Benoît XVI s'adresse au corps
diplomatique |
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Cité du Vatican, le 07 janvier 2008 -
(E.S.M.)
- Ce matin à 11h, le pape Benoît XVI s'est adressé, comme c'est
la tradition en début d'année, au corps diplomatique accrédité près le
Saint-Siège, devant lequel il a passé en revue les principaux moments de
2007.
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Le pape Benoît XVI au
Corps Diplomatique
Benoît XVI s'adresse au corps diplomatique
A 11h ce matin, dans la Salle Royale du palais Apostolique du Vatican, le
Saint-Père Benoît XVI a reçu en Audience, les Membres du Corps
Diplomatique près le Sainte Siège, pour la présentation des vœux pour la
nouvelle année. Après le discours d'un diplomate présentant ses vœux au nom
de tout le Corps diplomatique, c'est le pape qui s'est exprimé.
Texte intégral du discours du Saint Père
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
1. Je salue cordialement votre doyen, l'Ambassadeur Giovanni Galassi, et je
le remercie pour les aimables paroles qu'il m'a adressées au nom du Corps
diplomatique accrédité. A chacun de vous va un salut déférent, en
particulier à ceux qui participent pour la première fois à cette rencontre.
A travers vous, j'exprime mes vœux fervents aux peuples et aux gouvernements
que vous représentez avec dignité et compétence. Un deuil a frappé votre
communauté, il y a quelques semaines : l'Ambassadeur de France, Monsieur
Bernard Kessedjian, a terminé son pèlerinage terrestre ; que le Seigneur
l'accueille dans sa paix ! J'ai également aujourd'hui une pensée spéciale
pour les nations qui n'entretiennent pas encore de relations diplomatiques
avec le Saint-Siège : elles ont aussi une place dans le cœur du Pape.
L'Eglise est profondément convaincue que l'humanité constitue une famille,
comme j'ai voulu le souligner dans le Message pour la célébration de la
Journée Mondiale de la Paix de cette année.
2. Dans un esprit de famille, ont été établies les
relations diplomatiques avec les Emirats arabes unis et se sont
déroulées les visites à des pays qui me sont très chers. L'accueil
chaleureux des
Brésiliens est encore vibrant
dans mon cœur ! Dans ce pays, j'ai eu la joie de rencontrer les
représentants de la grande famille de l'Eglise en Amérique Latine et dans
les Caraïbes, réunis à Aparecida pour la Cinquième Conférence générale du
CELAM. Dans le domaine économique et social, j'ai pu recueillir des signes
éloquents d'espérance pour ce continent, en même temps que des motifs de
préoccupation. Comment ne pas souhaiter une coopération accrue entre les
peuples de l'Amérique Latine et, dans chacun des pays qui la composent,
l'abandon des tensions internes, afin qu'ils puissent converger sur les
grandes valeurs inspirées par l'Evangile ? Je désire mentionner Cuba, qui
s'apprête à célébrer le dixième anniversaire de la visite de mon vénéré
Prédécesseur. Le Pape Jean-Paul II fut reçu avec affection par les Autorités
et par la population, et il encouragea tous les Cubains à collaborer pour un
avenir meilleur. Qu'il me soit permis de reprendre ce message d'espérance,
qui n'a rien perdu de son actualité.
3. Ma pensée et ma prière se sont dirigées surtout vers les populations
frappées par d'épouvantables catastrophes naturelles. Je pense aux ouragans
et aux inondations qui ont dévasté certaines régions du
Mexique et de
l'Amérique centrale, ainsi que des pays d'Afrique et d'Asie, en particulier
le Bangladesh, et une partie de l'Océanie ; il faut mentionner aussi les
grands incendies. Le Cardinal Secrétaire d'Etat, qui s'est rendu au
Pérou
fin août, m'a rapporté un témoignage direct des destructions et de la
désolation provoquées par le terrible tremblement de terre, mais aussi du
courage et de la foi des populations touchées. Face à des événements
tragiques de ce genre, il faut un engagement commun et fort. Comme je l'ai
écrit dans l'Encyclique sur l'espérance, « la mesure de l'humanité se
détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui
souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société » (Encyclique
"Spe
Salvi", n. 38).
