Ange ou démon? Au Vatican, Obama est
l'un et l'autre
Rome, le 08 mai 2009 -
(E.S.M.)
-
"L'Osservatore Romano" a surpris un peu tout le monde, fin avril, par
sa manière de juger Barack Obama au bout des cent premiers jours de celui-ci
à la présidence des Etats-Unis. Un jugement portant non seulement sur la
politique internationale, mais aussi sur les questions éthiques "qui
inspirent de vives préoccupations à l’épiscopat catholique".
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Ange ou démon? Au Vatican, Obama est
l'un et l'autre
Le 08 mai 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
-
"L'Osservatore Romano" en fait l'éloge. Deux éminents spécialistes,
membres de l'académie pontificale des sciences sociales, le foudroient. Le
texte intégral de l'acte d'accusation, signé de Michel Schooyans en accord
avec l'archevêque de Dijon, Roland Minnerath
"L'Osservatore Romano" a surpris un peu tout le monde, fin avril, par
sa manière de juger Barack Obama au bout des cent premiers jours de celui-ci
à la présidence des Etats-Unis. Un jugement portant non seulement sur la
politique internationale, mais aussi sur les questions éthiques "qui
inspirent de vives préoccupations à l’épiscopat catholique".
Ce qui a surpris, c’est le contraste entre le calme olympien du journal du
Vatican – selon lequel les cent premiers jours d’Obama non seulement "n’ont
pas bouleversé le monde" mais ont même donné des signaux encourageants "en
faveur de la maternité" – et les vives critiques adressées à Obama par un
nombre croissant de fidèles et d’évêques américains, avec à leur tête le
cardinal Francis E. George, archevêque de Chicago et président de la
conférence des évêques des Etats-Unis.
Ces critiques concernent les mesures prises et annoncées par le nouveau
président en matière de vie naissante, mais aussi la décision de
l’université catholique de Notre Dame de lui conférer, le 17 mai, un
doctorat "honoris causa", distinction que beaucoup de gens estiment
injustifiable en raison de ses positions pro-avortement.
Dans cette dernière polémique, Mary Ann Glendon, une universitaire
catholique très connue, professeur de droit à l'université de Harvard – où
elle a eu Obama comme étudiant – et ambassadeur des Etats-Unis près le
Saint-Siège à la fin de la présidence Bush, a joué un rôle important.
Fervente "pro life", Glendon a refusé de recevoir un prix de l'université de
Notre Dame le jour même où Obama recevrait son doctorat. Elle a motivé son
refus par une lettre au père John I. Jenkins, recteur de Notre Dame, où elle
se dit "effarée" qu’une institution catholique ait décidé d’honorer
quelqu’un dont l’action "défie nos principes moraux fondamentaux”.
***
Mais au Vatican, juste après l'article pro-Obama de "L'Osservatore Romano",
un fait diamétralement opposé s’est produit: le nouveau président américain
a été l’objet d’une critique radicale.
Du 1er au 5 mai, l’académie pontificale des sciences sociales s’est réunie
en session plénière au Casino de Pie IV, dans les jardins du Vatican, sur le
thème: "La doctrine sociale catholique et les droits de l’homme".
L'académie regroupe trois douzaines de spécialistes venant de différents
pays et aux orientations diverses. Le prix Nobel Joseph Stiglitz, économiste
à la Columbia University, qui en fait partie, a fait un exposé. Parmi les
invités, le ministre italien du Trésor, Giulio Tremonti, est également
intervenu. A l’issue de leurs travaux, les membres de l'académie ont été
reçus par Benoît XVI, qui leur a adressé un
discours.
Mais qui est le président de l'académie? Mary Ann Glendon. Elle l’était déjà
avant d’être ambassadeur des Etats-Unis près le Saint-Siège et elle l’est
redevenue au terme de ce mandat diplomatique.
Le matin du 1er mai, c’est donc Glendon qui a ouvert les travaux. Elle a
aussi prononcé l’un des exposés introductifs.
Mais les premiers à parler ont été deux autres intervenants: l'archevêque
français Roland Minnerath et le prêtre belge Michel Schooyans.
Ils s’étaient mis d’accord sur leurs discours. Minnerath a traité la
question des "droits subjectifs" de la personne, en faisant ressortir le
contraste entre les traditions de l’Eglise et celles des Lumières laïcistes.
Pour sa part, Schooyans a voulu "montrer la fécondité des thèses exposées
par Mgr Minnerath lorsqu'elles sont sollicitées pour analyser des problèmes
contemporains". Concrètement, il les a appliquées à la présidence d’Obama et
au leader européen qui lui ressemble le plus, Tony Blair.
