Le chant grégorien, une musique digne
de Dieu et en même temps, digne de l'homme |
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Le 03 mars 2009 -
(E.S.M.)
- Pour les compositeurs du chant grégorien, il s'agissait plutôt
de reconnaître attentivement, avec les "oreilles
du cœur", les lois constitutives de l'harmonie musicale de la création,
les formes essentielles de la musique émise par le Créateur dans le monde et
en l'homme, et d'inventer une musique digne de Dieu qui soit, en même temps,
authentiquement digne de l'homme et qui proclame hautement cette dignité.
(Cf. Benoît XVI,
Discours aux Berdardins)
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Le chant grégorien, une musique digne
de Dieu et en même temps, digne de l'homme
Qu'arrive-t-il quand on chante n'importe quoi ?
Le 03 mars 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Qu'arrive-t-il quand on chante n'importe quoi n'importe comment à la
messe? C'est une question que l'on peut se poser alors que dans nos messes
actuelles le chant grégorien qui mettait en valeur les paroles du propre du
jour a été remplacé par des chants dont les textes n'ont rien à voir avec la
liturgie.
Pour saint Benoît, la règle déterminante de la prière et du chant des moines
est la parole du Psaume: Coram angelis psallam Tibi, Domine - en
présence des anges, je veux te chanter, Seigneur -
(cf. Ps. 138, 1). Se trouve ici pleinement exprimée la conscience
de chanter, dans la prière communautaire, en présence de toute la cour
céleste, et donc d'être soumis à la règle suprême: prier et chanter pour
s'unir à la musique des esprits sublimes considérés comme les auteurs de
l'harmonie du cosmos, de la musique des sphères. C'est ce que nous disons
aussi à chaque messe, à la fin de la préface proclamée par le célébrant, qui
invite à chanter le Sanctus: ... Et ideo cum Angelis et Archangelis,
cumque multiplici congregatione Sanctorum, hymnum laudis tibi canimus, sine
fine dicentes... Nous nous unissons avec les Anges et les Archanges pour
chanter "sans fin": ce n'est pas nous qui invitons les créatures
célestes à chanter nos refrains limités!
A partir de là, on peut comprendre la sévérité d'une méditation de S.
Bernard de Clairvaux qui utilise une expression de la tradition
platonicienne, transmise par saint Augustin, pour juger le mauvais chant des
moines qui, à ses yeux, n'était en rien un incident secondaire. S. Bernard
qualifie la cacophonie d'un chant mal exécuté de chute dans la regio
dissimilitudinis: il s'agit d'une dégringolade dans la "région de la
dissimilitude".
S. Augustin avait tiré cette expression de la philosophie platonicienne pour
caractériser l'état de son âme avant sa conversion (cf.
Confessions, VII, 10.16): l'homme qui est créé à l'image de Dieu
tombe, en conséquence de son abandon de Dieu, dans la "région de la
dissimilitude", dans un éloignement de Dieu où il lui devient impossible
de refléter son image. Dans cette région - ou dans cet état - l'homme
devient non seulement dissemblable à Dieu, mais aussi dissemblable à sa
véritable nature d'homme. Pour indiquer les graves conséquences du chant mal
exécuté par les moines, S. Bernard se montre ici sévère: en reprenant
l'image de la "dissimilitude" qui indique la chute de l'homme loin de
Dieu et loin de lui-même, il montre à quel point il considère que le chant
liturgique ne peut être que quelque chose de très sérieux. Il indique ici
que la culture du chant est une culture de l'être, et que les moines, par
leurs prières et leurs chants, doivent correspondre à la grandeur de la
Parole qui leur est confiée, à son impératif de réelle beauté qui conduit à
l'intériorisation de la prière.
De cette exigence capitale de parler avec Dieu et de le chanter avec les
mots qu'il a lui-même donnés, est né le véritable chant liturgique qui, dans
la liturgie romaine, est le chant grégorien. Le chant grégorien n'a pas été
l'œuvre d'une "créativité" personnelle où l'individu, prenant comme
critère essentiel la représentation de son propre "moi", s'érige un
monument à lui-même, comme le sont les cantiques actuels signés d'un
compositeur qui touche des droits d'auteur. Pour les compositeurs du chant
grégorien, il s'agissait plutôt de reconnaître attentivement, avec les "oreilles
du cœur", les lois constitutives de l'harmonie musicale de la création,
les formes essentielles de la musique émise par le Créateur dans le monde et
en l'homme, et d'inventer une musique digne de Dieu qui soit, en même temps,
authentiquement digne de l'homme et qui proclame hautement cette dignité.
(Cf. Benoît XVI,
Discours aux Berdardins)
On a bien compris: remplacer le chant propre de la liturgie romaine - le
chant grégorien - par n'importe quel refrain imaginé par le premier venu qui
s'autoproclame "compositeur liturgique" n'a rien d'anodin et n'est
pas sans conséquences graves pour les assemblées dominicales. Ces cantiques
aux paroles sans véritable intérêt et aux mélodies pauvres, ces petits
refrains ressemblant à des comptines, toutes ces nouveautés qui fleurissent
semaine après semaine dans les revues d'animation liturgique et sont chantés
par des assistances moutonnières, vont généralement de pair avec des
célébrations qui font verser les assemblées - et font verser la liturgie
avec elles - dans la "région de la dissimilitude", c'est-à-dire dans
un état qui fait que ni l'homme ni la liturgie qu'il célèbre ne sont plus
capables de se laisser illuminer par la clarté divine.
Les assemblées se referment alors sur elles-mêmes, chaque messe ayant "son"
public, "ses" chants, "son" style, "son" animateur, "son"
célébrant... Il s'ensuit que beaucoup de fidèles - y compris des prêtres -
perdent de vue que la liturgie est essentiellement actio Dei qui
n'est pas laissée à la disposition de notre arbitraire. Il n'est pas
judicieux - et c'est même pastoralement infructueux - d'y introduire des
chants qui ne sont que les reflets de modes éphémères et qui, à ce titre, ne
transmettent rien d'une génération de fidèles à l'autre.
Sources : PRO LITURGIA
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.03.2009 -
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