4. La préoccupation de la communauté internationale continue à être vive
pour le Moyen-Orient. Je suis heureux que la
Conférence d'Annappolis ait
donné des signes dans la voie de l'abandon du recours à des solutions
partielles ou unilatérales, au profit d'une approche globale, respectueuse
des droits et des intérêts des peuples de la région. Je fais appel, une fois
encore, aux Israéliens et aux Palestiniens, afin qu'ils concentrent leurs
énergies sur la mise en application des engagements pris à cette occasion et
qu’ils n'arrêtent pas le processus heureusement remis en route. J'invite en
outre la communauté internationale à soutenir ces deux peuples avec
conviction et avec compréhension pour les souffrances et les craintes de
chacun d'eux. Comment ne pas être proche du Liban, dans les épreuves et les
violences qui continuent à secouer ce cher pays ? Je souhaite que les
Libanais puissent décider de leur avenir librement et je demande au Seigneur
de les illuminer, à commencer par les responsables de la vie publique, afin
que, mettant de côté les intérêts particuliers, ils soient prêts à s'engager
sur le chemin du dialogue et de la réconciliation. C'est seulement ainsi que
le pays pourra progresser dans la stabilité et être à nouveau un exemple de
convivialité entre les communautés. En Irak aussi, la réconciliation est une
urgence ! Actuellement, les attentats terroristes, les menaces et les
violences continuent, en particulier contre la communauté chrétienne, et les
nouvelles qui sont parvenues hier confirment notre préoccupation ; il est
évident que le nœud de certaines questions politiques reste à trancher. Dans
ce cadre, une réforme constitutionnelle appropriée devra sauvegarder les
droits des minorités. D'importantes aides humanitaires sont nécessaires pour
les populations touchées par la guerre ; je pense en particulier aux
déplacés à l'intérieur du pays et aux réfugiés à l'étranger, parmi lesquels
se trouvent de nombreux chrétiens. J'invite la communauté internationale à
se montrer généreuse envers eux et envers les pays où ils trouvent refuge,
dont les capacités d'accueil sont mises à rude épreuve. Je désire aussi
exprimer mon encouragement afin que l'on continue à poursuivre sans relâche
la voie de la diplomatie pour résoudre la question du programme nucléaire
iranien, en négociant de bonne foi, en adoptant des mesures destinées à
augmenter la transparence et la confiance réciproques, et en tenant toujours
compte des authentiques besoins des peuples et du bien commun de la famille
humaine.
5. Élargissant notre regard à tout le continent asiatique, je voudrais
attirer votre attention sur quelques autres situations de crise. Sur le
Pakistan, en premier lieu, qui a été durement frappé par la violence durant
les derniers mois. Je souhaite que toutes les forces politiques et sociales
s'engagent dans la construction d'une société pacifique, qui respecte les
droits de tous. En Afghanistan, à la violence s'ajoutent d'autres graves
problèmes sociaux, comme la production de drogue; il est nécessaire d'offrir
davantage de soutien aux efforts de développement et d'œuvrer encore plus
intensément pour bâtir un avenir serein. Au Sri Lanka, il n'est plus
possible de renvoyer à plus tard les efforts décisifs pour remédier aux
immenses souffrances causées par le conflit en cours. Et je demande au
Seigneur qu'au Myanmar, avec le soutien de la communauté internationale,
s'ouvre une saison de dialogue entre le gouvernement et l'opposition,
assurant un vrai respect de tous les droits de l'homme et des libertés
fondamentales.
6. Me tournant maintenant vers l'Afrique, je voudrais en premier lieu redire
ma profonde souffrance, en constatant combien l'espérance semble presque
vaincue par le sinistre cortège de faim et de mort qui se poursuit au
Darfour. Je souhaite de tout cœur que l'opération conjointe des Nations
unies et de l'Union africaine, dont la mission vient juste de commencer,
porte aide et réconfort aux populations éprouvées. Le processus de paix dans
la République démocratique du Congo se heurte à de fortes résistances près
des Grands Lacs, surtout dans les régions orientales, et la
Somalie, en particulier Mogadiscio, continue à
être affligée par les violences et la pauvreté. Je fais appel aux parties en
conflit afin que cessent les opérations militaires, que soit facilité le
passage de l'aide humanitaire et que les civils soient respectés. Le
Kenya a connu ces jours derniers une
brusque éruption de violence. M'associant à l'appel lancé par les Evêques le
2 janvier, j'invite tous les habitants, en particulier les responsables
politiques, à rechercher par le dialogue une solution pacifique, fondée sur
la justice et la fraternité. L'Eglise catholique n'est pas indifférente aux
gémissements de douleur qui s'élèvent dans ces régions. Elle fait siennes
les demandes d'aide des réfugiés et des déplacés et elle s'engage pour
favoriser la réconciliation, la justice et la paix. Cette année, l'Ethiopie
fête l'entrée dans le troisième millénaire chrétien, et je suis sûr que les
célébrations organisées à cette occasion contribueront aussi à rappeler
l’œuvre immense, sociale et apostolique, accomplie par les chrétiens en
Afrique.
