Jean-Paul II parle 48 fois du caractère
sacrificiel de la Sainte Messe dans Ecclesia De Eucharistia
Le 03 mars 2008 - Dans l’encyclique Ecclesia De Eucharistia (17/4/2003),
où le Saint-Père le pape Jean-Paul II, outre qu’il met en valeur les
dogmes de la présence réelle et du sacerdoce ministériel distinct du
sacerdoce des fidèles, parle 48 fois du caractère sacrificiel de la
Sainte Messe.
Mgr
Antônio de Castro Mayer
Le pape Jean-Paul II parle 48 fois du caractère sacrificiel de la Sainte
Messe dans Ecclesia De Eucharistia
Extrait du livre de
Mgr Rifan que vous pouvez-vous procurer dans la boutique en ligne sur º
www.barroux.org
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précédentes)
1)
Introduction :
Le magistère vivant de l’Église
2)
Le pape, guide de l’Église
universelle, successeur de saint Pierre :
Jésus a institué le collège apostolique
3) La réforme de la réforme
liturgique :
16.02.08
4) Application de ces principes théologiques à la
question de la messe: La
beauté et de la profondeur du missel de saint Pie V
5) Critères et limites à observer :
Jean-Paul II a souvent répété que la diversité ne doit pas nuire à
l’unité
6)
Un avertissement sérieux et grave aux milieux réputés "traditionalistes"
7)
La
légitimité de la Nouvelle Messe
(suite...) § 6. Pour en revenir à la question de la légitimité de la Nouvelle Messe
Les choses étant ainsi, une fois que la nouvelle Liturgie de la Messe fut
promulguée officiellement et solennellement par le Siège de Pierre comme une
loi liturgique universelle de l’Église, et adoptée par l’Épiscopat mondial
en communion avec le pape pendant quasi quatre décennies, [Cette
acceptation de la nouvelle liturgie de la Messe pendant presque 40 ans de la
part de toute l’Église enseignante (le Pape et tous les évêques en communion
avec lui) est aussi un argument en faveur de sa légitimité. Il existe un
parallèle : Saint Alphonse de Liguori affirme que, si un Pape avait été élu de manière
illégitime
ou par fraude, il suffit que par la suite il soit accepté par toute
l’Église pour se
retrouver véritable pontife (Verità della fede, in Opere…, vol. VIII,
p. 720, n. 9)] — et il s’agit
d’une matière liée à la foi —, [« La loi de la prière
établit la loi de la foi »… « La loi de la foi doit établir la loi de la
prière » (Pie XII, encyclique Encyclique Mediator Dei, 20 novembre
1947, n° 43)] il est impossible que cette liturgie, en
elle-même, soit hérétique, non catholique, illicite, peccamineuse ou même
préjudiciable à la foi. Elle peut l’être en vertu de circonstances
extérieures qui malheureusement se produisent souvent, [«
Un exemple de cela fut une messe véritablement abominable, célébrée le 6
avril 2003, dans la paroisse de N.-D. du Carmel, à Belo Horizonte. Elle s’insère
dans la
crise ecclésiale appelée “autodémolition de l’Église”, parmi les obscurités
de la
Réforme réforme liturgique, comme dont le pape [Jean-Paul II] se
plaint
dans sa dernière encyclique, “des abus qui contribuent à obscurcir la foi
droite et la
doctrine catholique”. Dans cette Messe, la lecture de l’Évangile tout de
suite a créé
la stupéfaction : “Proclamation de la Bonne Nouvelle selon la narration de
la
communauté de Jean, 12, 20-27 !” Cela révèle l’hérésie moderniste, déjà
condamnée
par le Magistère de l’Église, hérésie qui nie l’historicité des Évangiles,
les attribuant
non aux Évangélistes, mais à la foi des premières communautés
chrétiennes. Le Credo contient des phrases étranges : “Je crois en la Vie,
je crois en
l’Histoire, en la citoyenneté qui rejette la routine, le rêve est de
construire le bien-être
avec la paix, je crois en l’Église, peuple uni dans la solidarité sans
exclusions. Salut
pour tous, dans un climat de fête”. À la consécration, on changea la
formule, les
paroles de Jésus, rendant cette messe non seulement illicite, mais invalide
: “Prenez
et mangez, vous tous, ce pain du partage je le suis en mon corps, avec vous
et donné
pour vous, pour tous je serai l’amour du Père” ; ; “Prenez et buvez,
ceci est le
calice de la bénédiction, en mon sang de la nouvelle et éternelle alliance,
répandu pour
vous et pour tous. Sentez-vous enveloppé dans la compassion”. Créativité ?!
