Benoît XVI demande aux pèlerins francophones d'être des témoins ardents du Sauveur


Cité du Vatican, le 03 septembre 2008 - (E.S.M.) - C'est dans la salle Paul VI que l'Audience Générale s'est tenue ce mercredi matin à 10h30. Avant que le pape Benoît XVI ne s'exprime, un extrait de la lettre de saint Paul aux Galates a été lu en plusieurs langues (Gal 1,15-17).

Le pape Benoît XVI salle Paul VI
Benoît XVI demande aux pèlerins francophones d'être des témoins ardents du Sauveur des hommes
Le 03 septembre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - C'est dans la salle Paul VI que l'Audience Générale s'est tenue ce mercredi matin à 10h30. Avant que le pape Benoît XVI ne s'exprime, un extrait de la lettre de saint Paul aux Galates a été lu en plusieurs langues (Gal 1,15-17).

Mais, lorsqu'il plut à celui qui m'avait mis à part dès le sein de ma mère, et qui m'a appelé par sa grâce, de révéler en moi son Fils, afin que je l'annonçasse parmi les païens, aussitôt, je ne consultai ni la chair ni le sang, et je ne montai point à Jérusalem vers ceux qui furent apôtres avant moi, mais je partis pour l'Arabie. Puis je revins encore à Damas.

Le pape Benoît XVI s'adresse aux pèlerins francophones

Chers frères et soeurs,

Nous méditons aujourd’hui sur l’expérience que saint Paul a faite sur le chemin de Damas, communément appelée sa conversion. On peut se demander comment s’explique le changement qui s’est alors opéré en lui. Les témoignages de l’Apôtre sur l’événement sont constamment centrés sur la figure même de Jésus Christ. Il s’agit donc essentiellement d’une rencontre de ‘personnes’, alors que les ‘idées’ jouent un rôle secondaire. Paul vit la gloire de Dieu briller sur le visage du Christ. Il faut se garder d’interpréter cet événement avec des catégories purement psychologiques. Ce dont nous pouvons être assurés sur le plan historique, c’est que ce qui s’est passé sur le chemin de Damas a eu une influence déterminante, tout à fait positive et féconde, sur le reste de la vie de Paul. Il y a fait l’expérience d’une rencontre personnelle avec Jésus ressuscité et il a mûri une conviction qui a retourné son existence.

Ce qui doit demeurer comme un point lumineux à nos yeux, c’est qu’il n’est pas possible de parler de conversion au christianisme sans mettre au premier plan la personne de Jésus Christ. C’est lui qui définit notre identité de chrétiens.

Je suis heureux de vous accueillir chers pèlerins francophones. A l’exemple de saint Paul laissez-vous saisir par le Christ. C’est en lui que se trouve le sens ultime de votre vie. Vous aussi, soyez des témoins ardents du Sauveur des hommes, parmi vos frères et vos sœurs. Que Dieu vous bénisse!

Texte intégral de la catéchèse du Saint-Père º Paul a rencontré le Ressuscité

Nous vous proposons un extrait du livre "l'Avorton de Dieu" d'Alain Decaux

(...) Je pose la question au lecteur : comment, vous et moi, nous serions-nous conduits si pareil sort nous était advenu ? Je gage que nous nous serions précipités à Jérusalem pour reconnaître notre erreur et proclamer la lumière dans laquelle nous venions d'être baignés. Nous aurions tenu à informer les persécuteurs qui, en notre nom, s'obstinaient à pourchasser des infortunés. Nous aurions fait ouvrir les prisons où ceux-ci se lamentaient. Nous aurions, en toute humilité, cherché à nous informer de ce Jésus qui venait de nous favoriser d'un don inouï. Les hommes qui avaient escorté le Nazaréen depuis les premiers jours de sa vie publique vivaient à Jérusalem. Nous les aurions suppliés de nous dire tout de ce qu'ils savaient.

Saul n'entreprend rien de pareil. Sans prévenir quiconque, il disparaît de Damas. Exit Saul. Un tel comportement ressemble à une désertion. Aurait-il eu peur ? Ce serait logique : à Jérusalem, il vient de susciter tant de souffrances et tant de haine ! Ou serait-ce qu'il ne supportait pas le poids gigantesque qui l'accablait soudain ? Au mont des Oliviers, Jésus lui-même a supplié son Père de lui épargner l'agonie qui l'attendait. Pas plus que nous, les premiers chrétiens n'ont compris cette fuite. La preuve ? Les Actes des Apôtres observent un silence absolu sur le séjour de Saul en Arabie. Par un tour de passe-passe d'autant plus sidérant qu'il ne peut qu'être délibéré, Luc veut ignorer l'exil en Arabie et, des deux séjours à Damas, n'en fait qu'un seul. Après « un temps assez long », il montre Saul allant à Jérusalem rendre visite à Céphas (Pierre) et à Jacques, « le frère du Seigneur » !

