Mgr Gänswein : Benoît XVI, la fin de l’ancien monde et le début du
nouveau
Le 07 septembre 2023 -
E.S.M.
-
Mgr Georg Gänswein sera le 1er octobre
prochain l'invité du Sanctuaire "Mère au bon cœur"
à Waghäusel en Allemagne et présidera une messe
Pontificale à 15H. Nous reproduisons un exposé
de George Gänswein
prononcé le 21 mai 2016 à l'Université Grégorienne à l’occasion de la présentation
d’un livre sur le pontificat Ratzinger [“Oltre la
crisi della Chiesa. Il pontificato di Benedetto XVI”
de l’abbé Roberto Regoli], cité et traduit par
benoit-et-moi; c'est est un document
ESSENTIEL pour comprendre ce qui s’est passé
dans l’Eglise.
Mgr Georg Gänswein -
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Mgr Gänswein : Benoît XVI, la fin de l’ancien monde et le début du nouveau
Le 07 septembre 2023 -
E.S.M. -
Dans l’une des dernières conversations que le biographe du Pape, Peter
Seewald, de Münich, put avoir avec Benoît XVI, en prenant congé, il lui
demanda «Vous êtes la fin de l’ancien ou le début du nouveau?». La
réponse du Pape fut brève et sans hésitation: «L’un et l’autre», répondit-il.
L’enregistreur avait déjà été éteint; Voilà pourquoi ce dernier échange
de mots ne se trouve dans aucun des livres-entretiens de Peter Seewald, même
dans le fameux « Lumière du monde ». Ils ne se trouvent que dans une
interview qu’il accorda au Corriere della Sera le lendemain de la
déclaration de renonciation de Benoît XVI, dans laquelle le biographe se
souvint de ces mots-clés qui apparaissent d’une certaine manière comme
maxime sur le livre de Roberto Regoli.
En fait, je dois admettre qu’il est peut-être impossible de résumer de
façon aussi concise le pontificat de Benoît XVI. Et celui qui le dit, c’est
quelqu’un qui, au fil des ans, a eu le privilège de faire de près
l’expérience de ce Pape comme un classique « homo historicus« ,
l’homme occidental par excellence qui a incarné la richesse de la
tradition catholique comme aucun autre; et – en même temps – a eu
l’audace d’ouvrir la porte à une nouvelle phase, pour ce tournant historique
qu’il y a cinq ans, personne n’aurait imaginé. Depuis lors, nous vivons dans
une période historique qui dans l’histoire bimillénaire de l’Eglise est sans
précédent.
Deux papes
Comme à l’époque de Pierre, aujourd’hui encore l’Eglise une, sainte,
catholique et apostolique continue d’avoir un unique Pape légitime. Et
pourtant, depuis maintenant trois ans, nous vivons avec deux successeurs de
Pierre vivant parmi nous – qui ne sont pas dans un rapport de concurrence
l’un avec l’autre, et pourtant tous les deux avec une présence
extraordinaire! Nous pourrions ajouter que l’esprit de Joseph Ratzinger a
déjà marqué auparavant de façon décisive le long pontificat de saint
Jean-Paul II, qu’il a fidèlement servi pendant près d’un quart de siècle
comme préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Beaucoup
continuent à percevoir aujourd’hui encore cette nouvelle situation comme une
sorte d’état d’exception voulu par le Ciel.
Trop tôt pour un bilan
Mais est-ce déjà le moment de faire un bilan du pontificat de Benoît XVI?
En général, dans l’histoire de l’Eglise, ce n’est qu’ ex post que
les Papes peuvent être jugés et situés correctement. Et comme preuve de
cela, Regoli lui-même mentionne le cas de Grégoire VII, le grand pape
réformateur du Moyen-Age, qui au terme de sa vie mourut en exil à Salerne –
en ayant échoué, de l’avis de beaucoup de ses contemporains. Pourtant,
Grégoire VII fut justement celui qui, au milieu des controverses de son
temps, modela de manière décisive le visage de l’Eglise pour les générations
qui suivirent. Le professeur Regoli semble donc aujourd’hui d’autant plus
audacieux, en tentant de tracer déjà un bilan du pontificat de Benoît XVI
encore en vie.