Schooyans a consacré toute la seconde moitié de son exposé à analyser et
démolir le "messianisme" d’Obama et Blair qu’il juge dévastateur non
seulement dans le domaine des droits de l’homme, mais aussi dans celui de la
religion.
Il suffit de lire son texte pour en percevoir la radicalité critique. Cette
seconde partie de son intervention est intégralement reproduite ci-dessous.
Mais il est utile de rappeler d’abord quelques points à propos de la
personnalité des deux intervenants.
Roland Minnerath, 62 ans, est archevêque de Dijon depuis 2004. Précédemment,
il a enseigné à la faculté de théologie de Strasbourg l’histoire de l’Eglise
et les relations entre l’Eglise et l’Etat. Encore avant, il a fait partie du
corps diplomatique du Vatican et passé quelque temps à la nonciature en
Allemagne. Il travaille encore comme consultant à la section Affaires
Etrangères de la secrétairerie d’état. Joseph Ratzinger, qui le connaît
bien, lui a demandé de faire partie de la commission théologique
internationale et l'a nommé secrétaire spécial du synode des évêques de
2005. A l’académie pontificale des sciences sociales il fait partie du
conseil de coordination et a été chargé de préparer la dernière session
plénière.
Michel Schooyans est un prêtre belge, professeur émérite de l'Université
Catholique de Louvain. Grand spécialiste de l’anthropologie, de la
philosophie politique, de la bioéthique et de la démographie, il est membre
de trois académies pontificales: des sciences sociales, pour la vie, et
Saint Thomas d'Aquin. Il a publié en 2006 un livre intitulé "Le terrorisme à
visage humain" qui a de nombreux points communs avec son intervention du 1er
mai au Vatican. Son dernier ouvrage paru en Italie, "La prophétie de Paul
VI" (éditions Cantagalli, 2008), est une vigoureuse défense de l'encyclique
"Humanae
Vitae".
Voici donc la seconde partie de son intervention à la session plénière de
l’académie pontificale des sciences sociales, lue au Vatican, en français,
le matin du vendredi 1er mai 2009:
Obama et Blair. Le messianisme réinterprété
par Michel Schooyans
L’élection de M. Barack Obama à la présidence des États-Unis a suscité de
nombreuses expectatives dans le monde entier. Aux États-Unis, les électeurs
ont voté pour un président jeune, métis et brillant. On attend de lui que,
selon ses promesses, il corrige les erreurs du président précédent. Des
formules excessives ont même été utilisées, affirmant, par exemple, que
l’heure était venue de "reconstruire" les États-Unis ou de réorganiser
l’ordre international. On notera ici l’influence de Saul D. Alinsky
(1909-1972), un des maîtres à penser du nouveau président et d’Hillary
Clinton. N’ont pas manqué de zélés admirateurs du fringant élu, qui ont
diabolisé le malheureux président George W. Bush, recommandant que soit
détruite, le plus vite possible, la politique qu’il avait articulée. Or,
l’administration Bush, si elle ne manque pas de mérites, se caractérise par
des échecs reconnus, même dans le cercle le plus proche de ce président.
Cependant, sur un point essentiel et fondamental, le Président Bush a promu
une politique digne de respect et de continuité: il a offert à l’être humain
non né, ainsi qu’au personnel médical, une protection juridique,
insuffisante sans doute, mais efficace.
Les électeurs qui ont conduit Barack Obama à la présidence n’ont pas perçu
la faiblesse et l’ambiguïté des déclarations faites par leur candidat à
propos de ce point décisif. Plus encore, une fois élu, une des premières
mesures du Président Obama a été de révoquer les dispositions prises par le
Président Bush pour protéger le droit à la vie de l’être humain non né.
Le Président Obama réintroduit ainsi le droit à discriminer, à "mettre à
part" certains êtres humains. Avec lui, le droit de tout individu humain à
la vie et à la liberté n’est plus reconnu ni moins encore protégé. Le
Président Obama conteste, par conséquent, l’argumentation qui a été invoquée
par ses propres frères de race au moment où ils revendiquaient, à juste
titre, que fût reconnu le droit de tous à la même dignité, à l’égalité et à
la liberté. Dans sa variante prénatale, le racisme vient d’être restauré aux
États-Unis.
