Jean Paul Ier et Aloísio Lorscheider,
une estime bien réciproque
Vatican, le 04 mars 2008 -
(E.S.M.) -
Après son élection, le Pape Jean Paul 1er a révélé qu’il avait donné jusqu’au dernier tour
son suffrage au cardinal Lorscheider, tant il estimait les qualités humaines
et pastorales de celui qui était alors le vice-président du CELAM. Cette
estime était réciproque. Albino Luciani et Aloísio Lorscheider avaient été
des pères conciliaires.
Jean Paul Ier avec le
cardinal Lorscheider, le 30 août 1978
Jean Paul Ier et Aloísio Lorscheider,
une estime bien réciproque
Le dernier passage à Rome de l’archevêque émérite d’Aparecida et sa
rencontre avec Antonia, sœur de Jean Paul Ier
Nous avons fait sa connaissance en 1993, à Saint Domingue. Depuis lors, les
occasions n’ont plus manqué pour le rencontrer au Brésil et pour parler avec
lui. Son amitié était authentique. Parmi les souvenirs qui se bousculent,
émerge une fin d’après-midi d’hiver, il y a cinq ans. C’était le 15 janvier
2003.
Dom Aloisio était à Rome pour la visite ad limina des évêques
brésiliens. Nous avions convenu de nous rencontrer à Sainte Anne, au
Vatican, et puis d’aller trouver Antonia Luciani, la sœur de Jean Paul Ier.
En effet, Antonia se trouvait à ce moment-là à Rome, chez sa fille Lina et
dom Aloísio voulait aller la trouver. Ils ne s’étaient jamais rencontrés
auparavant. Il s’est agi d’une rencontre familiale, sereine, autour d’un thé
et de petits gâteaux. Dom Aloísio a parlé de son enfance, de ses parents, du
milieu dans lequel il avait grandi, celui des émigrés allemands transplantés
dans ce coin de Brésil, et qui là-bas, avaient gardé intactes leur langue et
toutes leurs vieilles habitudes. Il a aussi parlé, sur ce ton affable et
toujours teinté d’humour qui le caractérisait, du moment où son père avait
consenti – volontiers – à son entrée au séminaire: « comme ça au moins », lui
avait-il dit, « tu apprendras quelque chose du monde et aussi, enfin, un peu
de portugais ». Antonia, elle aussi, a parlé de sa famille et de certains de
ses parents qui avaient émigré dans les mêmes régions. Dom Aloísio a alors
rappelé que, lorsqu’il avait accompagné le frère d’Antonia en 1975, au cours
de sa visite à Santa Maria, où il avait reçu le titre de docteur honoris
causa de l’Université fédérale de l’État du Rio Grande do Sul, Luciani
s’était senti comme chez lui parce que là-bas, tout le monde parlait comme
lui le dialecte vénitien. Il a rappelé aussi la grande foule qui s’était
rassemblée pour l’écouter et les très nombreuses personnes qu’il avait vues
pleurer lorsqu’Albino s’était adressé à elles en dialecte, avec une grande
simplicité. Il y a eu aussi, bien sûr, quelques allusions personnelles au
conclave de 1978 et beaucoup de petits épisodes rapportés avec humour et
précision. Il a ainsi raconté, par exemple, que le Pape Jean Paul Ier, après son élection,
lui avait dit au moment de le quitter: « Venez me trouver, je vous attends
»;
mais, a ajouté Lorscheider: «Je n’ai plus eu l’occasion de le faire...». Dom Aloísio et Antonia se sont dit au revoir avec simplicité. Comme nous
sortions en parlant d’une prochaine visite, je lui ai demandé s’il allait
bientôt revenir à Rome. « Je crois que je ne reviendrai plus », a-t-il
répondu, « le médecin m’a dit qu’il valait mieux éviter les longs voyages
».
Et cette circonstance a été la dernière dans laquelle nous l’avons vu et
c’est aussi la dernière fois qu’il est venu à Rome.
Des cent onze cardinaux réunis dans la Chapelle Sixtine pour le conclave
d’août 1978 dans lequel Albino Luciani a été élu au pontificat, le cardinal
brésilien Aloísio Lorscheider, alors archevêque de Fortaleza, était le plus
jeune. Il avait 53 ans. Au dernier tour, son nom est sorti une seule fois.
C’était Albino Luciani qui avait voté pour lui, comme il l’a dit lui-même.
Après son élection, le Pape a révélé qu’il avait donné jusqu’au dernier tour
son suffrage au cardinal Lorscheider, tant il estimait les qualités humaines
et pastorales de celui qui était alors le vice-président du CELAM. Cette
estime était réciproque. Albino Luciani et Aloísio Lorscheider avaient été
des pères conciliaires. Jeunes évêques, ils avaient participé ensemble aux
sessions du Concile Vatican II. Ils ont ensuite eu la possibilité
d’approfondir leur connaissance réciproque dans les synodes, en particulier
pendant le voyage au Brésil qu’a fait le patriarche de Venise en novembre
1975.
Luciani était alors aussi vice-président de la Conférence épiscopale
italienne et pendant son voyage de retour à Rio en compagnie du
vice-président du CELAM, il a eu avec ce dernier un échange d’idées franc et
cordial sur les fonctions que doit exercer une Conférence épiscopale.
Lorscheider appréciait chez Luciani « la promptitude à saisir les problèmes
et à en voir immédiatement l’essentiel », et il parlait de lui comme d’un
homme « pénétrant dans sa pensée et ferme dans sa doctrine ».
Sources: 30 Giorni
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 04.03.2008 -
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