La liturgie, relation totale de l’Église avec
Jésus Christ "Mediator Dei"
VATICAN, le 08 décembre 2007 -
(E.S.M.) -
Ce titre est bien connu : c’est l' "incipit" de l’encyclique du
Serviteur de Dieu, le Pape Pie XII : la déclaration la plus organique du
Magistère de l’Église sur la liturgie, qui ait jamais été produit
jusqu’à présent.
Le
pape Pie XII
La liturgie, relation totale de l’Église avec Jésus Christ "Mediator
Dei"
LES PAROLES DE LA DOCTRINE
par l’Abbé Nicola Bux et l’abbé
Salvatore Vitiello
Ce titre est bien connu : c’est l' "incipit" de l’encyclique du
Serviteur de Dieu, le Pape Pie XII : la déclaration la plus organique du
Magistère de l’Église sur la liturgie, qui ait jamais été produit jusqu’à
présent. La Constitution liturgique du Concile Vatican II elle-même se fonde
sur ses principes doctrinaux et en reprend la structure en les développant.
La surprise à la lecture d’un document qui date de soixante ans, c’est d’en
découvrir encore son actualité : elle est poussée par une intention
pastorale, ayant ouvert la voie à la ‘pastorale liturgique’, comme les
montre les « instaurationes » ou réformes qui suivirent dans la
décennie suivant, la plus célèbre étant celle de l’Ordo de la Semaine Sainte
(1955),
inaugurée en 1951 avec la restauration de la Veillée Pascale dans toute son
antiquité.
La préoccupation pastorale se manifeste aussi dans la méthode : ne pas
imposer subitement, d’un seul coup, une disposition qui bouleverse
l’ordonnance des « unités liturgiques »
(Messe, Bréviaire,
Calendrier…), mais proposer une restauration graduelle des
parties les plus anciennes, sans toutefois éliminer les développements,
étant donné que la liturgie, tout comme le corps ecclésial est un organisme
vivant : on ne peut amputer des parties seulement parce qu’elles
n’existaient pas à la naissance. C’est un peu la méthode qui s’applique dans
les œuvres d’art. Plusieurs études ont mis en lumière les principes qui
guidèrent ce grand pontife : en particulier celle de
l’innovation dans la continuité, bien différente de l’archéologisme
et du créativisme (Cf. à ce sujet : C.
Braga: La riforma liturgica di Pio XII. Documenti-1.La ‘Memoria sulla
riforma liturgica’, Roma 2003, CLV, BEL 128; N.Giampietro, Il Card.Ferdinando
Antonelli e gli sviluppi della riforma liturgica dal 1948 al 1970, SA, Roma
1978.). Jean XXIII et Paul VI eurent l’intention de continuer
dans le sillage et avec la méthode de Pie XII, comme le montrent les
éditions du Missel Romain de 1962 et de 1965. A présent, le «
Motu Proprio » de Benoît XVI se relie à cette présentation
traditionnelle et innovatrice en son temps.
On connaît l’affirmation de Dostoïevski dans « les Frères Kamazov » : «
Si quelqu’un pouvait me démontrer que la vérité se trouve en dehors du
Christ, je préférerais rester avec le Christ plutôt que cette vérité ».
Ce n’est certes pas théologiquement correct, mais cela exprime l’essentiel
pour le chrétien : le caractère irréductible entre l’Église et le monde,
comme entre le sel et la nourriture à laquelle il doit donner du goût. Le
monde pourra accepter la tradition, la pensée, l’art, les valeurs du
Christianisme, à la limite aussi l’exemple moral du Christ :
mais l’esprit du monde n’acceptera jamais de se
laisser posséder par l’esprit du Christ, parce qu’il aspire sans cesse à
l’autonomie. Alors que l’Église est
totalement relative au Christ : elle ne serait plus l’Église si
elle cessait de l’être.
Le culte ou liturgie de l’Église manifeste totalement cette relation, comme
l’affirme au début l’Encyclique «
Mediator Dei ».
Autrement, on crée quelque chose qui est semblable au culte chrétien,
mais sans le Christ. Ou un culte éloigné de la gloire à donner à Dieu,
et du salut à donner à l’homme, occupé à célébrer eux-mêmes, la communauté,
le prêtre, ou un culte relégué dans une dimension ‘spirituelle’ évanescente,
où disparaissent la conscience et l’expérience, le changement d’une
satisfaction uniquement esthétique. Dans l’un et dans l’autre cas, la
méthode essentielle du Christianisme a été refusée, celle d’une communion à
laquelle adhérer et obéir, qui est le présupposé nécessaire pour s’approcher
tout d’abord, et pour la participation ensuite de l’homme au culte.