La quantité de matériel critique qu’il a examiné et analysé dans ce but,
est puissante et impressionnante. En effet, Benoît XVI est et reste
extraordinairement présent avec ses écrits: à la fois ceux produits
comme pape – les trois livres sur Jésus de Nazareth et les seize (!) volumes
d’enseignement qu’il nous a livrés dans son pontificat – et comme professeur
Ratzinger ou Cardinal Ratzinger, dont les œuvres pourraient remplir une
petite bibliothèque.
Un nouveau ministère papal
Et ainsi, cette œuvre de Regoli ne manque pas de notes de bas de la page,
aussi nombreuses que les souvenirs qu’elle éveille en moi. Parce que j’étais
présent lorsque Benoît XVI, à la fin de son mandat, déposa l’anneau du
pécheur, comme c’est l’usage au lendemain de la mort d’un pape, même si dans
ce cas, il était encore en vie! J’étais présent quand pourtant, il
décida de ne pas renoncer au nom qu’il avait choisi, comme l’avait
fait en revanche le pape Célestin V quand le 13 Décembre 1294, quelques mois
après le début de son ministère, il était redevenu Pietro de Morrone.
Par conséquent, depuis le 11 Février 2013, le ministère papal n’est
plus celui d’avant. Il est et reste le fondement de l’Eglise
catholique; et pourtant, c’est un fondement que Benoît XVI a profondément et
durablement transformé dans son pontificat d’exception (Ausnahmepontifikat),
à propos duquel le sobre cardinal Sodano, réagissant avec simplicité et
immédiateté après la surprenante déclaration de renoncement, profondément
ému et presque saisi d’égarement, s’était exclamé que cette nouvelle avait
résonné parmi les cardinaux réunis «comme un coup de tonnerre dans un ciel
serein». C’était le matin de ce même jour où, dans la soirée, un
éclair kilomètrique avec un incroyable fracas frappa la pointe de la coupole
de Saint-Pierre posée sur la tombe du Prince des Apôtres. Rarement le cosmos
a accompagné de manière plus dramatique un tournant historique. Mais
le matin de ce 11 Février, le doyen du Collège des cardinaux Angelo Sodano
conclut sa réponse à la déclaration de Benoît XVI avec une première et tout
aussi cosmique évaluation du pontificat, quand enfin il dit:
«Bien sûr, les étoiles dans le ciel continueront toujours à briller,
tout comme brillera toujours au milieu de nous l’étoile de Votre
pontificat».
« Sel de la terre » contre « mafia de St-Gall » (et préfiguration du
prochain synode?)
Tout aussi brillante et éclairante est l’exposition complète et bien
documentée que fait don Regoli des différentes phases du pontificat. Surtout
du début de celui-ci, dans le conclave d’Avril 2005, dont Joseph Ratzinger,
après l’une des plus courtes élections dans l’histoire de l’Eglise, sortit
élu après seulement quatre tours de scrutin, à la suite d’une lutte
dramatique entre le « Parti du sel de la terre », autour des cardinaux Lopez
Trujillo, Ruini, Herranz, Rouco Varela ou Medina et le soi-disant « Groupe
de Saint-Gall » autour des cardinaux Danneels, Martini, Silvestrini ou
Murphy-O’Connor; groupe que récemment, le cardinal de Bruxelles, Danneels en
personne, a défini sur le ton de la plaisanterie comme « une espèce de
mafia-club ».
