Homélie du pape Benoît XVI pour ouvrir le temps
de l'Avent
Rome, le 04 décembre 2007 -
(E.S.M.) -
L'homélie du Saint-Père Benoît XVI, lors de la célébration des premières
vêpres de l'Avent. Le pape est revenu sur le thème central de sa
deuxième Encyclique en ce temps de l'espérance, qui prépare nos coeurs à
célébrer la grande fête de la naissance du Christ Sauveur.
Benoît XVI
lors des premières vêpres de l'Avent -
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Homélie du pape Benoît XVI pour ouvrir le temps de l'Avent
CÉLÉBRATION DES PREMIÈRES VÊPRES DE L'AVENT
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Basilique Saint-Pierre
Samedi 1er décembre 2007
Chers frères et sœurs!
L'Avent est, par excellence, le temps de l'espérance. Chaque année, cette
attitude fondamentale de l'esprit se réveille dans le cœur des chrétiens
qui, alors qu'ils se préparent à célébrer la grande fête de la naissance du
Christ Sauveur, ravivent l'attente de son retour glorieux, à la fin des
temps. La première partie de l'Avent insiste
précisément sur la parousie, sur la dernière venue du Seigneur. Les
antiennes de ces Premières Vêpres sont entièrement orientées, avec
différentes nuances, dans cette perspective. La brève lecture, tirée de la
Première Lettre aux Thessaloniciens (5,
23-24), fait une référence explicite à la venue finale du Christ,
en utilisant précisément le terme grec de parousie
(v. 23). L'Apôtre exhorte les
chrétiens à être irrépréhensibles, mais il les encourage surtout à avoir
confiance en Dieu, qui "est fidèle" (v.
24) et qui ne manquera pas d'opérer la sanctification chez ceux
qui répondront à sa grâce.
Toute cette liturgie des vêpres invite à l'espérance en indiquant, à
l'horizon de l'histoire, la lumière du Sauveur qui vient: "Ce
jour, une grande lumière brillera"
(2 antienne); "le Seigneur viendra dans
toute sa gloire" (3 antienne);
"sa splendeur remplit l'univers"
(Antienne au Magnificat). Cette
lumière, qui émane de l'avenir de Dieu, s'est déjà manifestée dans la
plénitude des temps; c'est pourquoi notre espérance n'est pas privée de
fondement, mais repose sur un événement qui s'inscrit dans l'histoire et
qui, dans le même temps, dépasse l'histoire: c'est l'événement constitué par
Jésus de Nazareth. L'évangéliste Jean applique à Jésus le titre de
"lumière": c'est un titre qui appartient à Dieu. En effet, dans le Credo
nous professons que Jésus Christ est "Dieu, né de
Dieu, Lumière, née de la Lumière".
J'ai voulu consacrer au thème de l'espérance ma
deuxième Encyclique, qui a été publiée hier. Je suis heureux
de l'offrir en esprit à toute l'Église en ce premier Dimanche d'Avent, afin
que, durant la préparation à Noël, les communautés et chaque fidèle puissent
la lire et la méditer, pour redécouvrir la beauté et la profondeur de
l'espérance chrétienne. En effet, celle-ci est inséparablement liée à la
connaissance de la face de Dieu, cette face que Jésus, le Fils unique, nous
a révélée à travers son incarnation, sa vie terrestre et sa prédication, et
surtout à travers sa sa mort et sa résurrection. L'espérance véritable et
sûre est fondée sur la foi en Dieu Amour, Père miséricordieux qui "a tant
aimé le monde qu'il a donné son Fils unique"
(Jn 3, 16), afin que les hommes,
et avec eux toutes les créatures, puissent avoir la vie en abondance
(cf. Jn 10, 10). L'Avent est donc
un temps favorable à la redécouverte d'une espérance qui n'est ni vague ni
illusoire, mais certaine et fiable, car elle est "ancrée" dans le Christ,
Dieu fait homme, roc de notre salut.
Dès le début, comme il ressort du Nouveau Testament et en particulier des
Lettres aux Apôtres, une nouvelle espérance distingua les chrétiens de ceux
qui vivaient la religiosité païenne. En écrivant aux Ephésiens, saint Paul
leur rappelle qu'avant d'embrasser la foi dans le Christ, ils étaient "sans
espérance, et, dans le monde, étaient sans Dieu"
(cf. Ep 2, 12). Cette expression
apparaît plus que jamais actuelle pour le paganisme de nos jours: on peut en
particulier l'appliquer au nihilisme contemporain, qui ronge l'espérance
dans le cœur de l'homme, le poussant à penser qu'en lui et autour de lui ne
règne que le néant: le néant avant la naissance, le néant après la mort. En
réalité, sans Dieu, il n'y a pas d'espérance. Toute chose perd son
"épaisseur". C'est comme si venait à manquer la dimension de la profondeur
et que chaque chose s'aplatissait, privée de son relief symbolique, de son
"ressaut" par rapport au pur matérialisme. Le rapport entre l'existence, ici
et maintenant, et ce que nous appelons "l'au-delà" est en jeu: il ne s'agit
plus d'un lieu où nous finirons après la mort, mais c'est en revanche la
réalité de Dieu, la plénitude de la vie vers laquelle, pour ainsi dire, tend
chaque être humain. A cette attente de l'homme, Dieu a répondu dans le
Christ avec le don de l'espérance.