Que de
sacrilèges on commet en ton nom » (Article de Mgr Fernando Rifan, dans le
Journal
Feuille du Matin Folha da Manhã [Feuille du Matin], du 11 juin 2003)] mais pas en
elle-même, telle qu’elle fut promulguée.
Affirmer le contraire, c’est encourir la réprobation promulguée déjà par le
Magistère de l’Église, vu que c’est une proposition censurée de dire que
l’Église, régie par l’Esprit de Dieu, puisse promulguer une discipline
dangereuse ou préjudiciable aux âmes (cf. le pape Pie VI, [Cf. Pie VI, Constitution apostolique
Auctorem fidei, du 28 août 1794,
condamnant les erreurs du Synode janséniste de Pistoie : « La prescription
du synode,
[…], où, après avoir affirmé qu’“il faut distinguer dans chaque article ce
qui
concerne la foi et l’essence de la religion de ce qui est propre à la
discipline”, il
ajoute que “même dans celle-ci (la discipline), il faut distinguer ce qui
est nécessaire
ou utile pour retenir les fidèles dans l’esprit, de ce qui est inutile ou
trop lourd à
porter pour la liberté des fils du Nouveau Testament, et plus encore de ce
qui est
périlleux et nuisible, comme conduisant à la superstition et au
matérialisme”. Pour
autant qu’en raison des termes généraux utilisés, elle inclut et soumet à
l’examen
prescrit même la discipline établie et approuvée par l’Église, comme si
l’Église, qui
est régie par l’Esprit de Dieu, pouvait constituer une discipline non
seulement inutile
et trop lourde à porter pour la liberté chrétienne, mais encore dangereuse,
nuisible, et
conduisant à la superstition et au matérialisme : fausse, téméraire,
scandaleuse,
pernicieuse, offensive des oreilles pies, injurieuse à l’Église et à
l’Esprit de Dieu qui
la conduit, pour le moins erronée. » (DzSch 2678)]
et le pape
Grégoire XVI [« Ce serait sans aucun doute une
chose coupable et tout à fait contraire au respect avec lequel on doit
recevoir les lois de l’Église, que de réprouver, par un dérèglement insensé
d’opinions la discipline établie par elle, et qui renferme l’administration
des choses saintes, la règle des moeurs, et les droits de l’Église et de ses
ministres ; ; ou bien de signaler cette discipline comme opposée aux
principes certains du droit naturel, ou de la présenter comme défectueuse,
imparfaite et soumise à l’autorité civile » (Grégoire XVI, Encyclique Mirari vos, du 15 août
1832, n° 9)]. Au contraire, les lois universelles de l’Église sont très
saintes (cf. le pape Pie XII [«
Assurément notre pieuse Mère [l’Église] brille d’un éclat sans tache dans
les sacrements où elle engendre ses fils et les nourrit ; dans la foi
qu’elle garde toujours à l’abri de toute atteinte ; ; dans les lois très
saintes qu’elle impose à tous et les conseils évangéliques qu’à tous elle
propose ; enfin dans les grâces
célestes et les
charismes surnaturels par lesquels elle engendre avec une inlassable
fécondité des
troupes innombrables de martyrs, de confesseurs et de vierges. Ce n’est
cependant
pas à elle qu’il faut reprocher les faiblesses et les blessures de certains
de ses
membres, au nom desquels elle-même demande à Dieu tous les jours :
“Pardonnez-nous
nos offenses”, et au salut spirituel desquels elle se consacre sans relâche,
avec
toute la force de son amour maternel. » (Pie XII, Encyclique Mystici
corporis, 29 juin 1943, n° 65)].
L’unanimité des théologiens
(voir plus loin § 7)
nous enseigne
l’infaillibilité ou inerrance de l’Église dans ses lois universelles, parmi
lesquelles se situent les lois liturgiques universelles. Ça ne veut pas dire
qu’elles ne peuvent pas être modifiées ou améliorées. Cela signifie qu’elles
ne peuvent pas contenir d’erreurs contre la foi ou la morale, ou être
préjudiciables aux âmes. Le concile de Trente, par exemple, proclama
l’inerrance de la Vulgate, traduction faite par saint Jérôme. Cela ne veut
pas dire qu’elle est parfaite ni qu’elle ne peut pas être corrigée ou
améliorée, comme de fait elle le fut en divers passages par l’autorité de
l’Église. La déclaration infaillible du concile de Trente signifie qu’elle
ne contient pas d’erreurs doctrinales.
