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19 Avril 2005
 

Causes et chances de la crise de l'Eglise

Le 05 novembre 2014 - (E.S.M.) - La crise actuelle de l'Église ne pourrait-elle pas devenir aussi une nouvelle chance ? le  pape Benoît XVI répond à Peter Seewald.

Le pape Benoît XVI

Extraits de la première partie "SIGNES DES TEMPS" - Entretien de Benoît XVI avec Peter Seewald

1)
Dans l'intimité de Benoît XVI - 03.11.2014

2) En 2010, Benoît XVI concevait la renonciation du pape comme possible - 04.11.2014

3) CAUSES ET CHANCES DE LA CRISE

L'accusation que vous avez lancée lors du chemin de croix du Vendredi saint 2005, quelques semaines avant d'être élu successeur de Jean-Paul II, est inoubliable : « Combien de fois ne célébrons-nous que nous-mêmes, et ne prenons-nous même pas conscience de sa présence ! Combien de fois sa Parole est-elle déformée et galvaudée ! » Et comme si vous visiez déjà les événements du proche avenir : « Que de souillures dans l'Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! »
C'est justement au cours de l'Année sacerdotale, que vous avez vous-même proclamée, que tous ces manquements et tous ces crimes apparaissent au grand jour. D'un point de vue biblique, la révélation de ces scandales ne doit-elle pas être comprise comme un signe ?

On pourrait penser que cette Année sacerdotale (Année sacerdotale) a été insupportable au diable, et que c'est pour cette raison qu'il nous a jeté toute cette saleté au visage. Comme s'il avait voulu montrer au monde combien de saleté il y a même parmi les prêtres.
D'un autre côté, on pourrait dire que le Seigneur voulait nous mettre à l'épreuve et nous appeler à une plus profonde purification, afin que nous n'entrions pas dans l'Année sacerdotale triomphalement, comme pour une glorification de nous-mêmes, mais comme dans une année de purification, de renouveau intérieur, de changement et avant tout de pénitence.
Nous avons peu à peu perdu le concept de pénitence, l'un des éléments fondamentaux du message de l'Ancien Testament. On voulait en quelque sorte ne plus dire que le positif. Mais le négatif existe bien, c'est un fait concret. Que par la pénitence on puisse changer et se laisser changer, c'est un don positif, un cadeau. L'Église primitive voyait elle aussi les choses ainsi. Il s'agit de prendre désormais un nouveau départ, dans l'esprit de la pénitence — et en même temps de ne pas perdre la joie du sacerdoce, mais de la regagner.
Et je dois dire, avec une grande gratitude, que c'est ce qui est arrivé. J'ai reçu de la part d'évêques, de prêtres et de laïcs beaucoup d'émouvants, bouleversants témoignages de gratitude pour l'Année sacerdotale, témoignages qui m'ont touché au fond du cœur. Ces hommes en attestent : nous avons pris l'Année sacerdotale comme une occasion de purification, un acte d'humilité, en nous laissant de nouveau appeler par le Seigneur. Et c'est justement ainsi que nous avons retrouvé la grandeur et la beauté du sacerdoce. En ce sens, je crois, ces terribles révélations ont tout de même aussi été un acte de la Providence qui nous humilie, nous force à recommencer à nouveau.

Les causes des abus sont complexes. On en reste bouche bée, et l'on se demande surtout comment peut s'égarer à ce point quelqu'un qui lit tous les jours l'Évangile et célèbre la sainte messe, qui reçoit tous les jours les sacrements et devrait en être fortifié ?
C'est une question qui touche vraiment le mysterium iniquitatis, le mystère du mal. On se demande aussi : que peut penser un homme en montant le matin à l'autel pour célébrer le saint sacrifice ? Va-t-il réellement se confesser ? Que dira-t-il au cours de cette confession ? Et quelles conséquences aura-t-elle pour lui ? Elle devrait être le grand instrument qui le tire de sa situation et le contraint à changer.
Qu'un homme qui s'est consacré aux valeurs saintes les perde aussi totalement et puisse même ensuite perdre ses origines, c'est un mystère. Il doit avoir eu, au moins le jour de son ordination, un désir de grandeur, de pureté, sinon il n'aurait pas fait ce choix. Comment quelqu'un peut-il tomber ainsi ?
Nous ne le savons pas. Mais cela signifie d'autant plus que les prêtres doivent se porter mutuellement assistance, ne doivent pas se perdre des yeux. Que les évêques en ont la responsabilité et que nous devons supplier les fidèles de soutenir aussi leurs prêtres. Et je remarque que dans les paroisses l'amour pour le prêtre grandit quand on reconnaît ses faiblesses et quand on se fait un devoir de l'aider.