7. Terminant par l'Europe, je me réjouis des progrès accomplis dans
différents pays de la région des Balkans et j'exprime encore une fois le
souhait que le statut définitif du Kosovo prenne en compte les légitimes
revendications des parties en présence et qu’il garantisse sécurité et
respect de leurs droits à tous ceux qui habitent cette terre, afin que
s'éloigne définitivement le spectre des confrontations violentes et que soit
renforcée la stabilité européenne. Je voudrais citer également
Chypre, me
rappelant avec joie la visite de Sa Béatitude l'Archevêque
Chrysostomos,
au mois de juin dernier. J'exprime le souhait que, dans le contexte de
l'Union européenne, on n'épargne aucun effort pour trouver une solution à
une crise qui dure depuis trop longtemps. J'ai accompli, au mois de
septembre dernier, une visite en
Autriche, qui a voulu aussi souligner la
contribution essentielle que l'Eglise catholique peut et veut donner à
l'unification de l'Europe. Et, à propos de l'Europe, je voudrais vous
assurer que je suis attentivement la période qui s'ouvre avec la signature
du «
Traité de Lisbonne ». Cette étape relance le processus de construction
de la « maison Europe », qui « sera pour tous un lieu agréable à habiter
seulement si elle est construite sur une solide base culturelle et morale de
valeurs communes que nous tirons de notre histoire et de nos traditions » (Rencontre avec les Autorités et le Corps diplomatique, Vienne, 7 septembre
2007) et si elle ne renie pas ses racines chrétiennes.
8. De ce rapide tour d'horizon, il apparaît clairement que la sécurité et la
stabilité du monde demeurent fragiles. Les facteurs de préoccupation sont
divers ; ils témoignent tous cependant que la liberté humaine n'est pas
absolue, mais qu'il s'agit d'un bien partagé, dont la responsabilité incombe
à tous. En conséquence, l'ordre et le droit en sont des éléments qui la
garantissent. Mais le droit ne peut être une force de paix efficace que si
ses fondements demeurent solidement ancrés dans le droit naturel, donné par
le Créateur. C'est aussi pour cela que l'on ne peut jamais exclure Dieu de
l'horizon de l'homme et de l'histoire. Le nom de Dieu est un nom de justice
; il représente un appel pressant à la paix.
9. Cette prise de conscience pourrait aider, entre autres, à orienter les
initiatives de dialogue interculturel et
inter-religieux. Ces initiatives
sont toujours plus nombreuses et elles peuvent stimuler la collaboration sur
des thèmes d'intérêt mutuel, comme la dignité de la personne humaine, la
recherche du bien commun, la construction de la paix et le développement. A
cet égard, le Saint-Siège a voulu donner un relief particulier à sa
participation au dialogue de haut niveau sur la compréhension entre les
religions et les cultures et la coopération pour la paix, dans le cadre de
la soixante-deuxième Assemblée générale des Nations unies (4-5 octobre
2007). Pour être vrai, ce dialogue doit être clair, évitant relativisme et
syncrétisme, mais animé d'un respect sincère pour les autres et d'un esprit
de réconciliation et de fraternité. L'Eglise catholique y est profondément
engagée et il m'est agréable d'évoquer à nouveau la
Lettre que m'ont
adressée, le 13 octobre dernier, cent trente-huit personnalités musulmanes
et de renouveler ma gratitude pour les nobles sentiments qui y sont
exprimés.
10. Notre société a justement enchâssé la grandeur et la dignité de la
personne humaine dans diverses déclarations des droits, qui ont été
formulées à partir de la Déclaration universelle des droits de l'homme,
adoptée il y a juste soixante ans. Cet acte solennel fut, selon l'expression
du Pape Paul VI, l'un des plus grands titres de gloire des Nations unies.
Dans tous les continents, l'Eglise catholique s'engage afin que les droits
de l'homme soient non seulement proclamés, mais appliqués. Il faut souhaiter
que les organismes créés pour la défense et la promotion des droits de
l'homme consacrent toutes leurs énergies à cette tâche et, en particulier,
que le Conseil des droits de l'homme sache répondre aux attentes suscitées
par sa création.