L'homme est l'unique créature libre de dire oui ou non à l'éternité,
c'est-à-dire à Dieu. L'être humain peut éteindre en lui-même l'espérance en
éliminant Dieu de sa propre vie. Comment cela peut-il se produire ? Comment
peut-il arriver que la créature "faite pour Dieu", intérieurement orientée
vers Lui, la plus proche de l'Éternel, puisse se priver de cette richesse ?
Dieu connaît le cœur de l'homme. Il sait que celui qui le refuse n'a pas
connu son véritable visage, et c'est pourquoi il ne cesse de frapper à notre
porte, comme un humble pèlerin qui cherche à être accueilli. Voilà pourquoi
le Seigneur accorde encore du temps à l'humanité: afin que tous puissent
arriver à le connaître! Tel est également le sens d'une nouvelle année
liturgique qui commence: c'est un don de Dieu, qui veut à nouveau se révéler
dans le mystère du Christ, à travers la Parole et les Sacrements. A travers
l'Église il veut parler à l'humanité et sauver les hommes d'aujourd'hui. Et
il le fait en allant à leur rencontre, pour "chercher et sauver ce qui était
perdu" (Lc 19, 10). Dans cette
perspective, la célébration de l'Avent est la réponse de l'Église Épouse à
l'initiative toujours nouvelle de Dieu Époux, "qui était et qui vient"
(Ap 1, 8). A l'humanité qui n'a
plus de temps pour Lui, Dieu offre à nouveau du temps, un nouvel espace pour
revenir sur elle-même, pour se remettre en marche, pour retrouver le sens de
l'espérance.
Voilà alors la découverte surprenante: mon espérance, notre espérance est
précédée par l'attente que Dieu cultive à notre égard! Oui, Dieu nous aime
et c'est précisément pour cela qu'il attend que nous revenions à Lui, que
nous ouvrions notre cœur à son amour, que nous mettions notre main dans la
sienne et que nous nous rappelions que nous sommes ses enfants. Cette
attente de Dieu précède toujours notre espérance, exactement comme son amour
nous rejoint toujours en premier (cf. 1 Jn
4, 10). C'est dans ce sens que l'espérance chrétienne est dite
"théologale": Dieu en est la source, le soutien et le terme. Quel grand
réconfort dans ce mystère! Mon Créateur a placé dans mon esprit un reflet de
son désir de vie pour tous. Chaque homme est appelé à espérer en répondant à
l'attente que Dieu a pour lui. Du reste, l'expérience nous démontre qu'il en
est précisément ainsi. Qu'est-ce qui fait avancer le monde, sinon la
confiance que Dieu a en l'homme ? C'est une confiance qui a son reflet dans
le cœur des petits, des humbles, lorsque malgré les difficultés et les
efforts ils s'engagent chaque jour à faire de leur mieux, à accomplir ce peu
de bien qui est cependant beaucoup aux yeux de Dieu: en famille, sur leur
lieu de travail, à l'école, dans les divers milieux de la société. Dans le
cœur de l'homme l'espérance est inscrite de manière indélébile, car Dieu
notre Père est vie, et nous sommes faits pour la vie éternelle et
bienheureuse.
Chaque enfant qui naît est le signe de la confiance de Dieu en l'homme et la
confirmation, tout au moins implicite, de l'espérance que l'homme nourrit
dans un avenir ouvert sur l'éternité de Dieu. Dieu a répondu à cette
espérance de l'homme en naissant dans le temps comme un petit être humain.
Saint Augustin a écrit: "En croyant que ton Verbe était beaucoup trop loin
de s'unir à l'homme, nous aurions bien pu désespérer de nous, s'il ne
s'était fait chair, habitant parmi nous"
(Conf. X, 43, 69, op. cit. in
Spe Salvi,
n. 29). Laissons-nous alors guider par Celle qui a porté
dans son cœur et dans son sein le Verbe incarné. O Marie, Vierge de
l'attente et Mère de l'espérance, ravive dans toute l'Église l'esprit de
l'Avent, pour que l'humanité tout entière se remette en marche vers
Bethléem, où est venu, et où viendra à nouveau nous rendre visite le Soleil
qui naît d'en-haut (cf. Lc 1, 78),
le Christ notre Dieu. Amen.
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Sources: www.vatican.va
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 04.12.2007 -
BENOÎT XVI
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