Le nouveau président entraîne ainsi le droit dans un processus de régression
qui altère la qualité démocratique de la société qui l’a élu. De fait, une
société qui se dit démocratique, dans laquelle les gouvernants, invoquant de
"nouveaux droits" subjectifs, permettent l’élimination de certaines
catégories d’êtres humains, est une société qui est déjà engagée de
plain-pied sur la route du totalitarisme. Selon l’Organisation Mondiale de
la Santé, 46 millions d’avortements sont réalisés chaque année dans le
monde. En révoquant des dispositions juridiques protégeant la vie, M. Obama
va allonger la liste funèbre des victimes de lois criminelles. Le chemin est
ouvert pour que l’avortement devienne légalement exigible. Le droit lui-même
pourra être précipité dans l'indignité lorsqu'il sera instrumentalisé et
pressé de légaliser n'importe quoi, et mis, par exemple, au service d’un
programme d’élimination d’innocents. A partir de là, la réalité de l'être
humain n'a plus d'importance en soi.
La conséquence évidente du changement décidé par M. Obama est que le nombre
d’avortements va augmenter dans le monde. Le Président Bush avait coupé les
subventions destinées à des programmes comportant l’avortement, en
particulier à l’extérieur des États-Unis. La révocation de cette mesure par
la nouvelle administration limite le droit du personnel médical à
l’objection de conscience et permet à M. Obama d’augmenter les subsides
affectés à des organisations publiques et privées, nationales et
internationales, qui développent des programmes de contrôle de la natalité,
de "maternité sans risque", de "santé reproductive" incluant l’avortement
parmi les méthodes contraceptives qu’ils promeuvent.
Le Président Obama apparaîtra donc inévitablement comme un des principaux
responsables du vieillissement de la population des États-Unis et des
nations "bénéficiaires" de programmes de contrôle de la natalité présentés
comme condition préalable au développement. Comment un leader politique bien
informé peut-il ignorer qu’une société qui avorte ses enfants est une
société qui avorte son avenir?
La mesure prise par Barack Obama est destinée à avoir des répercussions au
plan mondial. Le "messianisme" nord-américain traditionnel se flattait
d’offrir au monde le meilleur modèle de démocratie. Avec la permission de
tuer légalement des innocents, cette prétention est en train de sombrer. En
son lieu et place émerge un "messianisme" qui annonce l’extinction des
principes moraux apparaissant dans la Déclaration d’Indépendance (1776) et
dans la Constitution des États-Unis (1787). Dorénavant est rejetée la
référence au Créateur. Aucune réalité humaine ne s'impose plus en vertu de
sa dignité intrinsèque. Prévaut désormais la volonté présidentielle. Selon
ses propres paroles, le président ne devra plus se référer à des traditions
morales et religieuses de l’humanité. Sa volonté est source de loi. A
propos, qu’en pense le Congrès américain?
Or dès lors que le poids des États-Unis est celui qui pèse le plus dans les
relations internationales, bilatérales et multilatérales, et spécialement
dans le cadre de l’ONU, on peut prévoir que tôt ou tard, l’avortement sera
présenté à l’ONU comme un "nouveau droit humain", un droit permettant
d’exiger l’avortement. Il s’ensuivra qu’il n’y aura plus de place, en droit,
pour l’objection de conscience. Ce même processus permettra au président de
manifester sa volonté d’inclure dans la liste d’autres "nouveaux droits"
subjectifs, comme l’euthanasie, l’homosexualité, la répudiation, la drogue,
etc.
Refaire les religions? Refaire le christianisme?
Dans ces programmes, le Président Obama pourra compter sur l’appui du couple
Tony Blair et Cherie Booth. Le think-tank fondé par l’ex-premier ministre
britannique sous le nom de Tony Blair Faith Foundation aura, parmi ses
attributions, de reconstruire les grandes religions comme son collègue
Barack Obama reconstruira la société mondiale. Dans ce but, la fondation en
question devra répandre les "nouveaux droits", en utilisant à cette fin les
religions du monde et en adaptant celles-ci à leurs nouvelles tâches. Ces
religions devront être réduites au même commun dénominateur, c’est-à-dire
vidées de leur identité. Cela ne pourra se faire que moyennant
l’instauration d’un droit international inspiré de Hans Kelsen
(1881-1973)
et appelé à valider tous les droits propres aux nations souveraines. Ce
droit devra aussi s’imposer aux religions du monde de telle façon que la
"foi" nouvelle soit le principe unificateur de la société mondiale. Cette
"foi" nouvelle, ce principe unificateur, devra permettre de faire avancer
les Millenium Development Goals. Parmi ceux-ci figurent sous le n° 3: "Promote
gender equality and empower women"; sous le n° 5: "Improve maternal health".
