Méditation sur le Chemin de Croix |
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Le 08 avril 2009 -
(E.S.M.)
- Voici le magnifique Chemin de Croix, prêché par l'abbé René
Sébastien Fournié au Centre Saint Paul l'an dernier. Faites en
votre miel en cette Grande Semaine. N'hésitez pas à faire vous
même ce Chemin de Croix et à le méditer.
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Jésus meurt sur la
Croix
Méditation sur le Chemin de Croix
►
Chemin de croix présidé par Benoît XVI au Colysée : méditations
Pour votre Vendredi Saint par l'abbé
Guillaume de
Tanoüarn
Le 08 avril 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Voici le magnifique Chemin de Croix, prêché par l'abbé René Sébastien
Fournié au Centre Saint Paul l'an dernier. Faites en votre miel en cette
Grande Semaine. N'hésitez pas à faire vous même ce Chemin de Croix et à le
méditer.
1° Station - Jésus condamné à mort.
La condamnation à mort survient après cette nuit pâle de souffrance et de
prière vécue par le Christ. Il se tient seul, au centre de la scène,
agenouillé sur la terre de ce jardin. Comme toute personne affrontée à la
mort, le Christ aussi est tenaillé par l’angoisse. Saint Luc emploie le mot
d’« agonie », c’est-à-dire de lutte. La prière de Jésus est dramatique,
tendue comme dans un combat, et la sueur mêlée de sang qui coule sur son
visage est le signe d’un tourment âpre et dur. Son cri est lancé vers le
ciel, vers ce Père qui semble mystérieux et muet : « Père, si tu veux,
éloigne de moi cette coupe », coupe de souffrance et de mort. Jacob lui
aussi, durant une nuit sombre sur les rives d’un affluent du Jourdain, avait
rencontré Dieu au travers d’une personne mystérieuse qui « avait lutté
avec lui jusqu’au lever de l’aurore ».
Prier au moment de l’épreuve est une expérience qui bouleverse le corps et
l’âme. Le Christ lui aussi, dans les ténèbres de ce terrible soir a poussé
un grand cri dans les larmes, et a prié en suppliant Dieu de pouvoir le
sauver de la mort.
Dans le Christ de Gethsémani aux prises avec l’angoisse, nous nous
retrouvons nous-mêmes quand nous traversons la nuit de la souffrance qui
déchire, la nuit de la solitude lorsque les amis nous abandonnent, la nuit
du silence de Dieu. En lui nous découvrons aussi notre visage, quand il est
baigné de larmes et marqué par la désolation.
Regardons ce Saint, ce Juste et ce Véritable qui fut jugé par les pécheurs
et mis à mort. Et pourtant, tandis qu'ils Le jugeaient, ils étaient forcés
de L'acquitter. Judas, après L'avoir trahi, alla dire aux prêtres : "J'ai
péché, car j'ai livré le sang innocent." Pilate, qui rendit la sentence,
dit à son tour : "Je suis innocent du sang de ce juste", et rejeta le
crime sur les Juifs. Le Centurion qui L'avait vu crucifier dit aussi : "En
vérité, celui-ci était un juste"
Ainsi toujours, le Christ est justifié jusque dans ses paroles et il est
vainqueur quand il est jugé. Le combat de Jésus n’aboutit pas à la tentation
de se laisser vaincre par le désespoir, mais il aboutit à professer sa
confiance dans le Père et dans son mystérieux dessein. Ce sont les paroles
du « Notre Père » qu’il propose de nouveau en cette heure amère : « Priez
pour ne pas entrer en tentation… Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse,
mais la tienne ! ». Et voici qu’apparaît l’ange de la consolation, du
soutien et du réconfort, qui aide Jésus et qui nous aide à continuer
jusqu’au bout notre chemin.
Accordez-nous Seigneur la grâce d'être vrai avec nous même, avec vous, et
que reconnaissant notre état de pécheur et votre amour infini, nous sachions
nous tourner humblement vers vous pour recevoir votre pardon et la force de
changer de vie.
2° Station - Jésus reçoit sa Croix.
