Pourquoi le pape Benoît XVI a-t-il
jugé le Motu Proprio opportun ? |
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Le 03 août 2007 -
(E.S.M.) -
Dès son élection, Benoît XVI a précisé qu’il souhaitait demeurer dans la
lignée de ses prédécesseurs immédiats en matière d’œcuménisme. Le motu
proprio ne s’explique que par le souci d’un père désireux de pouvoir
enfin réunir tous ses enfants dans une communion retrouvée.
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Mgr Jean
Legrez, dominicain, évêque de Saint-Claude (Jura)
Pourquoi le pape Benoît XVI a-t-il jugé le Motu Proprio opportun ?
Pour Mgr Jean Legrez, dominicain, évêque de
Saint-Claude (Jura), c’est le souci du pape pour l’unité de l’Église qui a
motivé la publication du texte autorisant la liturgie antérieure à la
réforme de 1970.
Un motu proprio est un texte qui provient de la seule
initiative du pape. Selon vous, pourquoi le pape Benoît XVI a-t-il jugé ce
texte opportun ? Qu’est-ce qui rend aujourd’hui possible sa publication ?
Il me semble que le pape a jugé opportun cette publication uniquement parce
qu’il est habité par le souci de l’unité au sein même de l’Église
catholique. Dès son élection, Benoît XVI a précisé qu’il souhaitait demeurer
dans la lignée de ses prédécesseurs immédiats en matière d’œcuménisme. Le
motu proprio ne s’explique que par le souci d’un père désireux de pouvoir
enfin réunir tous ses enfants dans une communion retrouvée.
Brièvement, que dit le texte du pape ?
Dans ce texte très court, le pape commence par expliquer son intention. Il
évoque le souci séculaire des papes de transmettre la foi catholique reçue
des apôtres à travers les signes sacramentels que nous offre la liturgie. En
outre, Benoît XVI fait sien le souci de ses prédécesseurs immédiats : que
les fidèles qui, pour des raisons diverses, n’ont pas reçu positivement la
réforme liturgique de Vatican II, continuent d’appartenir à l’Église
catholique. Il leur offre par ce motu proprio la possibilité d’utiliser le
Missel romain publié en 1962 par le pape Jean XXIII. La préoccupation
majeure de Benoît XVI est que la postérité ne puisse reprocher à l’Église de
ne pas avoir fait tout son possible pour éviter des ruptures durables.
L’article 1 me paraît le plus important : le Missel romain promulgué par le
pape Paul VI est « l’expression ordinaire » de la loi de prière (lex
orandi) de l’Église catholique de rite latin. Ni le Concile Vatican II,
ni la réforme liturgique mise en œuvre à partir de ce dernier ne sont mis en
cause. Au contraire, leur importance est réaffirmée. Les prêtres et les
fidèles désireux d’utiliser le Missel promulgué par Jean XXIII le pourront à
partir du 14 septembre. Toutefois, je tiens à préciser que, selon le pape,
ce missel n’est que la « forme extraordinaire » du rite romain. Ce
dernier comprendra désormais deux formes ou deux mises en œuvre.
Tout prêtre catholique pourra choisir, pour la messe sans le peuple, le
missel qu’il désire. Il aura alors la possibilité de célébrer avec quelques
fidèles attachés à l’usage ancien. Dans les paroisses il reviendra au curé
de voir comment répondre à la demande d’un groupe de fidèles attachés à la «
forme extraordinaire » du rite romain. Si une difficulté surgit, un
recours sera porté devant l’évêque. Si une solution à l’amiable n’est pas
trouvée, l’évêque en référera à la commission pontificale Ecclesia Dei pour
trouver une solution. Le même choix pourra avoir lieu pour les chapelles des
instituts religieux, avec l’accord des supérieurs.
Les évêques de France ont-ils été consultés ? Quel
a été leur apport au texte final ?
On ne peut pas dire que les évêques de France ont été consultés. Pour être
précis, ils n’ont pas attendu d’être consultés. Souvenez-vous le 25 octobre
2006, les évêques de la Province ecclésiastique de Besançon ont écrit à Rome
pour faire part de leurs préoccupations nées de l’éventuelle publication du
motu proprio. Dix jours après, ce sont tous les évêques réunis à Lourdes
qui apportaient leur soutien au cardinal Ricard, président de la Conférence
Épiscopale de France, en affirmant leur attachement à la rénovation
liturgique voulue par le Concile Vatican II. Depuis l’automne dernier, il
n’a pas manqué de cardinaux et d’évêques français pour exprimer auprès du
Saint-Siège leur désir d’aider au progrès de la vie liturgique en France et
aussi, il faut le reconnaître, leurs craintes. Le pape, dans la lettre
adressée aux évêques avec le motu proprio, tient à dissiper ces craintes,
qui sont au moins au nombre de deux : la mise en doute de l’autorité du
Concile Vatican II et le danger de désordres et même de fractures dans les
paroisses.