L’élection était certainement aussi le résultat d’un
affrontement, dont la clef avait pratiquement été fournie par le cardinal
Ratzinger lui-même, en tant que doyen, dans l’homélie historique du 18 Avril
2005 à Saint-Pierre; et précisément là où à «une dictature du relativisme
qui ne reconnaît rien que comme définitif et qui n’a comme seule mesure que
le ‘moi’ et ses désirs» il avait opposé une autre mesure: «le Fils de Dieu
et vrai homme» comme «la mesure du véritable humanisme».
Cette partie de la pénétrante analyse de Regoli se lit aujourd’hui
presque comme un roman à suspense (giallo) palpitant d’il n’y pas
trop longtemps; alors qu’au contraire la «dictature du relativisme»
s’exprime depuis quelque temps de manière irrésistible à travers les
nombreux canaux des nouveaux moyens de communication qu’en 2005, on pouvait
à peine imaginer.
Benoît XVI ne souhaitait pas être pape
Déjà le nom que le nouveau pape se donna sitôt élu représentait un
programme. Joseph Ratzinger ne devint pas Jean-Paul III, comme peut-être
beaucoup l’auraient souhaité. Au lieu de cela, il se rattacha à Benoît XV –
le grand pape inécouté et infortuné de la paix, des terribles années de la
Première Guerre mondiale – et à saint Benoît de Nursie, patriarche du
monachisme et patron de l’Europe.
Je pourrais paraître comme grand témoin pour affirmer qu’au cours des
années précédentes, le cardinal Ratzinger n’avait jamais rien fait pour
accéder à la plus haute charge de l’Eglise catholique.
Au contraire, il rêvait déjà vivement d’une condition qui lui permettrait
d’écrire dans la paix et la tranquillité, quelques derniers livres. Tout le
monde sait que les choses allèrent différemment. Durant l’élection, ensuite,
dans la chapelle Sixtine, je fus témoin qu’il vécut l’élection comme un
« véritable choc » et éprouva « un trouble » et qu’il se sentit « comme
étourdi » dès qu’il réalisa que « le couperet » de l’élection allait tomber
sur lui. Je ne révèle ici aucun secret parce que ce fut Benoît XVI lui-même
qui l’avoua publiquement à la première audience accordée aux pèlerins qui
étaient venus d’Allemagne. Et il n’est donc pas surprenant que Benoît XVI
ait été le premier pape qui immédiatement après son élection, invita les
fidèles à prier pour lui, un fait qu’une fois de plus ce livre nous
rappelle.
Regoli décrit les différentes années de ministère de manière captivante
et émouvante, rappelant la maestria et la sûreté avec laquelle
Benoît XVI exerça son mandat. Et qui émergèrent quelques mois après son
élection, quand il invita pour une conversation privée à la fois son vieil
adversaire acharné Hans Küng, et Oriana Fallaci, la grande dame agnostique
et combative d’origine juive des médias laïcs italiens; ou
quand il nomma Werner Arber, Suisse évangélique et prix Nobel, comme premier
président non-catholique de l’Académie pontificale des sciences sociales.
Personne ne peut lire dans le cœur de l’autre
Regoli ne manque pas de mentionner l’accusation de manque de
connaissances des hommes qui, souvent, a été adressée au génial théologien
dans les souliers du Pêcheur; capable d’évaluer génialement des textes et
des livres difficiles, et qui pourtant, en 2010, confia avec franchise à
Peter Seewald combien il trouvait difficiles les décisions sur les personnes
parce que « personne ne peut lire dans le cœur de l’autre ». Comme c’est
vrai!
Pas un « pape acteur », mais un homme
A juste titre, Regoli qualifie 2010 d' »année noire » pour le Pape, et
précisément en relation avec l’accident mortel tragique de Manuela Camagni,
l’une des quatre Memores appartenant à la petite « famille
pontificale ». Je peux le confirmer sans aucun doute.