Le soleil du vendredi saint s’est levé derrière le Mont des Oliviers, après
avoir éclairé les vallées du désert de Judas. Les 71 membres du Sanhédrin,
la plus haute institution juive, sont réunis autour du Christ. L’audience va
s’ouvrir, avec la procédure habituelle des procès en justice : le contrôle
d’identité, les chefs d’inculpation, les témoins. Le jugement est de nature
religieuse selon les compétences de ce tribunal, comme il apparaît aussi
dans les deux questions décisives : « Es-tu le Christ ? … Es-tu le Fils
de Dieu ? ».
La réponse du Christ exprime au début comme un désabusement : « Si je
vous le dis, vous ne me croirez pas ; et si j’interroge, vous ne répondrez
pas ». Il sait que, dans ce simulacre de procès, il y a
l’incompréhension, la suspicion et l’équivoque. Il ressent autour de lui la
froideur d’un mur de défiance et d’hostilité, encore plus oppressante parce
que dressée contre lui par sa propre communauté religieuse et par sa propre
nation.
L’accusation, qui conduira à une sentence de mort, à porter la croix,
devient une révélation et notre profession de foi dans le Christ, Fils de
Dieu. Cet accusé, humilié par une cour orgueilleuse, par une assemblée
présomptueuse et par un jugement désormais scellé, rappelle à tous le devoir
de rendre témoignage à la vérité, la vérité de la croix, la vérité de notre
Rédemption. Un témoignage à faire retentir même quand est forte la tentation
de se cacher, de se résigner, de se laisser aller à la dérive de l’opinion
dominante.
O Seigneur, Dieu Tout-Puissant, qui portez sans lassitude le poids du monde
entier, qui avez porté avec une fatigue accablante le fardeau de tous nos
péchés, Vous qui conservez nos corps par votre Providence, soyez aussi le
Sauveur de nos âmes par votre précieux sang et donnez-nous d’être des
témoins de la Croix.
3° Station - Jésus tombe pour la première fois sous le
poids de sa Croix.
Satan tomba du ciel au commencement, par la sentence de Dieu contre lequel
il s'était révolté. Plus tard il réussit à associer l'homme à sa rébellion
et Dieu vint pour sauver sa créature : pour se faire le Verbe revêtu de
chair, fut mis sous le pouvoir du démon, qui jadis frappé par Dieu, frappa à
son tour Celui contre Lequel il se rebella : Ce coup fut la cause de la
chute de Jésus. A travers cette chute nous pouvons donc y voir l’attaque
perfide du diable mais aussi nos propres attaques, nos propres lâchetés et
nos trahisons. Tel Judas… Cette trahison et ce baiser sont devenus au cours
des siècles le symbole de toutes les infidélités, de toutes les apostasies,
de toutes les tromperies. Le Christ rencontre donc une autre épreuve, celle
de la trahison qui provoque l’abandon et l’isolement. Ce n’est pas cette
solitude qui lui était si chère, telle celle quand il se retirait sur la
montagne pour prier, ce n’est pas la solitude intérieure, source de paix et
de tranquillité parce que, par elle, se dévoile à nous le mystère de l’âme
et de Dieu. Au contraire, il s’agit de cette solitude causée par l’abandon,
notre abandon, quand tant de fois nous l’abandonnons, quand tant de fois
nous nous détournons de lui et de notre prochain. A chaque fois, nous
participons à cette chute du Christ, à chaque fois nous freinons la
progression de ce Corps mystique… à chaque fois nous réactualisons cette
terrible phrase de Notre-seigneur : « C’est maintenant votre heure, c’est
la domination des ténèbres ». Cessons de faire chuter le Christ à
travers son corps mystique, cessons de permettre au mal de se développer
dans son linceul de violence, d’agression et de brutalité. Relevons-nous
avec le divin Seigneur, Lui qui fut toujours certain que le pouvoir des
ténèbres – apparemment invincible et jamais rassasié de triomphes – est
destiné à être vaincu. À la nuit succède l’aube, à l’obscurité la lumière, à
la trahison le repentir, à la chute, la reprise confiante.
Seigneur, c'est pour nous, que vous avez eu ce courage. Et nous qui
démissionnons si souvent devant les efforts à faire, devant les plus petits
sacrifices ! Apprenez-nous à vous aimer et à nous aimer comme vous nous
aimez. Apprenez-nous nous à marcher à votre suite, à nous relever dans les
difficultés, les combats, car avec vous il y a le salut des âmes à gagner.