Qu’est-ce que cela va changer pour les fidèles,
notamment dans la pratique dominicale ? Avez-vous connaissance, dans le
diocèse, de demandes émanant de groupes de personnes attachées au Missel de
Jean XXIII ?
Dans le diocèse de Saint-Claude, cela ne changera pas grand-chose, au plan
visible. Cependant ce texte est un appel à l’ouverture
mutuelle pour tous, à une conversion de l’intelligence et du cœur.
Peut-être y aura-t-il des demandes de célébration selon l’ancien rituel à
l’occasion de tel mariage ou de tel enterrement. Nous allons réfléchir avec
les prêtres sur la façon de répondre au mieux à ces demandes. S’agissant de
la messe dominicale ou de la messe quotidienne, aucune demande émanant d’un
groupe de catholiques traditionalistes n’a jamais été faite à l’évêque de
Saint-Claude, à ma connaissance. Les traditionalistes, contrairement aux
intégristes, sont des catholiques en communion avec le pape et l’évêque du
lieu. Je crois savoir qu’il existe dans le Jura deux lieux où la messe est
célébrée par des prêtres intégristes qui, jusqu’à présent, n’ont jamais
exprimé leur désir de rentrer dans le giron de l’Église. La main leur est
tendue. Quelques intégristes, tout en se réjouissant de la liberté qui est
donnée par le pape Benoît XVI, soulignent que des désaccords de fond
demeurent. Les questions liées à l’œcuménisme, à la liberté religieuse et au
dialogue interreligieux continuent de nous séparer. Dans les mois à venir,
l’essentiel est de demeurer paisible, réaliste et charitable. Les
communautés paroissiales n’ont pas à s’inquiéter, mais à célébrer
sereinement selon les exigences de la réforme liturgique.
En tant qu’évêque, comment pourrai-je ne pas souhaiter que nos liturgies
soient belles, signifiantes et recueillies afin de permettre aux fidèles
d’entrer dans les mystères du Christ pour la plus grande gloire de Dieu
?
La question liturgique n’éclipse pas à elle seule
d’autres problèmes, notamment celui de l’acceptation des actes de Vatican
II. Il est vrai que, dans le motu proprio, le pape prend bien soin de les
dissocier. Mais peut-on en minimiser la portée ?
En effet le pape précise que la possibilité accordée de célébrer selon les
livres anciens ne peut exister qu’à la condition que prêtres et fidèles, qui
célèbreront ainsi, acceptent Vatican II. Selon le pape, les deux manières de
célébrer peuvent permettre des enrichissements réciproques. Les prêtres qui
adhèrent à l’usage ancien ne peuvent pas exclure la célébration selon les
nouveaux livres, ils sont donc tenus d’accepter le Missel de Paul VI. Dès
lors il est possible d’espérer qu’ils envisagent de célébrer selon ce
dernier, qu’ils participent à des concélébrations ou à la messe chrismale,
qui rassemble au début de la Semaine Sainte tous les prêtres d’un diocèse
autour de leur évêque. L’Esprit nous pousse à ne pas avoir peur, à être des
artisans de paix et d’unité en sachant nous respecter et nous aimer, comme
dans une famille où tous sont heureux de se retrouver après une période de
troubles et de disputes sachant que seule une bienveillance respectueuse de
la vérité pourra guérir les blessures. Finalement il
apparaît que Benoît XVI compte sur la capacité de tous à se convertir pour
vivre unis, pour que le monde croie.
Propos recueillis par P.C.
Le Motu Proprio
►
Le texte officiel et tous les commentaires (Table)
Texte intégral du Motu
Proprio: ►
Publication du "Motu Proprio Summorum Pontificum"
Motu Proprio Summorum Pontificum
(doc word)
Lettre explicative: ►
Lettre du pape Benoît XVI aux évêques
Lettre du pape Benoit XVI accompagnant le motu
proprio
(doc word)
Sources:
Interview dans Voix du Jura -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.08.2007 - BENOÎT XVI - Table
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