Peut-être avons-nous en partie une fausse image de l'Église. Comme si elle pouvait être exemptée de ce genre de phénomènes, comme si elle n'était pas elle aussi, justement elle, exposée aux tentations. Permettez-moi de citer encore une fois votre prière du chemin de croix : « Les vêtements et le visage si sales de ton Église nous effraient. Mais c'est nous-mêmes qui les salissons ! [...] Par notre chute, nous te traînons à terre, et Satan s'en réjouit, parce qu'il espère que tu ne pourras plus te relever de cette chute; il espère que toi, ayant été entraîné dans la chute de ton Église, tu resteras à terre, vaincu. »
Oui. C'est ce que nous pouvons voir de nos yeux aujourd'hui, et ce qui s'impose à nous particulièrement quand on observe le chemin de croix. Il est clair ici que le Christ n'a pas souffert à cause d'un hasard quelconque, mais qu'il a réellement pris en main toute l'histoire de l'homme. Pour nous, sa souffrance ne se réduit pas à une formule théologique. C'est un acte qui engage notre existence : assister à sa souffrance et se laisser attirer par le Christ de son côté et non de l'autre. Dans la prière du chemin de croix, nous comprenons qu'il souffre réellement pour nous. Et II s'est chargé aussi de ma cause. À présent, II m'attire à Lui en me visitant dans ma profondeur, en m'élevant jusqu'à lui.
Et puis le mal appartiendra toujours au mystère de l'Église. Quand on voit tout ce que des hommes, tout ce que des ecclésiastiques ont fait dans l'Église, c'est précisément une preuve que le Christ soutient l'Église et l'a fondée. Si elle ne dépendait que des hommes, elle aurait péri depuis longtemps.

La majeure partie des cas d'abus sexuels a été enregistrée dans les années 1970 et 1980. Le préfet de la Congrégation des Instituts de vie consacrée, le cardinal Franc Rodé, s'est référé dans ce contexte aux longues années de déclin de la foi dans lesquelles on s'est détourné de l'Église, qui seraient les causes du scandale. « La culture sécularisée a pénétré dans quelques ordres occidentaux », dit Rodé, « alors que la vie monastique devrait justement représenter une alternative à la "culture dominante", au lieu de la refléter ».
La constellation spirituelle des années soixante-dix, qui se dessinait déjà dans les années cinquante, y a bien entendu contribué. À cette époque, certains ont même pu considérer la pédophilie comme quelque chose de positif, de libérateur. Mais on a surtout prétendu — jusque dans la théologie morale catholique — que rien n'est mauvais en soi. Le mal serait «relatif». Les conséquences seules décideraient de ce qui est bon ou mauvais.
Dans un tel contexte, où tout devient relatif et où le mal en soi n'existe pas, où il n'y a qu'un bien relatif et un mal relatif, les hommes tendant à de tels comportements ont perdu pied. Naturellement, la pédophilie est d'abord plutôt une maladie qui frappe des individus, mais pour qu'elle puisse devenir si active et s'étendre ainsi, il a aussi fallu un environnement spirituel dans lequel les fondamentaux de la théologie morale, le bien et le mal, étaient mis en doute au sein même de l'Église. Le bien et le mal sont devenus interchangeables, ils ne s'opposaient plus clairement.

La découverte de la double vie du fondateur de la communauté monastique des « Légionnaires du Christ », Marcial Maciel Degollado, bouleverse aussi l'Église. Des reproches d'abus sexuels adressés à Maciel, décédé en 2008 aux États-Unis, couraient déjà depuis des années. La compagne de Maciel a avoué être la mère de deux enfants conçus avec lui. Certains aujourd'hui au Mexique affirment que les excuses publiques des « Légionnaires du Christ » ne suffisent pas et demandent la dissolution de la communauté.
Malheureusement, ces informations ne nous sont parvenues que très lentement et tardivement. Elles étaient très bien dissimulées et nous n'avons eu d'indices concrets qu'à partir de l'an 2000. Finalement, il a fallu des témoignages sans équivoque pour avoir la certitude que les reproches étaient fondés.
Pour moi, Marcial Maciel demeure un personnage mystérieux. D'un côté, il y a une vie qui, comme nous le savons maintenant, se situe au-delà de la morale, une vie aventureuse, dissipée, pervertie. D'un autre côté, nous voyons la dynamique et la force avec lesquelles il a édifié la congrégation des Légionnaires.
Nous avons depuis fait effectuer une visite apostolique et engagé une délégation qui prépare avec un groupe de collaborateurs les réformes nécessaires. Naturellement, il y a des corrections à faire, mais dans l'ensemble la communauté est saine. Il y a ici beaucoup de jeunes gens qui ont la volonté enthousiaste de servir la foi. On ne doit pas détruire cet enthousiasme. En fin de compte, beaucoup ont été appelés à un principe juste par un personnage qui ne l'était pas. C'est cela qui est étrange, cette contradiction, que pour ainsi dire un faux prophète puisse avoir une action positive. Il faut donner un nouveau courage à ces nombreux jeunes. Il faut une nouvelle structure, afin qu'ils ne tombent pas dans le vide mais que, bien dirigés, ils puissent continuer à servir l'Eglise et les êtres humains.