Faites nous grandir dans l'amour, ayez pitié de notre faiblesse et venez
nous aider à nous relever lorsque nous tombons, que nous soyons des hommes
dignes afin d'être de dignes enfants du Père.
4° Station - Jésus rencontre sa Mère.
Toute mère est visage de l'amour, refuge de tendresse, fidélité qui
n'abandonne pas, parce qu'une vraie mère aime même quand elle n'est pas
aimée. Marie est Mère! Sur le chemin de croix de Jésus, se trouve Marie, sa
Mère. Durant la vie publique de son fils, elle avait dû se tenir à l’écart,
pour faire place à la nouvelle famille de Jésus, à la famille naissante de
ses disciples. Elle avait entendu ses paroles qui peuvent nous paraître
dures de la part de son Fils : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ?
... Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est
mon frère, ma sœur et ma mère. » Et bien on voit à présent qu’elle est la
Mère de Jésus, non seulement dans son corps, mais dans son cœur. Avant même
de l’avoir conçu dans son corps, elle l’avait conçu dans son cœur, grâce à
son obéissance. Et Siméon lui avait prédit « ton cœur sera transpercé par
un glaive ». A présent tout devient réalité. Mais dans son cœur, demeure
bien vivant la parole que l’ange lui avait dite quand tout avait commencé: «
Sois sans crainte, Marie ». Les disciples se sont enfuis, elle, non. Elle
reste là, avec son courage de mère, avec sa fidélité de mère, avec sa bonté
de mère et avec sa foi, qui résiste dans l’obscurité : « Heureuse celle qui
a cru » est-il écrit dans saint Luc ; ainsi que… « Mais le Fils de
l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? ». Oui, à ce
moment-là, Il le sait : il trouvera la foi. En cette heure-là, c’est sa
grande consolation.
Nous sommes loin de l’attitude de Saint Pierre qui révèle une âme misérable,
sa fragilité, son égoïsme, sa peur. Pourtant, quelques heures auparavant,
celui-là avait proclamé : « Même si tous viennent à tomber, moi, je ne
tomberai pas… Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas ».
Cependant, le rideau ne tombe pas sur cette trahison, un son déchire le
silence de Jérusalem mais surtout la conscience de Pierre : c’est le chant
d’un coq. À ce moment précis, Jésus sort du tribunal qui l’a condamné. Luc
décrit le croisement des regards entre le Christ et Pierre en utilisant un
verbe grec qui indique le fait de fixer profondément un visage. Mais, comme
le note l’évangéliste, ce n’est pas n’importe quel homme qui en regarde
maintenant un autre, c’est « le Seigneur », dont les yeux scrutent le
cœur et les reins, c’est-à-dire le secret intime d’une âme.
Et des yeux de l’apôtre coulent les larmes du repentir. Cet événement
concentre tant d’histoires d’infidélité et de conversion, de faiblesse et de
libération. « J’ai pleuré et j’ai cru ! ».
Seigneur comme notre amour pour vous est loin de ressembler à celui de
Marie! Nous qui avons tant peur de souffrir… Notre-Dame, venez nous donner
la main, pour nous apprendre à suivre Jésus et à faire la volonté du Père
tout au long de notre vie, chaque jour de notre vie.
5° Station - Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa
Croix.
Simon fait ce qu’il doit faire, avec certainement beaucoup de répugnance,
mais de cette rencontre involontaire est née la foi. Le mystère de Jésus
souffrant et muet a touché son cœur. Jésus, dont seul l’amour divin pouvait
et peut racheter l’humanité entière, veut que nous partagions sa croix, pour
compléter ce qui manque encore à ses souffrances comme dit Saint Paul.
Chaque fois qu’avec bonté nous allons à la rencontre de celui qui souffre,
de celui qui est persécuté et faible, en partageant sa souffrance, nous
aidons Jésus à porter sa propre croix. Ainsi nous obtenons le salut et nous
pouvons nous-mêmes coopérer au salut du monde.
Oui Simon tu portes la croix d'un Autre, tu soulèves le bois de souffrance
et tu empêches qu'il n'écrase la victime.