Les interprétations données par les modernistes et les déclarations faites
par les protestants dès le début de la réforme liturgique ont impressionné
le monde catholique et beaucoup pensèrent qu’il s’agissait là de
l’interprétation à donner au nouveau rituel de la Messe. Mais, tout au
contraire, le sens des actions et expressions liturgiques est donné par le
Magistère de l’Église. [Un rite ou une cérémonie, en
eux-mêmes, peuvent être ambigus, c’est-à-dire avoir diverses significations.
Une génuflexion, par exemple, peut signifier la
moquerie, comme dans le couronnement d’épines de Jésus, ou un acte de vraie
adoration. Ainsi, un seul Confiteor à la place de deux, pourrait signifier
la confusion
entre le sacerdoce ministériel et celui des fidèles ou une pure
simplification du rite,
accompagnée de l’explication du magistère sur la doctrine du sacerdoce
ministériel
distinct du sacerdoce commun. De même, une seule génuflexion au lieu de deux
dans
la consécration de la messe pourrait signifier l’interprétation protestante
ou
l’interprétation catholique de la consécration. Le Catéchisme de l’Église
catholique
enseigne que la transsubstantiation se réalise par « la force des paroles du
prêtre, par
l’action du Christ et par le pouvoir de l’Esprit Saint », rejetant
l’interprétation
protestante pour laquelle ce serait par la foi des fidèles, comme l’ont dit
certains qui
cherchaient à forcer cette interprétation du Nouvel Ordo (cf. CEC 1353). De
même
aussi, dans la messe de saint Pie V, le signe de croix tracé sur l’hostie
consacrée
pourrait signifier une bénédiction, ce qui induirait à la négation de la
présence réelle,
ou un signe plus solennel d’indication. Mais l’instance qui donne le sens
des rites est le Magistère de l’Église et non les hérétiques ou
l’imagination des personnes] Et, grâce à Dieu, diverses interprétations
postérieures du Magistère ont corrigé toute ambiguïté qui pouvait exister,
et donnèrent aux textes et aux rituels leur véritable sens, le sens
catholique, et non le sens moderniste ou protestant. [Par
exemple l’encyclique
Ecclesia De Eucharistia (17/4/2003), où le
Saint-Père
le pape Jean-Paul II, outre qu’il met en valeur les dogmes de la
présence réelle et
du sacerdoce ministériel distinct du sacerdoce des
fidèles,
parle 48 fois du caractère sacrificiel de la Sainte Messe. Le CEC (de 1997)
enseigne
avec clarté le caractère sacrificiel de la Messe (n° 1330, 1365-1367),
soulignant son
aspect propitiatoire (n° 1367). Qu’on aille voir aussi la toute dernière
précision
doctrinale concernant la traduction du « pro multis », faite par la
Congrégation pour le Culte divin le 17 octobre 2006 [Message de Benoît XVI
au cardinal Francis Arinze
(ici)]. Cf. aussi
l’affirmation du cardinal Ottaviani, où il se montre satisfait des
précisions doctrinales, postérieures à sa lettre, fournies par le pape Paul
VI (citée plus loin, p. 49 67)]
Quelqu’un pourra objecter que, même avec beaucoup d’éclaircissements
postérieurs du Magistère, le texte du Nouvel Ordo est resté le même. Mais,
exactement, ce sont les élucidations qui précisent le sens. Comme cela se
produit avec les Saintes Écritures, dont le texte très souvent se prête à
des interprétations hérétiques, mais qui a un sens correct donné par le
Magistère, lequel le fournit sans modifier le texte. Autrement dit, c’est
exactement la même différence qu’entre la Bible catholique et la Bible
protestante, pour les mêmes textes : les notes explicatives avec le sens
donné par le Magistère. [Ainsi, après toutes les
explications et précisions données par le Magistère, on ne peut pas dire que
la Messe du rite romain actuel soit exactement la même qu’en 1969. Outre
l’adhésion requise aux actes du Magistère, l’éclaircissement, en en
précisant le sens catholique, a constitué un progrès bénéfique, lequel
requiert honnêtement en contrepartie, une manière de l’aborder différente de
celle qu’on avait relativement au Nouvel Ordo de 1969]
§ 7. Des théologiens traditionnels approuvés confirment ce point
La doctrine sur l’infaillibilité de la discipline liturgique de l’Église est
enseignée unanimement par les théologiens catholiques les plus approuvés,
sans même l’exception d’un seul. Et il est bon de souligner que le consensus
moralement unanime des théologiens sur un point spécifique de doctrine
représente une opinion certaine (theologice certum), et est un signe certain
de la Divine Tradition. [Cf. Joaquín Salaverri, s.j., Sacrae Theologiae Summa, t. I :
Theologia
fundamentalis, Tract. III : De Ecclesia Christi, L. 2, c. 5, a. 2, Thèse XXI
(BAC 061), Madrid, 51962, p. 775-784, n° 865-870] Citons-en seulement quelques-uns.