En comparaison avec ce malheur, les sensationnalismes médiatiques de ces
années – depuis l’affaire de l’évêque traditionaliste Williamson jusqu’à une
série d’attaques de plus en plus malveillantes contre le pape – tout en
ayant un certain effet, ne touchèrent pas le cœur le pape autant que la mort
de Manuela , si soudainement arrachée à notre environnement. Benoît
n’était pas un « pape acteur », et encore moins un « pape automate »
insensible; sur le trône de Pierre aussi, il était et il est resté un homme;
ou, comme le dirait Conrad Ferdinand Meyer, il n’a pas été un « livre
ingénieux », mais « un homme avec ses contradictions ». C’est ainsi que j’ai
pu moi-même le connaître et l’apprécier quotidiennement. Et c’est ainsi
qu’il est resté jusqu’à aujourd’hui.
Une fin de pontificat dense, quoi qu’on pense
Regoli observe cependant qu’après la dernière encyclique, Caritas in
veritate du 4 Décembre 2009, un pontificat dynamique, innovant et avec
une forte charge du point de vue œcuménique, liturgique et canonique, était
soudainement apparu « ralenti », bloqué, enlisé.
Bien qu’il soit vrai que, dans les années qui ont suivi, le vent
contraire augmenta, je ne peux pas confirmer ce jugement.
Ses voyages au Royaume-Uni (2010), en Allemagne et à Erfurt, la ville de
Luther (2011), ou dans le Moyen-Orient en feu – chez les chrétiens inquiets
du Liban (2012) – ont tous été des jalons œcuméniques des dernières années.
Sa conduite résolue pour la solution du problème des abus a été et reste une
orientation décisive sur la façon de procéder. Et quand, avant lui, y a-t-il
jamais eu un pape qui – avec sa très lourde tâche – a également écrit des
livres sur Jésus de Nazareth, qui seront peut-être eux aussi considérés
comme son legs le plus important?
Une démission… (?)
Il n’est pas nécessaire que je m’arrête ici sur la façon dont lui, qui
avait été tellement frappé par la mort subite de Manuela Camagni, plus tard,
a également souffert de la trahison de Paolo Gabriele, qui était aussi un
membre de la même « famille pontificale ».
Et pourtant, il est bon que je dise très clairement une fois pour toutes
que Benoît, à la fin, n’a pas démissionné à cause du malheureux et mal
conseillé camérier, ou à cause des « bons morceaux » en provenance de son
appartement, qui dans l’ « affaire Vatileaks » circulèrent à Rome comme de
la fausse monnaie, mais furent prises par le reste du monde comme
d’authentiques lingots d’or. Aucun traître ou corbeau, aucun journaliste,
n’auraient pu le pousser à cette décision. Ce scandale était trop petit pour
une chose aussi grande, et encore plus grand le pas mûrement réfléchi, d’une
importance historique millénaire, que Benoît XVI a accompli.
L’exposition de ces événements par Regoli mérite d’être examinée, aussi
parce qu’il n’avance pas la prétention de sonder et d’expliquer complètement
ce dernier et mystérieux pas; n’enrichissant ainsi pas davantage le
pullulement des légendes avec de nouvelles hypothèses qui ont peu ou rien à
voir avec la réalité. Et moi aussi, témoin immédiat de ce pas spectaculaire
et inattendu de Benoît XVI, je dois avouer que pour moi, il me revient
toujours à l’esprit le célèbre et génial axiome avec lequel au Moyen Age,
Jean Duns Scot a justifié le décret divin pour la conception immaculée la
Mère de Dieu: “Decuit, potuit, fecit”. Autrement dit: c’était une
chose appropriée car elle était raisonnable. Dieu pouvait, et donc il l’a
fait.
J’applique l’axiome à la décision de la démission de la façon suivante:
c’était approprié, parce que Benoît XVI était conscient qu’il n’avait plus
la force nécessaire pour la charge très lourde. Il pouvait le faire, parce
que depuis longtemps déjà, il avait réfléchi à fond, du point de vue
théologique, à la possibilité de papes émérite pour l’avenir. Alors il l’a
fait.
