apogée dans le sacrifice d'Isaac,
dans le sacrifice de l'agneau, préfiguration de l'Agneau définitif sacrifié
sur la montagne du Golgotha. Sur la montagne, Moïse et Élie avaient pu
recevoir la révélation de Dieu ; et ils s'entretiennent maintenant avec
celui qui est la Révélation de Dieu en personne.
« Et il fut transfiguré devant eux », dit alors Marc avec une grande
simplicité, ajoutant avec une certaine maladresse, quasi balbutiant devant
le mystère : « Ses vêtements devinrent resplendissants, d'une blancheur
telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille »
(Mc 9, 3). En cette circonstance,
les mots dont dispose Matthieu sont déjà bien plus grandioses : « Son visage
devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière »
(Mt 17, 2). Luc est le seul à
avoir évoqué le but de l'ascension, « il alla sur la montagne pour prier »,
avant de relater ensuite l'événement dont les trois disciples sont témoins :
« Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements
devinrent d'une blancheur éclatante » (Lc
9, 29). La Transfiguration est un événement de prière. Ce qui
devient visible, c'est ce qui se passe quand Jésus parle avec le Père,
l'intime unité de son être avec Dieu, qui devient pure lumière. Dans son
union avec le Père, Jésus est lui-même lumière de lumière. Ce qu'il est au
plus intime de lui-même et ce que Pierre avait tenté de dire dans sa
confession de foi, tout cela devient même, à cet instant, perceptible par
les sens : l'être de Jésus dans la lumière de Dieu, son propre être-lumière
en tant que Fils.
C'est ici que se manifestent tout à la fois le rapport et la différence avec
la figure de Moïse : « Lorsque Moïse descendit de la montagne du Sinaï,
ayant en mains les deux tables de la charte de l'Alliance, il ne savait pas
que son visage rayonnait de lumière depuis son entretien avec le Seigneur »
(Ex 34, 29). Du fait qu'il
parle avec Dieu, la lumière de Dieu rayonne sur lui et le fait rayonner
lui-même. Mais il s'agit d'un rayon qui arrive sur lui de l'extérieur, et
qui le fait resplendir ensuite. Jésus, lui, resplendit de l'intérieur, il ne
fait pas que recevoir la lumière, il est lui-même
lumière de lumière.
Et pourtant le vêtement blanc de lumière que porte Jésus lors de la
Transfiguration parle aussi de notre avenir. Dans la littérature
apocalyptique, les vêtements blancs sont l'expression des êtres célestes —
les vêtements des anges et des élus. Ainsi l'Apocalypse de Jean parle des
vêtements blancs que porteront ceux qui seront sauvés
(cf. en particulier Ap 7, 9.13 ; 19, 14).
Mais nous est aussi communiqué quelque chose de nouveau : les vêtements des
élus sont blancs parce qu'ils les ont lavés et blanchis dans le sang de
l'agneau (cf. Ap 7, 14), ce qui
signifie que, par le Baptême, ils sont liés à la Passion de Jésus, et que sa
Passion est la purification qui nous rend le vêtement d'origine que nous
avons perdu par le péché (cf. Le 15, 22).
Par le Baptême, nous avons été revêtus de lumière avec Jésus et nous sommes
devenus nous-mêmes lumière.
Première partie du chapitre 7, les professions de
foi des disciples
1. La confession de foi de Pierre
(première partie p.315 à 321
Le pape relève ce qu'est devenir disciple du Christ et le suivre - 17.06.07)
2.
Pierre Grelot cité par le pape Benoît XVI
- (deuxième partie p. 322 à
325)
3. La présence du Dieu
vivant en Jésus (troisième
volet p. 325 à 328) :
Pierre découvre la présence de Dieu en Jésus
4.
Jésus est Dieu
(quatrième volet p. 329 à 331)
D'autres pages du dernier livre
du pape : ►
Benoît XVI
La prochaine page sera consacréé à Moïse et Élie qui parlent avec Jésus
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.07.2007 - BENOÎT XVI -
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