Tu nous rappelles que nous ne sommes nous-mêmes que si nous ne pensons pas à
nous-mêmes. Saurons-nous reconnaître ces croix des autres à porter avec eux
? Viendrons-nous en aide plus ardemment à notre prochain après ce jour du
Vendredi Saint ? Ou mourrons-nous dans notre égoïsme?
Serons-nous l’image de l’indifférence, du manque d’intérêt, du primat de
l’opportunisme. L’indifférence est pire que l’immoralité explicite, car elle
engendre au moins un sursaut ou une réaction ; l’indifférence en revanche,
est pure amoralité ; elle paralyse la conscience, elle éteint le remords et
elle émousse l’intelligence. L’indifférence est la mort lente de l’image de
Dieu en nous.
Seigneur, regarde comme nous démissionnons rapidement dès que cela devient
un peu dur. Vois aussi combien de fois nous « faisons semblant » de porter
notre fardeau alors que nous nous arrangeons sinon pour le laisser de côté,
du moins pour le traîner derrière nous. Seigneur, agissant ainsi nous sommes
loin de ressembler à Simon, et pourtant nous prétendons être tes disciples.
Oh Jésus toutes nos croix ne sont que des petits bouts de la tienne et si
nous les portons avec toi, c'est surtout toi qui les portes avec nous !
Apprends nous Seigneur à porter nos croix avec toi, que ce soit les nôtres
ou celles des autres. Apprends-nous à te suivre ainsi dans l'effort, mais
surtout dans l'amour et la confiance.
6° Station - La Face de Jésus est essuyée par
Véronique.
« C’est ta face, Seigneur, que je cherche ; ne me cache pas ta face
», nous font chanter les psaumes. Véronique ne se laisse ni gagner par la
brutalité des soldats, ni immobiliser par la peur des disciples. Elle est
l’image de la femme éprise de bonté qui, dans le désarroi et l’obscurité des
cœurs, garde le courage de la bonté, et ne permet pas que son cœur
s’obscurcisse. « Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu ! » Au
début, Véronique voit seulement un visage maltraité et marqué par la
souffrance. Mais l’acte d’amour imprime dans son cœur la véritable image de
Jésus : sur son visage humain, couvert de sang et de blessures, elle voit le
visage de Dieu et de sa bonté, qui nous accompagne aussi dans la souffrance
la plus profonde. C’est seulement avec le cœur que nous pouvons voir Jésus.
Seul l’amour nous rend capables de voir et nous rend purs. Seul l’amour nous
fait reconnaître Dieu, qui est l’amour même.
Seigneur, que notre visage Vous soit agréable, qu'il ne soit pas souillé par
le péché, mais lavé et purifié par votre précieux Sang. Aurions-nous eu le
courage d'une telle démarche ? Rien n'est moins sûr quand nous regardons
toutes nos fuites devant les responsabilités, les risques à prendre.
Seigneur aide nous dans notre faiblesse, nos lâchetés, nos compromis et fais
nous grandir. Seigneur, que l'exemple de cette femme soit source de grâce en
nous et que nous apprenions à avoir le courage de vivre notre foi sous le
regard des autres.
7° Station - Jésus tombe une seconde fois.
Satan subit une seconde chute quand Notre-Seigneur vint sur la terre. Il
avait depuis longtemps usurpé l'empire du monde entier, et s'en nommait roi.
Et il osa enlever dans ses bras le Sauveur très-saint, lui montrer tous les
royaumes de la terre et lui faire la promesse blasphématoire de les lui
donner, à Lui, son Créateur, s'il voulait l'adorer. Jésus lui répondit : «
Retire-toi, Satan ! » ; et Satan tomba du haut de la montagne. Et Jésus
rendit témoignage de cette chute en disant : « Je vis Satan tomber du ciel
comme l'éclair ». Le Démon se souvenant de cette seconde défaite, frappa le
Christ pour la seconde fois.
La tradition établit un parallèle entre la chute du Christ, toute physique,
avec celle d’Adam et de l’humanité, morale celle-ci. Au cours de l’histoire,
la chute de l’homme prend des formes toujours nouvelles. Dans sa première
épître, saint Jean parle d’une triple chute de l’homme : Celle de la chair,
celle de l’orgueil et celle des richesses matérielles. Cependant nous
pouvons aussi penser à nos détachements de la foi, à nos abandons. N’est-ce
pas là ce que produisent les grandes idéologies, comme la banalisation de
l’homme qui ne croit plus à rien et qui se laisse simplement aller,
construisant ainsi un nouveau paganisme, un paganisme plus mauvais, qui, en
voulant mettre définitivement Dieu à part, a fini par se débarrasser de
l’homme. L’homme gît ainsi dans la cendre. Le Seigneur porte ce poids, il
tombe et il retombe, pour pouvoir venir jusqu’à nous ; il nous regarde afin
que notre cœur se réveille ; il retombe pour nous relever.