La bataille sémantique munus/ministère
au cœur du « mystère » de la démission
La démission historique du pape théologien a représenté un pas en avant
principalement pour le fait que le 11 Février 2013, parlant en latin devant
les cardinaux surpris, il a introduit dans l’Eglise catholique la nouvelle
institution du « pape émérite », déclarant que ses forces n’étaient plus
suffisantes « pour exercer correctement le ministère pétrinien ».
Le mot clé dans cette déclaration
est ‘munus petrinum’, traduit – comme c’est le cas la plupart du
temps – par « ministère pétrinien ». Et pourtant, munus, en latin,
a une multiplicité de significations: il peut signifier service, devoir,
conduite ou don, et même prodige. Avant et après sa démission Benoît a
entendu et entend sa tâche comme participation à un tel « ministère
pétrinien ». Il a quitté le trône pontifical et pourtant, avec le pas du 11
Février 2013, il n’a pas abandonné ce ministère. Il a au contraire intégré
l’office personnel dans une dimension collégiale et synodale, presque un
ministère en commun, comme si, en faisant cela, il voulait répéter
encore une fois l’invitation contenue dans la devise que le Joseph Ratzinger
d’alors se donna comme archevêque de Münich et Freising et qu’ensuite il a
naturellement maintenue comme évêque de Rome: « cooperatores veritatis« ,
qui signifie justement « coopérateurs de la vérité ». En effet, ce n’est pas
un singulier, mais un pluriel, tiré de la troisième lettre de Jean, dans
lequel il est écrit au verset 8: «Nous devons accueillir ces personnes pour
devenir coopérateurs de la vérité ».
Un pontificat bicéphale?
Depuis l’élection de son successeur
François le 13 Mars 2013, il n’y a donc pas deux papes, mais de facto un
ministère élargi – avec un membre actif et un membre contemplatif. C’est
pour cela que Benoît XVI n’a renoncé ni à son nom, ni à la soutane blanche.
C’est pour cela que l’appellation correcte pour s’adresser à lui est encore
aujourd’hui « Sainteté ». Et c’est pour cela qu’il ne s’est pas retiré dans
un monastère isolé, mais à l’intérieur du Vatican – comme s’il avait fait
seulement un « pas de côté » pour faire place à son successeur et à une
nouvelle étape dans l’histoire de la papauté, qu’avec ce pas, il a enrichie
de la « centrale » de sa prière et de sa compassion placée dans les jardins
du Vatican.
Ce fut « le pas le moins attendu dans le
catholicisme contemporain », écrit Regoli, et pourtant une possibilité sur
laquelle le cardinal Ratzinger avait déjà réfléchi publiquement le 10 Août
1978 à Münich, dans une homélie à l’occasion de la mort de Paul VI.
Trente-cinq ans plus tard, il n’a pas abandonné l’Office de Pierre – chose
qui lui aurait été tout à fait impossible à la suite de son acceptation
irrévocable de l’office en Avril 2005. Par un acte de courage
extraordinaire, il a au contraire renouvelé cette charge (y compris contre
l’avis de conseillers bien intentionnés et sans doute compétents) et avec un
dernier effort, il l’a renforcée (comme je l’espère). Cela, seule l’histoire
pourra le prouver. Mais dans l’histoire de l’Eglise, il restera que, dans
l’année 2013, le célèbre théologien sur le Trône de Pierre est devenu le
premier « Papus emeritus » de l’histoire. Depuis lors, son
rôle – je me permets de le répéter encore une fois – est tout à fait
différent de celui, par exemple, du saint pape Célestin V, qui, après sa
démission en 1294, a voulu redevenir ermite, devenant au contraire
prisonnier de son successeur, Boniface VIII (auquel aujourd’hui nous devons
dans l’Eglise l’institution d’années jubilaires).