Dans une unique perspective, notre stupeur pourrait s'estomper, voire s'annuler : au fait, qu'avait-il besoin, ce Saul à jamais imprégné d'une présence immensurable, de courir à Jérusalem pour chercher à connaître ce qu'il était sûr de savoir déjà et pour jamais ? « Que Paul ne se soit pas rendu à Jérusalem, prononce Dicter Hildebrandt, est et ne cesse d'être le signe qu'il a tout su d'un coup. »

Peut-on, sur les rapports entre Dieu et les hommes, tout apprendre « l'espace d'une culbute », pour reprendre le mot d'André Frossard ? Si l'on a la foi, oui.

Avant son départ, Saul n'a donc pris conseil de personne. Non seulement il ne s'en cache pas mais il le revendique. Sans cet orgueil grandiose, Saul de Tarse ne serait pas devenu saint Paul. On en trouve la trace dans l'Épître aux Galates : « Loin de recourir à aucun conseil humain ou de monter à Jérusalem auprès de ceux qui étaient apôtres avant moi, je suis parti pour l'Arabie (Ga, 16 et 17). » Selon la critique contemporaine, l'Épître a dû être écrite en 56 ou 57, donc vingt ans après le départ précipité de Damas. A cette époque, Paul cherchera à renforcer sa propre autorité pour être davantage entendu. Comment mieux y parvenir qu'en s'affichant, dès après l'Événement, libre de toute influence et de toute autorité ? Chacun, dit-on, recompose à quarante ans sa propre biographie. En 56-57, Paul dépassera la quarantaine.

Il marche.
La « route des rois » — nom millénaire — allonge sous ses pas sa piste caillouteuse. Droit vers le sud, elle permet de rejoindre le port d'Akaba. Les yeux brûlés par le soleil, au milieu de la fournaise qui assaille le corps et assèche la bouche, l'homme de Tarse peut-il méconnaître qu'il emprunte à rebours le chemin des Hébreux lors du retour de l'Exode ? Sans doute, comme plus tard Lawrence et ses Bédouins, évite-t-il de marcher en plein midi, préférant les aubes et les crépuscules.
Pendant des jours et des jours, il marche.

L'Arabie des contemporains de Saul désigne une région précise : le pays des Nabatéens. Issus d'une des nombreuses tribus qui nomadisaient dans la région, ils semblent s'être installés, entre le vne et le vie siècle av. J.-C., dans ce royaume d'Edom connu comme le berceau de Hérode le Grand. Pour assurer leur prédominance sur les peuples des environs, ces voyageurs du désert ont su user d'un moyen que personne n'aurait attendu d'eux : l'irrigation. D'étendues arides, ils ont fait surgir des moissons. Ne dépassant guère quelques dizaines de milliers d'individus, ils ont fondé l'une des plus brillantes civilisations de leur temps.

Leurs caravanes — l'unique moyen de transport étant le chameau — ont sillonné l'Orient. Sous le roi Arétas III, mille cinq cents tonnes d'encens étaient emportées chaque année vers Rome. Pline a dépeint ces caravanes qui transportaient « l'écaillé des tortues de Malacca et le nard (Herbe indienne odoriférante dont on extrayait un parfum recherché) du Gange, l'écorce de cannelle de l'Himalaya [...] et des Indes, des diamants et des saphirs, de l'ivoire et du coton, de l'indigo, du lapis-lazuli et surtout du poivre, des dattes et du vin, de l'or et des esclaves ».

Singulier royaume dont l'on est incapable de fixer les limites. A son apogée, il s'est étendu sur la Jordanie actuelle, une partie de la Syrie et les déserts de l'Est. La capitale d'Arétas III était Pétra.

S'éloignant de la route des rois, le moment est venu où Saul va bifurquer vers l'ouest et s'enfoncer dans un défilé qui précisément conduit à Pétra.

Je me souviens. Pour escalader la montagne du haut de laquelle on peut le mieux découvrir Pétra au lever du soleil, ma femme et mes enfants avaient quitté l'hôtel en pleine nuit. Mon cardiologue m'interdisant ce genre d'exploit, j'ai simplement calculé l'heure de les rejoindre dans la vallée. Au début de la matinée, ayant fui les mulets proposés en abondance, c'est à pied que j'ai rejoint le chemin par lequel on accède aux merveilles. Après avoir suivi le lit du wadi Musa et imitant l'exemple de Saul, je me suis glissé entre deux parois de roc hautes chacune de cent mètres. Un kilomètre plus loin a surgi l'un des plus prodigieux sites du monde : Pétra, la ville rouge.

Bien sûr, le nom vient de pierre, mot grec. Le miracle est né de la force de l'eau, du vent et des soubresauts de la nature : le tout a sculpté le grès autant que le calcaire et juxtaposé les couleurs, du jaune strié de bleu à l'écarlate, du mauve au lie-de-vin. Des hommes se sont fixés là il y a dix mille ans. Dès le me siècle av. J.-C., fascinés par ce décor offert, les Nabatéens l'ont semé de monuments par centaines, temples et tombeaux souvent sculptés dans la montagne elle-même.