O mon Dieu, apprenez-nous à souffrir avec Vous, et à ne pas craindre les
soufflets que Satan pourrait donner à ceux qui lui résistent.
8° Station - Les femmes de Jérusalem pleurent sur
Notre-Seigneur.
Écouter Jésus alors qu’il fait des reproches aux femmes de Jérusalem qui le
suivent et qui pleurent sur lui nous surprend puis nous fait réfléchir.
Comment comprendre cette attitude du Christ ? S’agit-il de reproches
adressés à une piété purement sentimentale et qui n’a rien d’une vraie
conversion et d’une foi vécue ? Il ne sert à rien de pleurer sur les
souffrances de ce monde avec des paroles et par des sentiments, alors que
notre vie continue toujours à être égale à elle-même. C’est pourquoi le
Seigneur nous avertit du danger dans lequel nous sommes nous-mêmes. Il nous
montre la gravité du péché et la gravité du jugement. Malgré tous nos
discours effrayés devant le mal et la souffrance des innocents, ne
sommes-nous pas trop enclins à banaliser le mystère du mal ? En définitive,
de l’image de Dieu et de Jésus, nous ne retenons peut-être que l’aspect doux
et aimable, alors que nous avons évacué tranquillement l’aspect du jugement…
Nous nous demandons si Dieu peut encore prendre notre faiblesse au tragique.
Car nous ne sommes que des hommes ! Mais en regardant les souffrances du
Fils, nous voyons toute la gravité du péché, nous voyons comment il doit
être expié jusqu’à la fin pour pouvoir être vaincu. Le mal ne peut pas
continuer à être banalisé devant l’image du Seigneur qui souffre. A nous
aussi, le Seigneur déclare : Ne pleurez pas sur moi, pleurez sur vous-mêmes
... car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ?
Les larmes ne suffisent pas. Les larmes doivent se transformer en amour qui
éduque, en force qui guide. Les larmes doivent empêcher d'autres larmes !
9° Station - Jésus tombe pour la troisième fois.
Que peut nous dire la troisième chute de Jésus sous le poids de la croix ? A
nouveau comment ne pas penser à la chute de l’homme ? Mais cette fois-ci
considérons à ce que le Christ souffre dans son Église Elle-même ? Combien
de fois abusons-nous du Saint-Sacrement, de sa présence, dans quel cœur vide
et mauvais entre-t-Il souvent ? Combien de fois ne célébrons-nous que
nous-mêmes, et ne prenons-nous même pas conscience de sa présence ? Combien
de fois sa Parole est-elle déformée et galvaudée ? Quel manque de foi dans
de très nombreuses théories, combien de paroles creuses ! Combien d’orgueil
et d’autosuffisance ! Que de manques d’attention au sacrement de pénitence,
où le Christ nous attend pour nous relever de nos chutes ! Tout cela est
présent dans sa passion. La trahison des disciples, la réception indigne de
son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du
Rédempteur, celles qui lui transpercent le cœur.
Satan fera une troisième et dernière chute à la fin du monde, alors qu'il
sera enfermé pour toujours dans la prison éternelle de l’absence de Dieu. Il
sait dès le commencement que telle sera sa fin, il n'a nulle espérance ; il
est plongé dans le désespoir. Il savait donc bien qu'aucune souffrance
infligée au Christ ne servirait pas à le faire échapper à ce sort
inévitable. Mais il avait résolu, dans sa haine et son horrible rage, de
l'insulter et de le torturer, pendant qu’il était encore son pouvoir. Voilà
pourquoi il Le renversa une troisième fois.
Il ne nous reste plus qu’à adresser à Notre Dieu, du plus profond de notre
âme, ce cri : Kyrie, eleison.
10° Station - Jésus est dépouillé de ses vêtements.
