Réaction en France au Motu Proprio de
Benoît XVI |
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Le 07 octobre 2007 -
(E.S.M.) -
Quelques réactions en France au Motu proprio du Saint-Père Benoît XVI.
Mgr Jean-Pierre Grallet, Mgr François Maupu et Mgr Olivier de Berranger
s'expriment.
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Introibo
ad altare Dei-
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Réaction en France au Motu Proprio de Benoît XVI
Mgr Jean-Pierre Grallet, archevêque de
Strasbourg, présente aux prêtres d’Alsace le
Motu Proprio de Benoît XVI dans son bulletin diocésain L’Église en
Alsace de septembre 2007. Il rappelle tout d’abord «
ce que veut le pape » : « Il ne souhaite en aucune manière
remettre en cause la légitimité de Vatican II, de même qu’il lui tient à
cœur de souligner que l’Église n’a pas connu de rupture dans sa tradition au
cours du Concile. Cette affirmation constitue d’ailleurs à elle seule la
négation la plus vive du courant intégriste, qui dénonce une telle
interruption ». Puis, il indique la « pratique
actuelle du diocèse » : Association de fidèles Saint Arbogast
dans le cadre juridique d’une paroisse personnelle. Mgr Grallet trouve cette
pratique suffisante puisqu’elle devançait les dispositions de Summorum
Pontificum, et il tient à souligner « le fait qu’en l’église Saint-Joseph de
Strasbourg, les prêtres de la paroisse traditionnelle célèbrent, non
seulement selon la forme traditionnelle du Missel de Jean XXIII, mais aussi
selon la forme actuelle du Missel de Paul VI. De cette manière, il apparaît
clairement que la messe dite de Saint Pie V n’a pas vocation à disqualifier
la messe issue de la réforme liturgique, mais qu’elle peut être reconnue
comme une forme extraordinaire de ce qui reste bien l’expression ordinaire
de la lex orandi de l’Église ». - Les Strasbourgeois peuvent donc se
féliciter d’avoir ainsi bénéficié des largesses du Motu Proprio avant le
Motu Proprio !
Quelques prêtres, voire quelques fidèles seront peut-être tentés de demander
un peu plus encore, c’est pourquoi l’archevêque de Strasbourg se voit
contraint d’étudier « ce qui est susceptible de
changer dans notre diocèse à la suite du Motu proprio », et de
préciser : « Peut-être que certains d’entre vous (prêtres) utiliseront la
faculté qui leur est désormais concédée de célébrer en privé la messe de
1962 (article 2). Je demande
que cela soit fait de telle sorte que cela ne
trouble pas la grande majorité des fidèles, et que cette
célébration ne se substitue donc pas aux messes de semaine actuellement
organisées dans les paroisses.
« Pour ce qui est des demandes qui émaneraient de groupes paroissiaux
stables (article 5), je
souligne la responsabilité propre des curés canoniquement désignés. Il
n’appartient ni aux prêtres coopérateurs, ni aux
vicaires, ni à un groupe de fidèles, de se substituer à leur
autorité en la matière. Je veillerai, comme le Motu proprio le rappelle, à
ce que cette disposition s’applique pour le bien des fidèles, et en
‘favorisant l’unité de toute l’Église’.
« Dans sa
lettre d'accompagnement du Motu Proprio, le Pape Benoît XVI prévoit
que les demandes seront assez rares,
d’autant qu’elles exigeront, de la part des prêtres et des fidèles, une
connaissance approfondie du rite. Sera-ce le cas ?
C’est vraiment souhaitable. La mise en application de ce Motu
Proprio soulèvera bien des questions concrètes, souvent difficiles à
résoudre (disposition des lieux, emploi du temps des prêtres, questions du
peuple chrétien, etc.). Il faudra beaucoup de bon sens pastoral pour éviter
que ne surgissent incompréhension et désaccords.
« Par conséquent, je demande aux fidèles attachés à la forme liturgique
ancienne de la pratiquer, comme cela était déjà prévu dans notre diocèse,
dans les deux lieux de cultes dévolus à la paroisse traditionnelle, à
Strasbourg et à Colmar ».
En clair, à Strasbourg comme dans la plupart des
diocèses de France, motu proprio rimera avec statu quo : pas de nouvelles
églises pour la messe tridentine, ce qui existe déjà est largement suffisant
et il est inutile de faire appel à des communautés Ecclesia Dei.