Or, quand Saul parvient à Pétra, ces Nabatéens traversent des moments difficiles. Le tétrarque de Galilée, Hérode Antipas, a épousé la fille d'Arétas IV, leur roi. Après quoi, il s'est pris d'une folle passion pour Hérodiade, la femme de son demi-frère. Répudiée, la fille d'Arétas lui a été renvoyée sans autre forme de procès. Ce qui, comme on pense, n'a pas plu au roi des Nabatéens. Très tenté d'aller faire rendre gorge au gendre qui l'avait offensé, il a dû y renoncer par crainte d'encourir la colère des Romains, fidèles alliés des Hérode. Arétas IV s'est contenté de causer mille ennuis aux juifs de la région. D'évidence, Saul tombe assez mal. Il n'en restera pas moins en Arabie pendant trois ans.

Qu'y a-t-il fait ?

Certains Pères de l'Église ont cru qu'il avait gagné cette région dans le seul but d'évangéliser les Nabatéens. L'argument qu'ils avançaient frappe encore aujourd'hui : comment, après l'Événement, Saul aurait-il pu se taire ? Certes. Faut-il cependant en déduire que le détenteur d'un tel secret ait choisi de le confier aux Nabatéens ? Devons-nous voir le petit homme prêcher, dans une langue qu'il ignore, des gens qu'il ne connaît pas ? Était-il prêt, d'ailleurs, à évangéliser d'autres que des juifs alors qu'il ne se sentait pas la force — le départ de Damas en est le signe — de convaincre ceux de Syrie ?

D'aucuns ont rappelé la conversion de saint Augustin qui a ressenti la nécessité d'un « temps d'arrêt » pour mettre de l'ordre dans le « tumulte » — lui aussi — de ses pensées et de ses sentiments. On a cité Nietzsche : « Quiconque sera un jour porteur d'un message important se tait longtemps ; quiconque veut produire la foudre doit longtemps être un nuage. » On a rappelé la prédilection des prophètes, des ermites, des stylites pour le désert.

Saul aurait-il alors voulu fuir la question redoutable qui peut-être obsédait son esprit : Et si j'avais rêvé ? La repoussant d'un cri d'effroi. Ressentant, l'ayant perdue, la présence du Seigneur pour la perdre encore — et la retrouver.

Questions sans réponse. La seule indication sérieuse nous vient, cette fois encore, de Paul. Rentré à Damas, il devra essuyer de sérieux désagréments de la part de l'envoyé d'Arétas IV. Pour le poursuivre jusque-là de son ressentiment, il faut que ce roi nabatéen se soit précédemment trouvé en rapport avec lui et qu'un grave conflit ait surgi entre eux.

Faisons encore le point. Reprenant conscience après l'Événement, Saul va vers les juifs parce qu'il ne connaît que les juifs. Ils le repoussent. Impossible de regagner Jérusalem : on se vengerait sur lui de la tragique erreur dans laquelle il a entraîné ses concitoyens. Alors partir. N'importe où. Sans but autre que de laisser derrière lui ce poids trop lourd. L'Événement ? C'est dans son cœur qu'il l'emportera. Au sortir de Damas, il n'y a guère que le désert. Il s'y enfonce. De l'argent emporté de Jérusalem, il lui reste de quoi vivre quelque temps. Après ? Aucun problème. Il est tisseur de tentes. En Arabie comme ailleurs, on a besoin de tentes. Quand il entamera ses voyages d'apostolat, c'est exactement ce qu'il fera : entrant dans une ville, il se mettra à tisser.

On en vient à se dire que la colère du roi Arétas aurait pu être d'ordre commercial. Conflit de Saul avec des fournisseurs ou des clients proches du roi ? Quand la menace se précise — crainte de la prison ? —, Saul regagne Damas. Aucun document ne vient étayer cette hypothèse. Pourtant, elle se tient.

Le jour viendra où Paul comparera ce qu'il a reçu à un trésor tout en en reconnaissant la fragilité : « Ce trésor, nous le portons dans des vases d'argile, pour que cette incomparable puissance soit de Dieu et non de nous (2 Co IV, 7). »

L'homme n'est-il pas lui-même un vase d'argile ?

Extrait de l'avorton de Dieu d'Alain Decaux (p 76 -81)

Texte intégral de la catéchèse du Saint-Père º Paul a rencontré le Ressuscité

Synthèse de la catéchèse du saint-Père º Benoît XVI nous parle de la conversion de saint Paul
Texte original du discours du Saint Père º UDIENZA GENERALE

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º Catéchèses 2008
Saint Paul (1)
Saint Paul (2)

º Année Paulinienne, 28 juin 2008 - 29 juin 2009
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Sources : www.vatican.va TV - E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M. sur Google actualité) - 03.09.2008 - T/Benoît XVI


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