Nous savons ce que recouvrent et ce qu’impliquent ces expressions. Pour
faire démarrer le programme de la Foundation, une campagne anti-malaria est
annoncée. Elle fait partie de l’objectif n° 6: "Combat HIV/AIDS, malaria and other diseases". Cette annonce est faite de façon à ce que, en souscrivant à
cette campagne, on souscrive à l’ensemble des objectifs du Millénaire.
En fait, le projet de Tony Blair prolonge et amplifie l'Initiative des
Religions Unies, apparue il y a plusieurs années. Il prolonge également la
Déclaration pour une éthique planétaire, dont Hans Küng est l’un des
principaux inspirateurs. Ce plan ne pourra se réaliser qu'au prix du
sacrifice de la liberté religieuse, de l'imposition d'une lecture
"politiquement correcte" des Écritures et du sabotage des fondements
naturels du droit. Déjà Machiavel recommandait l'utilisation de la religion
à des fins politiques…
La "conversion" très médiatisée de l’ancien premier ministre au catholicisme
ainsi que son interview en avril 2009 à la revue gay "Attitude" permettent
d’encore mieux comprendre les intentions de Tony Blair concernant les
religions, à commencer par la religion catholique. Le discours du
Saint-Père, notamment sur le préservatif, serait d’une autre génération. Le
récent "converti" n’hésite pas à expliquer au pape Benoît
XVI non seulement ce que
celui-ci doit dire, mais aussi ce qu’il doit croire ! Est-il catholique? Mr
Blair ne croit pas à l’autorité du pape.
Nous voici revenus au temps de Hobbes, sinon à Cromwell: c’est le pouvoir
civil qui définit ce qu’il faut croire. La religion est vidée de son contenu
propre, de sa doctrine; n’en reste qu’un résidu de morale, défini par le
Léviathan. On ne dit pas qu’il faille nier Dieu, mais dorénavant Dieu n’a
plus rien à faire dans l’histoire des hommes et de leurs droits: nous
revenons au déisme. Dieu est remplacé par le Léviathan. A celui-ci de
définir, s’il le veut, une religion civile. A lui d’interpréter, s’il le
veut et comme il le veut, les textes religieux. La question de la vérité de
la religion n’a plus de pertinence. Les textes religieux, et en particulier
bibliques, doivent être compris dans leur sens purement "métaphorique";
c’est ce que recommande Hobbes (III, XXXVI). A la limite, seul le Léviathan
peut interpréter les Écritures. Il faut en outre réformer les institutions
religieuses pour les adapter au changement. Il faut même prendre en otages
quelques personnalités religieuses, appelées à cautionner la nouvelle "foi"
sécularisée, celle du "civil partnership".
Les droits de l’homme tels qu’ils sont conçus dans la tradition réaliste
sont passés ici au fil de rasoir. Tout est relatif. Il ne reste de droits
que ceux définis par le Léviathan. Comme l’écrit Hobbes, "La loi de nature
et la loi civile se contiennent l’une l’autre, et sont d’égale étendue."
(I,
XXVI, 4). Il ne reste de vérité que celle énoncée par le même Léviathan.
Seul celui-ci décide comment le changement doit être conduit.
Le retour de l’aigle à deux têtes
Le projet Blair ne peut se réaliser sans remettre en question la distinction
et les rapports entre l'Église et l'État. Ce projet risque de nous faire
régresser à une époque où le pouvoir politique s'attribuait la mission de
promouvoir une confession religieuse ou d’en changer. Dans le cas de la Tony
Blair Faith Foundation, il s'agirait même de promouvoir une et une seule
confession religieuse, qu'un pouvoir politique universel, global, imposerait
à l'ensemble du monde. Rappelons que le projet Blair, imprégné de New Age, a
été préparé idéologiquement par l'Initiative pour les Religions Unies ainsi
que par la Déclaration pour une éthique planétaire (déjà citées)
et est
appuyé par de nombreuses fondations similaires.
Ce projet rappelle évidemment l'histoire de l'anglicanisme et de sa
fondation par le "défenseur de la foi", Henri VIII. Le projet des religions
unies et réduites à un commun dénominateur est toutefois plus discutable
encore que ne l'était le projet d'Henri VIII. En effet, la réalisation de ce
projet postule la mise sur pied d'un gouvernement mondial et d’une police
globale des idées. Ainsi qu'on l'a vu à propos de Barack Obama, les artisans
de la gouvernance mondiale s'appliquent à imposer un système de positivisme
juridique faisant procéder le droit de la volonté suprême, de laquelle
dépend la validation des droits particuliers. Désormais, si toutefois devait
se réaliser le projet de M. Blair, les agents de la gouvernance mondiale
imposeront, par un nouvel Acte de Suprématie, une religion unique, validée
par les interprètes de la volonté suprême, dont le Vicaire général est
peut-être déjà trouvé (Hobbes, III, XXXVI).