Un Évêque italien parmi les plus attentifs à la liturgie, écrit notamment :
« Le pélagianisme dans ses différents degrés, est toujours un danger pour
la vie de l’Église
(même quand on ne parle presque jamais de la Grâce, même quand on ne connaît
pour ainsi dire pas le contenu dans lequel il est né et a eu une
manifestation profonde). Si la mentalité pélagienne est
appliquée à la Liturgie, on en arrive à insister beaucoup plus et à accorder
beaucoup plus d’importance à l’action extérieure que l’homme y exerce, qu’à
celle qu’exerce le Christ par l’action ministérielle instrumentale de celui
qui a été rendu capable d’agir par Lui ‘in persona Christi et Ecclesiae’,
par la Parole qui est annoncée, par les signes qui sont accomplis. On en
arrive à oublier que ce qui compte est l’action divine, de l’Esprit, de la
Grâce, et non pas celle de l’homme, qu’il soit simple fidèle, que ce soit la
communauté ou le Ministre lui-même »
(Mons.Mario Oliveri, La Divina Liturgia, Albenga 2007, p 7).
La présomption de créer une nouvelle liturgie et la
faiblesse existentielle et culturelle de l’Église, ont contribué au climat
où les abus ont pris pied, signes de la rébellion et de la désobéissance,
tellement opposés à l’obéissance du Christ jusqu’à la mort en Croix, que la
liturgie doit annoncer de manière essentielle. Ainsi, comme l’a
déclaré quelqu’un, tous ceux qui auraient dû entrer dans l’Église avec la
réforme liturgique, sont restés en dehors. Nous ne savons pas ce que nous
réserve l’avenir, mais, nous, chrétiens, nous avons la responsabilité de
témoigner que le nihilisme et le relativisme, qui ont pénétré dans la
liturgie, ne peuvent vaincre, parce qu’ils ont déjà été vaincus par Celui
qui fait sans cesse « l’univers nouveau »
(Apocalypse, 21, 5).
Si on avait tenu compte de tout cela dans la réalisation de la réforme
liturgique postconciliaire, on aurait évité des traumatismes et des
oppositions. A présent, s’ouvre une saison où doit prévaloir la
confrontation franche et sereine des idées, parce que personne ne représente
tout seul toute l’Église, mis à part l’Evêque de Rome
; l’aide d’institutions compétentes ne doit pas faire défaut ; en premier
lieux, celles qui sont guidées par les Bénédictins, sous la direction de la
Congrégation du Culte Divin, autorité suprême qui veille sur la liturgie «
pour conserver ou obtenir la réconciliation et l’unité ». (lettre
du pape Benoît XVI aux évêques, qui accompagne le
Motu Proprio "Summorum Pontificum").
Repères (parmi tant d'autres) :
Sacrée Congrégation
des Séminaires et Universités in "Doctrina
et Exemplo", signé par Paul VI 12/1965
:
4. (...) Comme acte public de l'Église, le culte liturgique est
nécessairement hiérarchique et, par conséquent, soumis aux prescriptions de
l'Autorité compétente. Il s'en suit que la
désobéissance aux prescriptions de la loi, résultant de préférences
personnelles, altère la nature de l'acte qui n'est plus liturgique ; ce
n'est plus le culte de l'Église, mais la prière privée d'un individu ou
d'une faction.
Concile Vatican II in
"Sacrosanctum
Concilium", voté
à l'unanimité et signé par Paul VI /1963 :
22. Modifier la liturgie relève de la hiérarchie
§ 1. Le gouvernement de la liturgie dépend uniquement de l'autorité de
l'Église: il appartient au Siège apostolique et, dans les règles du droit, à
l'évêque.
§ 2. En vertu du pouvoir donné par le droit, le gouvernement, en matière
liturgique, appartient aussi, dans des limites fixées, aux diverses
assemblées d'évêques légitimement constituées, compétentes sur un territoire
donné.
§ 3. C'est pourquoi absolument personne d'autre, même
prêtre, ne peut de son propre chef ajouter, enlever ou changer quoi que ce
soit dans la liturgie.
Ndlr :
En conclusion de quoi, toute désobéissance est :
- une désobéissance au concile
- une désobéissance au Magistère de l'Église, ce qui rend hypocrite pendant
la Messe la phrase de la prière Eucharistique "En
union avec ton serviteur le Pape".
Sources: www.vatican.va
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.12.2007 - BENOÎT XVI
- T/Liturgie - T/Doctrine