Le vêtement donne à l’homme sa position sociale, il lui donne sa place dans
la société, il le fait être quelqu’un. Être dépouillé en public signifie,
pour Jésus, n’être plus personne, n’être rien d’autre qu’un exclu, méprisé
de tous. Le moment du dépouillement nous rappelle aussi l’exclusion du
paradis : la splendeur de Dieu a disparu en l’homme qui maintenant se trouve
là, nu et exposé, dénudé et honteux. De cette manière, Jésus assume encore
une fois la situation de l’homme pécheur. Ce Jésus dépouillé nous rappelle
le fait que, tous, nous avons perdu notre «premier vêtement», c’est-à-dire
la splendeur de Dieu. Sous la croix les soldats tirent au sort pour se
partager ses pauvres biens, ses vêtements. Les évangiles rappellent qu'il
s’agit là de l’accomplissement des prophéties. Rien n’est pure coïncidence,
tout ce qui arrive est contenu dans la Parole de Dieu et voulu par son
dessein divin. Le Seigneur fait l’expérience de toutes les stations et de
tous les degrés de la perdition humaine, et chacun de ces degrés est, avec
toute son amertume, une étape de la Rédemption : c’est ainsi qu’il ramène au
bercail la brebis perdue.
En outre, cet habit du Christ était riche de symbole : en effet, saint Jean
nous enseignant que sa tunique était toute d’une pièce, on peut y voir une
allusion au vêtement du grand prêtre, qui lui aussi était tissé d’une seule
pièce. Dès lors, comment ne pas comprendre que Lui, le Crucifié, est le
véritable grand prêtre.
11° Station - Jésus est cloué à la Croix.
Les minutes de l’agonie s’écoulent et l’énergie vitale de Jésus s’épuise
lentement sur la croix. Pourtant il a encore la force d’accomplir un dernier
acte d’amour à l’égard de l’un des deux condamnés à mort qui sont à ses
côtés. Entre le Christ et cet homme se déroule un fragile dialogue qui tient
en deux phrases essentielles : D’un côté, l’appel du malfaiteur, du bon
larron, du converti de la dernière heure : « Jésus, souviens-toi de moi
lorsque tu viendras avec ton Royaume ». La réponse de Jésus est très
brève… comme un souffle : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le
Paradis ». Ce mot « Paradis » est très rare dans l’Écriture : Il
n’apparaît que deux autres fois dans le Nouveau Testament. Il évoque à
l’origine un jardin fertile et fleuri : C’est une image évocatrice du
Royaume de lumière et de paix que Jésus avait annoncé dans sa prédication et
qu’il avait inauguré par ses miracles. C’est le but de notre difficile
chemin dans l’histoire, c’est la plénitude de la vie, c’est l’intimité de
l’étreinte avec Dieu. C’est le don ultime que le Christ nous fait à travers
le sacrifice de sa mort qui s’ouvre sur la gloire de la résurrection.
Le dialogue s’arrête donc là. Mais ces quelques paroles jaillissant
péniblement des deux gorges desséchées, se font encore entendre aujourd’hui
et elles résonnent toujours comme un signe de confiance et de salut pour
celui qui a péché mais qui aussi a cru et espéré, fût-ce à la toute dernière
extrémité de sa vie.
12° Station - Jésus meurt sur la Croix.
Au début de ce chemin de croix, nous avons considéré la nuit pâle de
Gethsémani. Mais maintenant c’est l’obscurité. Les ténèbres semblent donc
vaincre la terre où Dieu meurt. Le Fils de Dieu pour être vraiment homme et
notre frère, doit aussi boire le calice de la mort car cette dernière est
commune à nous autres, fils d’Adam. Ainsi devient-Il par sa mort, semblable
à ses frères. Il devient pleinement l’un de nous, présent avec nous à ce
moment terrible. Moment qui se produit certainement en ce moment même pour
un homme ou une femme, ici à Paris, dans d’autres villes et lieux de ce
monde.
Dans le Christ qui meurt, il y a un Dieu passionné, amoureux de ses
créatures au point de mourir librement dans la souffrance. C’est pour cela
que le Christ Crucifié est le signe humain universel de la solitude de la
mort, de l’injustice et du mal ; mais aussi le signe divin universel
d’espérance, de don de soi et de vie.