Ce que révèle l'analyse des décisions de Barack Obama et du projet de Tony
Blair, c'est que se profile une Alliance de deux volontés convergentes,
visant, l'une, à subjuguer le droit, l'autre, à subjuguer la religion. Telle
est la nouvelle version de l’aigle à deux têtes. Droit et religion sont
instrumentalisés pour "légitimer" n'importe quoi.
Cette double instrumentalisation est mortelle pour la communauté humaine.
C'est ce qui ressort de diverses expériences réalisées dans le cadre de
l'État-Providence. Celui-ci, à force de vouloir plaire aux individus, a
multiplié les "droits" subjectifs de complaisance, par exemple en matière de
divorce, de sexualité, de familles, de population, etc. Mais ce faisant, cet
État-Providence a créé d'innombrables problèmes qu'il est incapable de
résoudre. Avec l'extension de ces "droits" de complaisance à l'échelle
mondiale, les problèmes de précarisation/marginalisation vont se multiplier
à tel point qu'aucune gouvernance mondiale ne pourra les résoudre.
De même pour la religion. Depuis qu'est acquise la séparation de l'Église et
de l'État, il est inadmissible que l'État se serve de la religion pour
renforcer son emprise sur les cœurs, les corps et les consciences. Comme le
dit Mgr Roland Minnerath, l'État ne peut pas enchaîner la vérité religieuse
et doit même en garantir la libre recherche.
Vers un terrorisme politico-juridique
Par ces canaux, et avec l’appui du couple Blair, le juriste-président Obama
est en train de lancer un nouveau messianisme nord-américain, totalement
sécularisé. Il bénéficie en cela de l'appui de son fidèle partenaire,
candidat présumé à la présidence de l'Union Européenne. La volonté suprême
du Président des USA validera le droit des nations et le droit des relations
entre les nations. Dans la foulée, les "Trente-Neuf Articles" de la nouvelle
religion devront être promulgués par son collègue britannique.
A partir du sommet de cette pyramide, la volonté du Prince est destinée à
circuler par les canaux internationaux de l’ONU et à atteindre les canaux
nationaux particuliers. A terme, ce processus, comme on le remarque, éteint
l’autorité des parlements nationaux, abolit l’autorité des exécutifs et
ruine l’indépendance du pouvoir judiciaire. C’est pour ces raisons que, dans
la logique de M. Obama, le rôle d'un tribunal pénal international est appelé
à s’étendre et qu’il doit être armé pour réprimer les récalcitrants – par
exemple, les catholiques – qui refusent cette vision du pouvoir et du droit,
d'un droit vassalisé par le pouvoir. Comment ne pas voir cette vérité
aveuglante: nous assistons à l’émergence d’un terrorisme politico-juridique
sans précédent dans l’histoire?
Pour finir, empressons-nous de rappeler que l’Église n’a pas le monopole du
respect du droit humain à la vie. Ce respect est proclamé par les plus
grandes traditions morales et religieuses de l’humanité, souvent antérieures
au christianisme. L’Église reconnaît pleinement la valeur des arguments
fournis par la raison en faveur de la vie humaine. Comme Mgr Minnerath l’a
admirablement montré, l’Église complète et consolide cette argumentation en
se prévalant de l’apport de la théologie: respect de la création; l’homme,
image de Dieu; amour du prochain: nouveau commandement; etc. Ces arguments
sont fréquemment exposés dans les déclarations de l’Église et les nombreux
documents chrétiens sur la question.
Mais quand les plus hautes autorités des nations, et même de la première
puissance mondiale, vacillent face au respect du droit humain fondamental,
c’est un devoir pour l’Église d’appeler tous les hommes et toutes les femmes
de bonne volonté à s’unir afin de constituer un front unique pour défendre
la vie de tout être humain. La première attitude qui s’impose à tous, selon
les responsabilités de chacun, est l’objection de conscience, que d’ailleurs
M. Obama veut circonscrire. Mais cette objection doit être complétée par un
engagement à agir dans la sphère politique, dans les médias et dans les
universités. La mobilisation doit être générale et se donner pour but
l’objectif central de toute morale, et spécialement de toute la morale
catholique: reconnaître et aimer le prochain, à commencer par le prochain le
plus ténu et le plus vulnérable.
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.05.2009 -
T/International