Un pas comme celui accompli par Benoît XVI, jusqu’à ce jour, il n’y en avait
jamais eu. Il n’est donc pas surprenant que par certains, il ait été perçu
comme révolutionnaire, ou au contraire, entièrement conforme à l’Évangile;
tandis que d’autres encore y voient la papauté sécularisée comme jamais
auparavant, et ainsi plus collégiale et fonctionnelle ou même simplement
plus humaine et moins sacrée. Et d’autres encore sont d’avis que Benoît XVI,
avec ce pas, a presque – pour parler en termes théologiques et
historico-critiques – démythisé la papauté.
La dernière audience, et un testament
Dans cette photo panoramique du pontificat, Regoli expose clairement tout
cela, comme jamais personne auparavant. La partie peut-être la plus
émouvante de la lecture a été pour moi le passage où, dans une longue
citation, il rappelle la dernière audience générale du pape Benoît XVI le 27
Février 2013, quand, sous un ciel inoubliablement limpide et clair le pape
qui d’ici peu allait démissionner résuma ainsi son pontificat:
« Cela a été un bout de chemin de l’Église qui a eu des
moments de joie et de lumière, mais aussi des moments pas faciles ; je
me suis senti comme saint Pierre avec les Apôtres dans la barque sur le
lac de Galilée : le Seigneur nous a donné beaucoup de jours de soleil et
de brise légère, jours où la pêche a été abondante ; il y a eu aussi des
moments où les eaux étaient agitées et le vent contraire, comme dans
toute l’histoire de l’Église, et le Seigneur semblait dormir. Mais j’ai
toujours su que dans cette barque, il y a le Seigneur et j’ai toujours
su que la barque de l’Église n’est pas la mienne, n’est pas la nôtre,
mais est la sienne. Et le Seigneur ne la laisse pas couler ; c’est Lui
qui la conduit, certainement aussi à travers les hommes qu’il a choisis,
parce qu’il l’a voulu ainsi. Cela a été et est une certitude, que rien
ne peut troubler».
Je dois admettre qu’à relire ces mots, les larmes pourraient presque
encore me monter aux yeux, et d’autant plus pour avoir vu en personne et de
près à quel point l’adhésion du Pape Benoît XVI aux paroles de saint Benoît
– que « rien n’est à placer avant l’amour du Christ« , nihil amori
Christi praeponere, comme il est dit dans la règle transmise par le
pape Grégoire le Grand – a été inconditionnelle, pour lui et pour son
ministère. J’en fus alors témoin, mais je reste toujours fasciné par la
précision de cette dernière analyse, place Saint-Pierre, qui résonnait si
poétique, mais qui était rien moins que prophétique.
En effet, ce sont des mots auxquels aujourd’hui encore, François
pourrait immédiatement souscrire et souscrirait certainement. Ce n’est
pas aux papes, mais au Christ, au Seigneur Lui-même et à personne d’autre,
qu’appartient le vaisseau de Pierre fouetté par les vagues d’une mer
tempétueuse, quand toujours et encore nous avons peur que le Seigneur soit
endormi et ne se soucie pas de nos besoins, alors qu’il lui suffit d’un mot
pour arrêter toutes les tempêtes; quand, au contraire, , plus que les hautes
vagues et le hurlement du vent, c’est notre incrédulité, notre peu de foi et
notre impatience qui nous font constamment tomber dans une panique.
Ainsi, ce livre jette encore une fois un regard consolant sur
l’imperturbabilité et la sérénité tranquilles de Benoît XVI, au timon de la
barque de Pierre dans les années dramatiques 2005-2013.
Georg Gänswein
Original en italien:
www.acistampa.com
Mgr Georg Gänswein sera le 1er octobre l'invité du Sanctuaire
"Mère au bon cœur" à Waghäusel en Allemagne et présidera une
messe Pontificale à 15H.
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Sources
: benoit-et-moi.
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 07.09.2023