Le cas de Maciel n'est comparable à aucun autre, mais à côté de cela il y a aussi des prêtres qui, en secret ou au su de leur communauté ou même de la hiérarchie de l'Église, vivent une liaison quasi matrimoniale. Le scandale est d'autant plus grand quand des enfants nés de ces liaisons sont relégués dans des foyers et que l'Église paie les pensions.
Cela ne doit pas exister. Tout ce qui est mensonge et dissimulation ne doit pas être. Il y a malheureusement toujours eu dans l'histoire de l'Église, des époques dans lesquelles se sont produites et répandues de telles situations, justement quand elles sont, pour ainsi dire, encouragées par l'atmosphère intellectuelle. C'est naturellement un défi particulièrement urgent pour nous tous. Là où un prêtre vit avec une femme, il faut vérifier s'il y a une véritable volonté de mariage et s'ils pourraient former un bon ménage. S'il en est ainsi, ils doivent suivre ce chemin. S'il s'agit seulement d'une défaillance de la volonté morale, mais qu'il n'y a pas là de véritable lien intérieur, il faut essayer de trouver des chemins de salut pour lui et pour elle. En tout cas, il faut veiller à ce qu'il soit fait justice aux enfants — ils sont le bien à mettre au premier rang —, et qu'ils reçoivent le cadre éducatif vivant dont ils ont besoin.
Le problème fondamental c'est l'honnêteté. Le deuxième problème c'est le respect de la vérité des deux personnes et des enfants, afin de trouver la bonne solution. Le troisième c'est la question de savoir comment nous pouvons de nouveau éduquer des jeunes gens au célibat. Comment pouvons-nous soutenir les prêtres afin qu'ils vivent le célibat de telle sorte que cela demeure aussi un signe, dans ces temps corrompus, où non seulement le célibat, mais aussi le mariage traversent une grande crise. Beaucoup prétendent que le mariage monogame n'existe déjà plus. C'est un défi gigantesque de défendre les deux, le célibat comme le mariage, et de les redéfinir à frais nouveaux. Le mariage monogame c'est le fondement sur lequel repose la civilisation occidentale. S'il s'effondre, c'est l'essentiel de notre culture qui s'effondre.

Le scandale des abus sexuels pourrait nous amener à nous interroger aussi sur d'autres cas d'abus. Abus de pouvoir par exemple. Abus d'une relation. Abus du devoir d'éducation. Abus de mes dons. Dans la Grèce antique, la tragédie devait provoquer chez les spectateurs un bouleversement, un effet de purification qui les fasse réfléchir sur leur vie. Seule la catharsis prépare les hommes aux changements de leurs modes de vie solidement établis. La crise actuelle de l'Église ne pourrait-elle pas devenir aussi une nouvelle chance ?
Je le crois. J'ai déjà dit que l'Année sacerdotale, qui s'est déroulée de manière si différente de ce que nous avions pensé, avait aussi eu un effet cathartique. Que les laïcs aussi avaient été reconnaissants d'avoir vu de nouveau ce qu'est le sacerdoce, dans ce qu'il a de positif, et de l'avoir justement vu à travers les risques qu'il court et les perturbations qu'il subit.
Cette catharsis est pour nous tous, pour la société, mais avant tout pour l'Église, naturellement, un appel à reconnaître nos vertus porteuses, à voir les dangers qui menacent très profondément non seulement les prêtres, mais toute la société. La connaissance des menaces et de la destruction des structures morales de notre société devrait être un appel à une purification. Nous devons reconnaître de nouveau que nous ne pouvons pas vivre n'importe comment. Que la liberté ne peut pas être n'importe quoi. Qu'il s'agit d'apprendre une liberté qui soit responsabilité

Lumière du Monde
 

Sources : www.vatican.va -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 05.11.2014

 

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