Le chanoine Hervé : L’Église « cesserait d’être sainte » et par conséquent «
cesserait d’être la vraie Église du Christ », si « elle prescrivait en vertu
de sa suprême autorité à tous les fidèles quelque chose de contraire à la
foi ou aux bonnes moeurs ». [J. M. Hervé (chanoine)
(recteur du grand séminaire de Saint-Brieuc), Manuale
theologiæ dogmaticæ, vol. I : De Revelatione Christiana, De Ecclesia Christi,
De
fontibus Revelationis, Paris, Berche & Pagis, 161935, p. 515]
Le Père Haegy, liturgiste : « Les actes de la liturgie ont une valeur
dogmatique ; ils sont l’expression du culte de Dieu dans l’Église. Or, la
manifestation extérieure du culte a une relation intime avec la foi. Pour
être raisonnable, le culte ne peut cesser d’être conforme à la foi ». [Joseph Haegy, c.s.sp.,
Manuel de liturgie…, t. I, p. 2]
Les célèbres canonistes Wernz et Vidal : « Les Pontifes Romains sont
infaillibles quand ils portent des lois universelles sur la discipline
ecclésiastique, de manière que jamais ils n’établissent quoi que ce soit de
contraire à la foi et aux bonnes moeurs, même s’ils n’atteignent pas le
degré suprême de la prudence ». [Wernz & Vidal, Ius canonicum,
t. II, p. 410 ; ; voir aussi t. I, p. 278]
Monsieur Tanquerey, prêtre de Saint-Sulpice : « Cette infaillibilité
consiste en ce que l’Église, par un jugement doctrinal, n’établira jamais
une loi universelle qui soit opposée à la foi, aux moeurs et au salut des
âmes. Comme c’est évident, ce type d’infaillibilité est bien compatible avec
la mutabilité des lois disciplinaires ; et se distingue de leur opportunité
: car [Néanmoins] nulle part n’est promis à l’Église le degré suprême de la
prudence en vue de porter les lois les meilleures pour toutes les
circonstances de temps et de lieu ».[Tanquerey
Adolphe, p.s.s. (1854-1932), de fontibus revelationis, 24e éd. J. B. Bord, Parisiis - Romae – Tornaci,
Desclée, 241937, 3 vol.n° 932, p. 625]
Hermann : « L’Église est infaillible dans sa discipline générale. Par
l’expression “discipline générale” on entend les lois et les pratiques qui
relèvent de l’organisation externe de toute l’Église. C’est-à-dire
relativement aux éléments tels que le culte externe, la liturgie et les
rubriques ou l’administration des sacrements […]. Si elle avait la capacité
de prescrire ou d’organiser ou de tolérer dans sa discipline quelque chose
de contraire à la foi ou aux moeurs, ou quelque chose de préjudiciable à
l’Église ou de nuisible pour les fidèles, elle défaillirait dans sa mission
divine, ce qui serait impossible ». [Hermann, Institutiones Theologiae Dogmaticae, Romae, 4e éd., Della
Pace, 1908, t. I, p. 258]
Enfin le R.P. van der Ploeg, O.P. : « La doctrine de l’indéfectibilité de
l’Église est une conséquence de la promesse de Notre Seigneur à saint Pierre
: “Sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l’Enfer ne
prévaudront pas contre elle” (Mt 16, 18).
