Le card. Barbarin s'exprime sur le
Motu Proprio de Benoît XVI |
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Rome, le 05 septembre 2008 - (E.S.M.) -
Une interview comme on aimerait en lire plus souvent. Merci Monseigneur
pour votre franchise et votre simplicité à dire les choses essentielles.
La seule solution pour retrouver l’unité, dites-vous, c’est de faire ce
que nous demande l’Église et d’obéir au pape.
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Le cardinal
Barbarin
Le card. Barbarin s'exprime sur le Motu Proprio de Benoît XVI
"Un peu de paix"
Le 05 septembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Le pape Benoît XVI, instruit par l’histoire, dit que si une
rupture comme celle de la Fraternité Saint-Pie X n’est pas réparée dans les
décennies qui suivent, il faudra ensuite des siècles pour y parvenir. À
Lyon, où un Concile œcuménique, à la fin du XIIIe siècle, a essayé en vain
de réparer les dégâts du schisme de 1054, on ne peut qu’être d’accord avec
lui. Pour l’unité, il y a toujours urgence.
par le Cardinal Philippe
Barbarin
La Nef – Comment analysez-vous Summorum Pontificum
un an après sa mise en œuvre ?
Cardinal Philippe Barbarin – L’intention du Saint-Père était d’apporter un
peu de paix. À Lyon, le nombre des Messes célébrées selon la forme
extraordinaire est passé de trois à six, les dimanches. Il est difficile de
faire un bilan mais, dès septembre 2007, un homme m’a abordé un jour dans la
rue et m’a dit que la décision du pape et notre détermination à lui obéir
l’avaient touché. Il quittait donc la Fraternité Saint-Pie X, et venait
désormais avec sa famille à la Messe à l’église Saint-Georges. Sont-ils
nombreux à avoir fait comme lui ? Je ne sais pas.
Dans d’autres parties du monde, la question ne se pose pas de la même façon.
Au moment de la sortie du motu proprio, des cardinaux d’Espagne ou de
Pologne avaient dit que ce problème était surtout français et venait de la
manière dont la réforme liturgique avait été mise en œuvre dans notre pays.
Naturellement, eux aussi ont obéi au pape, et ils ont demandé à certains de
leurs prêtres d’apprendre à célébrer la Messe selon la forme extraordinaire.
Comment la resacralisation de la liturgie voulue
par le pape peut se faire et quels rôles peuvent jouer les deux formes
liturgiques du rite romain ?
L’intention du Saint-Père est largement partagée dans le peuple chrétien. Il
suffit d’observer l’attitude des fidèles lors de grands rassemblements comme
le
Congrès Eucharistique ou les
JMJ à Sydney, il y avait une église où
chaque jour était proposée aux jeunes, après les catéchèses, la Messe selon
la forme extraordinaire. Le samedi soir, ils ont rejoint tout le monde à Randwick et participé à la Messe du dimanche, célébrée par le pape selon le
nouvel Ordo Missae. Là, l’importance accordée à l’adoration eucharistique – vécue intensément aussi à
Québec 2008 –, les quelques chants latins, le long
temps de silence après la communion ont été marquants.
La grande question, c’est de savoir où le Saint-Père veut aller. Il a
plusieurs fois laissé entendre qu’il était temps de reprendre en profondeur
la réforme liturgique, comme on revoit maintenant de près la traduction de
la Bible. Le maintien de la forme extraordinaire dans la vie liturgique de
l’Église aidera à ce travail. Nous avons le recul suffisant pour faire un
bilan des progrès apportés par le nouvel Ordo et des richesses de l’ancien
qu’il ne faudrait pas perdre. C’est ainsi que les deux formes pourront
s’enrichir mutuellement.
Vis-à-vis des fidèles de votre diocèse attachés à
l’ancienne forme liturgique, quelle est votre ligne directrice ?
Les inviter à la paix et à retrouver la confiance. En fait, cette communauté
souffre de vives tensions internes. Longtemps à Lyon, je n’en étais pas
conscient. Dès que j’ai pu, je suis allé visiter la communauté de l’église
Saint-Georges et j’ai donné un enseignement sur l’Eucharistie durant les
vêpres. Puis, encouragé personnellement par le pape, j’y ai célébré la
confirmation. Tout s’est très bien passé ; les parents me présentaient leurs
enfants pour que je les bénisse, il n’y avait ni reproche ni critique dans
les propos, mais plutôt un climat de confiance et de respect, et même
d’affection.
Puis, un an avant la parution du motu proprio, de nouveaux supérieurs ont
été élus dans la Fraternité Saint-Pierre. Certains prêtres, en désaccord
avec les décisions qui ont suivi, ont demandé leur incardination dans mon
diocèse, et toute la communauté s’est alors scindée en deux. Des campagnes
de mails d’une grande violence ont été lancées, on a vu naître des comités
de soutien… Tout cela a fait beaucoup de mal et, bien que le calme soit
revenu, je pressens que le feu couve toujours. Comment l’éteindre ?
La seule solution pour retrouver l’unité, c’est de faire ce que nous demande
l’Église et d’obéir au pape. Sur ce point, je rends hommage aux responsables
de la Fraternité Saint-Pierre, qui parlent le même langage et invitent
leurs fidèles à vivre dans l’obéissance et la charité.
Le motu proprio ne résout pas toutes les questions. Par exemple, lorsque les
fidèles d’une seule paroisse ne sont pas assez nombreux et qu’ils doivent se
regrouper sur un secteur plus vaste, ou quand ils posent des exigences sur
le lieu de la célébration et sur le choix du prêtre officiant…
Les supérieurs de la Fraternité Saint-Pie X
viennent une fois de plus de refuser la main généreusement tendue par Rome :
qu’en pensez-vous ?
À l’Abbaye de Saint Maurice, dans le Valais, on m’a rapporté ce propos de
Mgr Fellay : « Nous ne pouvons pas nous affirmer catholiques et continuer à
rester séparés de Rome. » Je me désole que les différentes tentatives de
rapprochement aient échoué depuis plus de vingt ans, mais lorsque j’entends
une déclaration du responsable de la Fraternité Saint-Pie X, aussi simple et
pleine de bon sens, je garde confiance. Benoît XVI, instruit par l’histoire,
dit que si une rupture de cet ordre n’est pas réparée dans les décennies qui
suivent, il faudra ensuite des siècles pour y parvenir. À Lyon, où un
Concile œcuménique, à la fin du XIIIe siècle, a essayé en vain de réparer
les dégâts du schisme de 1054, on ne peut qu’être d’accord avec lui. Pour
l’unité, il y a toujours urgence.
Table Motu ¨proprio
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Sources : Source : La Nef n°196 de septembre 2008-
(E.S.M.)
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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05.09.2008 -
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