En effet, même lorsqu’il est là, mourant sur la croix, tandis que son
souffle s’éteint, Jésus ne cesse pas d’être le Fils de Dieu. À ce moment-là,
toutes les souffrances et toutes les morts sont traversées et prises par la
divinité, elles sont irradiées d’éternité, un germe de vie éternelle est
déposé en elles, et sur elles brille une étincelle de lumière divine.
« Père, entre tes mains je remets mon esprit… Consummatum est… Tout est
accompli… » Le mystère de l'amour de Dieu envers nous est accompli !
La rançon est payée et nous sommes rachetés. Dieu ne voulait pas nous
pardonner gratuitement afin de nous montrer combien nous étions chers à ses
yeux : Ce que l'on achète a de la valeur. Aussi pour montrer son amour pour
nous, Il fixa un prix : La mort de son propre Fils, revêtu de notre nature
humaine.
13° Station - Jésus est déposé dans les bras de sa
sainte Mère.
Si Marie avait commencé à se détacher de son Fils depuis ses douze ans où Il
lui avait dit qu’il avait une autre maison et une autre mission à accomplir,
à ce moment précis, son détachement est suprême. C’est une heure de
déchirement, celle que connaît toute mère quand elle voit renversée la
logique même de la nature selon laquelle ce sont les mères qui doivent
mourir avant leurs enfants. Mais saint Jean n’évoque aucune larme sur son
visage, aucun cri sur ses lèvres. C’est au contraire un halo de silence.
Ce détachement extrême n’est pas stérile : au contraire il est d’une
fécondité inattendue, semblable à une mère qui accouche. En effet, Marie
redevient mère. Et de fait l’Evangile reprend le mot de « mère » 5 fois dans
ce tragique passage. Marie donc, redevient mère et ses fils seront tous ceux
qui, comme « le disciple bien-aimé », se placent sous le manteau de la grâce
divine et qui suivent le Christ dans la foi et dans l’amour.
À partir de cet instant, Marie ne sera plus seule, elle deviendra la mère de
l'Église, d’un peuple immense, de toute langue, nation et race, qui, tout au
long des siècles, se pressera avec elle autour de la croix du Christ, son
premier-né.
Jésus est maintenant redevenu votre propriété, ô Vierge-Mère, car le monde
et Lui se sont séparés pour toujours. Il vous avait quittée pour faire
l'œuvre de son Père, Il l'a terminée et l'a soufferte. Satan et les mauvais
hommes n'ont plus maintenant aucun droit sur Lui, trop longtemps Il a été
dans leurs mains. Vous avez maintenant droit à Le reprendre, maintenant que
le monde a fini de Lui nuire.
Vierge Mère de Dieu, priez pour nous.
14° Station - Jésus est déposé dans le sépulcre.
Le corps crucifié et torturé du Christ est délicatement enveloppé dans le
Saint-Suaire par Joseph d’Arimathie et placé dans le sépulcre taillé dans le
roc. Durant les heures de silence qui vont suivre, le Christ sera vraiment
comme tous les hommes qui entrent dans les entrailles obscures de la mort et
de la rigidité cadavérique. Pourtant, dans ce crépuscule du Vendredi saint,
il y a comme un frémissement : Saint Luc note que « déjà brillaient les
lumières du sabbat » aux fenêtres des maisons de Jérusalem. La veillée que
les Juifs vivent dans leurs maisons devient presque le symbole de l’attente
des femmes et de Joseph d’Arimathie et des autres disciples. Une attente qui
emplit maintenant avec une tonalité nouvelle le cœur de tout croyant qui se
trouve devant un tombeau ou qui sent la main glacée de la maladie ou de la
mort l’envahir. C’est l’attente d’une aube nouvelle. En cette aurore, sur le
chemin qui mène aux tombeaux, l’ange viendra à notre rencontre et il nous
dira : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas
ici, il est ressuscité ! ». Et sur le chemin du retour vers nos maisons,
c’est le Ressuscité qui s’approchera de nous, marchant avec nous, et qui
passera le seuil de la maison pour être l’hôte de notre table.
abbé Guillaume de Tanoüarn
►
Chemin de croix présidé par Benoît XVI au Colysée : méditations
Sources : ab2t.blogspot
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.04.09 -
T/Méditation |