11. Le Saint-Siège, pour sa part, ne se lassera pas de réaffirmer ces
principes et ces droits fondés sur ce qui est permanent et essentiel à la
personne humaine. C'est un service que l'Eglise désire rendre à la véritable
dignité de l'homme, créé à l'image de Dieu. Et partant précisément de ces
considérations, je ne peux pas ne pas déplorer une fois encore les attaques
continuelles perpétrées, sur tous les continents, contre la vie humaine. Je
voudrais rappeler, avec tant de chercheurs et de scientifiques, que les
nouvelles frontières de la bioéthique n'imposent pas un choix entre la
science et la morale, mais qu'elles exigent plutôt un usage moral de la
science. D'autre part, rappelant l'appel du Pape Jean-Paul II à l'occasion
du grand Jubilé de l'An 2000, je me réjouis que, le 18 décembre dernier,
l'Assemblée générale des Nations unies ait adopté une résolution appelant
les Etats à instituer un
moratoire sur l'application de la peine de mort et
je souhaite que cette initiative stimule le débat public sur le caractère
sacré de la vie humaine. Je regrette une fois encore les atteintes
préoccupantes à l'intégrité de la famille, fondée sur le mariage entre un
homme et une femme. Les responsables de la politique, de quelque bord qu'ils
soient, devraient défendre cette institution fondamentale, cellule de base
de la société. Que dire encore ! Même la liberté religieuse, « exigence
inaliénable de la dignité de tout homme et pierre angulaire dans l'édifice
des droits humains » (Message pour la Célébration de la Journée mondiale de
la Paix 1988, Préambule), est souvent compromise. Il y a en effet bien des
endroits où elle ne peut s'exercer pleinement. Le Saint-Siège la défend et
en demande le respect pour tous. Il est préoccupé par les discriminations
contre les chrétiens et contre les fidèles d'autres religions.
12. La paix ne peut pas n'être qu'un simple mot ou une aspiration illusoire.
La paix est un engagement et un mode de vie qui exigent que l'on satisfasse
les attentes légitimes de tous comme l'accès à la nourriture, à l'eau et à
l'énergie, à la médecine et à la technologie, ou bien le contrôle des
changements climatiques. C'est seulement ainsi que l'on peut construire
l'avenir de l'humanité ; c'est seulement ainsi que l'on favorise le
développement intégral pour aujourd'hui et pour demain. Forgeant une
expression particulièrement heureuse, le Pape Paul VI soulignait il y a
quarante ans, dans l'Encyclique
Populorum Progressio, que « le développement est le nouveau nom de la
paix ». C'est pourquoi, pour consolider la paix, il faut que les résultats
macroéconomiques positifs obtenus par de nombreux pays en voie de
développement en 2007 soient soutenus par des politiques sociales efficaces
et par la mise en œuvre des engagements d'assistance des pays riches.
13. Enfin, je voudrais exhorter la communauté internationale à un engagement
global en faveur de la sécurité. Un effort conjoint de la part des Etats
pour appliquer toutes les obligations souscrites et pour empêcher l'accès
des terroristes aux armes de destruction massive renforcerait sans aucun
doute le régime de non-prolifération nucléaire et le rendrait plus efficace.
Je salue l'accord conclu pour le démantèlement du programme d'armement
nucléaire en Corée du Nord et j'encourage l'adoption de mesures appropriées
pour la réduction des armements de type classique et pour affronter le
problème humanitaire posé par les armes à sous-munitions.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
14. La diplomatie est, d'une certaine façon, l'art de l'espérance. Elle vit
de l'espérance et cherche à en discerner même les signes les plus ténus. La
diplomatie doit donner de l'espérance. La célébration de Noël vient chaque
année nous rappeler que, quand Dieu s'est fait petit enfant, l'Espérance est
venue habiter dans le monde, dans le cœur de la famille humaine. Cette
certitude devient aujourd'hui prière : que Dieu ouvre le cœur de ceux qui
gouvernent la famille des peuples à l'Espérance qui ne déçoit jamais ! Animé
par ces sentiments, j'adresse à chacun de vous mes vœux les meilleurs, afin
que vous-même, vos collaborateurs et les peuples que vous représentez soient
illuminés de la Grâce et de la Paix qui nous viennent de l'Enfant de
Bethléem.
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Sources:
www.vatican.va-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 07.01.2008 - BENOÎT XVI |