A Verdun, la bataille de la messe traditionnelle n’aura pas lieu. En effet,
Mgr François Maupu donne, dans une lettre intitulée « L’obsession de l’unité
», les raisons qu’il y a de ne pas appliquer inconsidérément ce Motu
Proprio. Il révèle ce que personne avant lui ne soupçonnait : « (…) le
gouvernement de l’Eglise est une affaire délicate et complexe. Le Cardinal
Castrillón Hoyos a préparé un texte de motu proprio à l’automne 2006. Le
Saint Père Benoît XVI a entendu par la suite de nombreuses réactions, dont
celles des cardinaux français Lustiger, Ricard et Barbarin. Le Cardinal
Castrillón n’a pas modifié son texte. Le Saint Père a donc dû accompagner ce
texte d’une lettre à tous les évêques dans laquelle, sans contredire le motu
proprio, il dit qu’il pense qu’il ne concernera qu’un petit nombre de
personnes et il rappelle l’autorité de chaque évêque dans le domaine de la
liturgie dans son diocèse ». – Ainsi donc le
cardinal Castrillón Hoyos aurait forcé la main de Benoît XVI ?
Et l’évêque de Verdun prévient : « (…) on risque parfois de trahir de bonnes
intentions par une mise en œuvre maladroite. Ce fut le cas de l’incident de
Ratisbonne, quand il s’agissait de parler avec les musulmans des rapports
entre la foi et la raison. Ce fut le cas encore en juin avec la publication
d’un document de la Congrégation pour la doctrine de la foi destiné à
rassurer les intégristes qui se poseraient la question "Le Concile Vatican
II a-t-il changer la doctrine antérieure sur l’Église ? " Pour leur
permettre d’accepter le Concile et de rester dans l’unité de l’Église, la
réponse emploie un langage d’avant Vatican II qui a blessé les protestants
et les orthodoxes : effort vers l’unité d’un côté qui provoque des tensions
d’un autre côté ! ». – Là au moins on peut être
certain qu’il n’y aura pas de mise en œuvre maladroite du Motu Proprio parce
qu’il n’y aura pas de mise en œuvre du tout.
A Saint-Denis, en région parisienne, Mgr Olivier de
Berranger est sur la même ligne. Après avoir consulté Catherine
Pic, « déléguée diocésaine à la Pastorale liturgique et sacramentelle » il
donne quelques précisions, dans une lettre du 11 juillet. Par
forme extraordinaire, il faut entendre : « la célébration
correspondant aux livres liturgiques édités par Jean XXIII en 1962 qui
reprenaient ceux hérités du Concile de Trente en les débarrassant de
formules désobligeantes pour le peuple juif ». A propos du curé qui a le
droit d’accéder à la demande d’un groupe stable désireux d’avoir la messe
traditionnelle, l’évêque de Saint-Denis ajoute que «
le modérateur d’une équipe pastorale a les mêmes facultés », en
précisant que « ‘modérateur’ (dans le sens latin, moderare) signifie
‘garder’ et ‘promouvoir’ », mais Mgr de Berranger ne donne pas de complément
d’objet à ces deux verbes… Au sujet du groupe stable, il est indiqué : « Le
décret n’autorise pas la célébration de la messe selon la forme
extraordinaire en fonction du goût de chacun. Ceux qui le demandent doivent
être connus comme ‘fidèles’ de la paroisse et représenter un nombre
conséquent, désireux de vivre en communion avec l’ensemble de la communauté
», et d’ajouter en citant la lettre d’accompagnement du Motu Proprio du pape
Benoît XVI : « ‘pour vivre la pleine communion, les prêtres des communautés
qui adhèrent à l’usage ancien (communautés Ecclesia Dei, ndlr) ne peuvent
pas, par principe, exclure la célébration selon les nouveaux livres’, parce
que ce ne serait pas cohérent avec ‘la reconnaissance de la valeur et de la
sainteté’ de la forme ordinaire promulguée au Concile ». Mais le clergé de
Seine-Saint-Denis ne court aucun danger, car « il est vrai que nous n’avons
pas ce type de communauté dans le diocèse », - et qu’on ne risque pas d’en
voir de sitôt !
Sources:
Abbé Alain Lorans, responsable de la cellule de communication
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 07.10.2007 - BENOÎT XVI
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