Dans le passé, ces mots étaient
familiers à tout Catholique et étaient une source légitime de fierté pour
lui. Il savait qu’il appartenait à une institution “indéfectible” d’origine
divine, alors que toutes celles qui ont été instituées par des hommes ont
fini par atteindre un stade de décadence et de mort. Certains catholiques,
pendant les tribulations présentes se sont convaincus que le Siège de Pierre
est maintenant vacant. L’“occupant” du Siège, comme ils l’appellent, ne
correspond pas à ce qu’ils attendent d’un pape. Certains prétendent aussi
que la Messe et les sacrements ont été détruits par les plus récents
“occupants” du Siège de saint Pierre. Si ces personnes avaient raison, cela
voudrait dire que Notre Seigneur Jésus-Christ a abandonné Son Église […]
Mais c’est là quelque chose qui ne peut jamais se produire et qui
contredirait la promesse solennelle de Notre Seigneur citée plus haut. Il
est impossible aussi que Notre Seigneur abandonne son Église car cela
frustrerait le but même pour lequel l’Église a été fondée, à savoir d’être
l’instrument de Dieu pour le salut de nos âmes. Si Notre Seigneur
abandonnait son Église, les paroles : “Celui qui vous écoute m’écoute”
seraient vraies seulement pour un groupe excessivement réduit de personnes,
qui se considéreraient comme les élus, ce qui est toujours la
caractéristique le plus évidente d’une secte. Notre Seigneur n’a pas fondé
une secte, mais l’Église catholique, c’est-à-dire universelle. » [John
P. M. van der Ploeg, O.P., docteur et maître en théologie, docteur
en
Écriture Sainte, professeur émérite de l’Université de Nimègue, membre de
l’Académie royale des Sciences des Pays-Bas, dans sa préface [p. 8-9] au
livre I am
with you always [Je suis avec vous pour toujours] de Michael Davies,
écrivain
traditionnel, président d’Una Voce international]
§ 8. L’opinion finale des cardinaux Ottaviani et Antonelli
Le cardinal Ottaviani, bien qu’ayant présenté au pape ses réserves au sujet du Nouvel
Ordo Missae, célébrait la messe dans le rite nouveau, et ce, jusqu’à sa
mort. De même le pape Benoît XVI quand il était Cardinal Ratzinger, les
cardinaux Antonelli et Gagnon, cités plus haut.
Quant à l’intervention du cardinal Ottaviani, souvent citée, il faut noter
que sa critique (lettre du 5 octobre 1969) fut faite avant la version finale
corrigée de la Messe du nouveau rite. Pour prendre en compte la lettre du
cardinal Ottaviani et y répondre, le pape Paul VI consacra deux audiences
générales au nouveau rite de la Messe.
Après celles-ci, le cardinal Ottaviani écrivit : « Je me suis profondément
réjoui à la lecture des Discours du Saint-Père sur les questions du Nouvel
Ordo Missae, et surtout de ses précisions doctrinales contenues dans les
Discours aux audiences publiques du 19 et du 26 novembre : après quoi, je
crois, personne ne peut plus sincèrement se scandaliser. Pour le reste il
faudra faire une oeuvre prudente et intelligente de catéchèse afin d’enlever
quelques perplexités légitimes que le texte peut susciter. »
Et, dans la même lettre, il se plaint : « De ma part
[= pour ma part],
je
regrette seulement que l’on ait abusé de mon nom dans un sens que je ne
désirais pas, par la publication d’une lettre que j’avais adressée au
Saint-Père sans autoriser personne à la publier ». [Orig. franç. de cette lettre du
cardinal Ottaviani à Dom
Marie-Gérard
Lafond, o.s.b.]
Ultérieurement, le cardinal Ottaviani publia aussi une autre déclaration
intéressante : « La beauté de l’Église resplendit aussi dans la variété des
rites liturgiques qui enrichissent son culte divin quand ils sont légitimes
et se conforment à la foi. C’est précisément la légitimité de leur origine
qui les protège et les garde contre l’infiltration d’erreurs […]. La pureté
et l’unité de la foi sont de cette manière aussi soutenues par le Magistère
suprême du pape et par les lois liturgiques ». [Cruzado Español,
25 mai 1970]
Le cardinal Antonelli, dont nous avons publié plus haut les critiques sur la
manière dont fut élaborée la réforme liturgique, écrit dans le
même livre : « En substance, mes impressions sur la réforme liturgique sont
bonnes. Le nouvel Ordo Missae, entré en vigueur le 30 novembre 1969,
contient beaucoup d’éléments positifs. Il pouvait être perfectionné, comme
toute chose, mais la substance est bonne. L’Institutio Generalis Missalis
Romani est plus imparfaite. Toutefois, la substance est bonne. Avec le temps
on pourra rééquilibrer certaines dispositions ». [Le cardinal Ferdinando Antonelli et les développements de la
réforme
liturgique de 1948 à 1970, Versailles, APOC – Le Forum, 2004, p. 353]
§ 9. Attitude et exemple de Dom Antônio de Castro Mayer
Après le Concile, de 1965 à 1967, furent introduites certaines modifications
dans la liturgie de la Messe, que Dom Antônio accepta docilement et adopta
dans le diocèse, y compris la concélébration avec les prêtres à la Messe
chrismale du Jeudi Saint. En 1969, quoique en concédant un temps de vacation
de la loi, le pape Paul VI promulgua un Nouvel Ordo Missae, qui n’a pas
manqué de causer de la perplexité chez beaucoup de catholiques, y compris
des personnalités importantes, comme certains cardinaux de la Curie Romaine,
que nous citons plus haut, spécialement à cause des abus qui se commettaient
dans le domaine liturgique.
