Caritas in Veritate de Benoît XVI,
Présentation par le Cardinal André Vingt-Trois de l'Encyclique |
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Le 07 juillet 2009 -
(E.S.M.)
- Présentation de grands repères de lecture de l'encyclique
Caritas in Veritate par le Cardinal André Vingt-Trois.
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Le Cardinal André
Vingt-Trois
Caritas in Veritate de Benoît XVI,
Présentation par le Cardinal André Vingt-Trois de l'Encyclique
Le 07 juillet 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Avant d'entrer dans la présentation de grands repères de lecture de
l'encyclique
Caritas
in Veritate, que j'ai le redoutable privilège de vous
présenter maintenant, je voudrais vous partager une impression personnelle
que j'ai retirée de cette première lecture. La troisième encyclique de
Benoît XVI m'apparaît d'abord comme un formidable message d'espérance que le
Pape veut adresser aux catholiques et, plus largement, à « tous les hommes
de bonne volonté », selon la formule consacrée, c'est-à-dire à tous ceux qui
sont intéressés par des réflexions inspirées par la foi chrétienne et qui
sont disposés à les accueillir sans a priori négatif.
Ce message d'espérance est le suivant : l'humanité a la mission et les
moyens de maîtriser le monde dans lequel nous vivons. Non seulement elle
n'est pas soumise à une fatalité, mais encore elle peut transformer ce monde
en agissant sur les événements et faire progresser la justice et l'amour
dans les relations humaines, y compris dans le domaine social et économique,
et même dans une période de crise comme celle que nous connaissons.
Cette espérance se fonde sur une conviction : dans l'univers, l'être humain
a une dimension particulière qui lui permet de n'être pas soumis à la
domination mécanique des phénomènes, qu'ils soient naturels ou économiques
et sociaux. Il assume cette dimension particulière dans la mesure où il
reconnaît qu'il se reçoit dans une relation à un plus grand que lui, un
Absolu, plus grand que chacune de nos existences. Tout homme, qu'il soit
croyant ou non, doit bien prendre position sur la question d'un jugement
moral qui dépasse ses intérêts particuliers et dont sa conscience est le
témoin. Bien sur, pour les croyants, cette référence à une transcendance a
un nom, c'est Dieu.
Si je voulais maintenant entrer dans la lecture de ce livre de plus de cent
pages, la matinée n'y suffirait pas. Il ne faut pas évidemment y chercher un
catalogue de solutions mais sur beaucoup de sujets de la vie sociale,
l'encyclique est une stimulation pour exercer le jugement moral et pour
mettre en œuvre les critères de ce jugement. C'est pour répondre à cette
stimulation d'ailleurs que j'ai invité des responsables du monde politique,
économique et social à se rassembler le mercredi 15 juillet prochain au
Collège des Bernardins pour une présentation commentée de cette encyclique.
Je me contenterai maintenant de vous donner quelques points de référence qui
peuvent ressortir d'une première lecture.
Il nous donne ainsi un des thèmes centraux de tout l'ouvrage qui est le
développement. Sa démarche sur le développement s'inscrit d'abord dans la
tradition de la doctrine sociale de l'Église, au moins pour la période
moderne qui remonte à la fin du XIX° siècle avec l'encyclique de Léon XIII
Rerum Novarum
de 1891. Dans cette relecture historique, il accorde une attention très
particulière au Concile Vatican II, notamment la Constitution
Gaudium et
Spes, et à l'encyclique de Paul VI
Populorum Progressio de 1967, consacrée au « développement intégral » de
l'homme. « Intégral », cela veut dire qui concerne la totalité de la
personne dans chacune de ses dimensions. Ensuite, Benoît XVI fait une
lecture de la situation présente à la lumière de ce programme vieux de plus
de quarante ans.
Il relève les progrès qui ont pu être accomplis, mais il souligne aussi
l'aggravation de certaines situations, notamment dans l'écart croissant
entre une richesse de plus en plus grande pour certain, certains individus
et certains pays, et une pauvreté de plus en plus profonde entre les pays et
à l'intérieur de chaque pays.
Je voudrais souligner encore deux points très importants de l'encyclique :
1. Il n'y a aucun domaine d'activité humaine qui échappe à la responsabilité
morale. Ni le domaine économique, ni le domaine financier, ni le domaine
technologique, ni le domaine de la recherche scientifique. La moralité et
donc la valeur spécifiquement humaine des actions entreprises ne peut pas
être seulement une question que l'on pose a postériori quand tout est fini
et décidé, pour aménager des corrections aux marges. Elle est inhérente à la
totalité de la démarche, elle doit en être un élément constituant permanent.
Elle repose sur une évaluation des finalités visées et des moyens mis en
œuvre pour atteindre les objectifs. C'est la question du sens de l'action
humaine personnelle et collective. La justice et le bien commun sont les
deux critères pour évaluer ce qui est conforme à un développement vraiment
humain.
2. Le deuxième point concerne la réflexion sur la mondialisation et son
rapport au développement. L'extension de la mondialisation pose des
conditions nouvelles pour le développement en raison des interconnexions
accrues et de l'internationalisation des échanges économiques et financiers.
Cette situation conduit à examiner un certain nombre de questions, ce que
fait l'encyclique, que je ne fais qu'énumérer :
Le risque de laisser se développer une internationalisation exclusivement
économique et financière et de négliger les dimensions sociales et
culturelles de ce phénomène.
La mondialisation a représenté et représente une chance pour un certain
nombre de pays émergents. Elle a été et elle est aussi une catastrophe pour
d'autres pays, faute d'une régulation internationale.
La mondialisation suscite un nouvel équilibre entre les acteurs économiques,
les états et la société civile. Notamment les champs d'action des états et
leurs responsabilités ne sont plus les mêmes dans la mesure où beaucoup de
centres de décisions ont pris une position internationale qui échappe à
l'autorité particulière de chaque état, d'où la nécessité de reprendre à
frais nouveaux la question d'une régulation internationale, y compris pour
les organismes internationaux déjà existants.
Elle pose la question de la répartition des ressources et des moyens de
production. Il faut analyser les objectifs réels et les conditions des «
délocalisations ». S'agit-il simplement de trouver ailleurs de lieux de
production moins couteux au détriment des populations parmi lesquelles on
les installe - et en particulier au détriment de leurs droits sociaux - ou
s'agit-il de répartir de manière plus équitable l'utilisation d'une
technologie et la capacité d'entreprendre ?
Cette encyclique, imposante par sa taille et la multiplicité des sujets
qu'elle aborde, est cependant unifiée par une perspective générale sur la
responsabilité dans l'action économique et sociale. C'est le service de
l'homme qui est le critère ultime et définitif du projet social. Ce n'est
pas l'homme qui est au service d'un projet social. Mais quel service de
l'homme, quelle promotion de l'homme sont recherchés ? Autrement dit, quels
sont les modèles d'humanité qui servent de référence pour établir une
évaluation de l'action économique ? Comment est respectée l'unité de la
personne humaine dans tous les domaines de sa vie ? Comment éviter de
fractionner la perception de l'homme en fonction des critères de production
ou en fonction des critères de consommation ? Comment reconnaître et servir
l'unité de la personne humaine ? Un homme n'est jamais seulement un
consommateur, jamais seulement un producteur, jamais seulement un esthète,
jamais seulement un mystique. Il est tout à la fois un être de relation et
de production, de consommation et d'échange gratuit, un être socialisé et
acculturé. Cette encyclique est donc un commentaire d'une loi fondamentale
de la doctrine sociale de l'Église : « pour tout l'homme et pour tous les
hommes ».
Cardinal André Vingt-Trois, président de
la Conférence des évêques de France
Le 7 Juillet 2009
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Caritas in Veritate
Sources : eglise.catholique
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un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 07.07.09 -
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