Mû par des perplexités similaires, Dom Antônio, avant que le Nouvel Ordo
entrât en vigueur, écrivit au pape Paul VI, « suppliant humblement et
respectueusement Votre Sainteté de daigner nous autoriser à continuer d’user
de l’Ordo Missae de saint Pie V ». [Mgr Antônio de Castro Mayer, Lettre du 12 septembre 1969 (lettre que
Dom
Antônio ne voulut jamais publier durant son épiscopat)]
Mais, quand il présenta à nouveau au Souverain Pontife sa pensée concernant
le nouveau rite de la Messe, sa fidélité et son respect - caractéristiques
de sa vie - pour la personne du Saint-Père le pape et pour le Magistère de
l’Église, lui firent préciser : « Il sera superflu d’ajouter que, dans cette
circonstance, comme déjà en d’autres situations de ma vie, j’accomplirai,
dans toute la mesure prescrite par les lois de l’Église, le devoir sacré de
l’obéissance. Et, dans cet esprit, avec un coeur ardemment filial et tout
dévoué envers le pape et la Sainte Église, j’accueillerai toute parole de
Votre Sainteté sur cette question ». [Mgr Antônio de Castro Mayer, Lettre du 25 janvier 1974 (lettre que Dom
Antônio ne voulut jamais publier durant son épiscopat)]
Les véritables esprit et pensée de Dom Antônio ne peuvent pas être connus
par une phase unique de sa vie, par une de ses phrases, par une lettre ou un
article pris isolément, mais par tout l’ensemble de sa vie, de ses écrits,
de ses propos et de ses attitudes. Sinon, nous courons le risque de les
fausser ou de les interpréter de façon inadéquate.
Ainsi, bien qu’ayant envoyé au pape ses réserves et ses critiques concernant
le Nouvel Ordo de 1969, Dom Antônio, dans sa manière d’agir, ne considérait
pas la nouvelle liturgie de la messe, en elle-même, comme hétérodoxe ou
peccamineuse, puisque, jusqu’en 1981, comme Évêque diocésain, il garda dans
leurs paroisses les curés qui s’étaient mis à la célébrer, il nomma curés
des prêtres qui la célébraient, il visitait cordialement ces prêtres dans
leurs paroisses, où il alla jusqu’à célébrer la Messe versus populum, il
assista à la nouvelle liturgie en de nombreuses occasions, il ne fit jamais
de remontrance à ces prêtres pour le fait de la célébrer, il corrigeait ceux
qui disaient qu’il ne s’agissait pas d’une messe catholique, et il institua
des ministres extraordinaires de la communion pour y servir.
Après la promulgation de la nouvelle messe (3 avril 1969), Dom Antônio
écrivit une lettre pastorale sur le Sacrifice de la Messe (12 septembre
1969), sans toucher à la question de la nouvelle messe ; il interdit de
critiquer celle-ci publiquement et de traiter de cette question en public et
ne voulut pas qu’on publiât ses lettres au pape sur la Nouvelle Messe. Dom Antônio préférait le combat positif, la conservation de le Messe
traditionnelle, et l’exaltation de ses valeurs, aux attaques envers la
nouvelle Messe, qui pouvaient atteindre l’autorité suprême de l’Église.
D’esprit droit et de conscience délicate, Dom Antônio n’aurait pas fait ou
permis tout cela, s’il avait considéré la nouvelle liturgie de la Messe, en
elle-même, comme offensante envers Dieu et telle qu’on ne pouvait en aucun
cas y assister ou la célébrer. [J’ai conversé récemment
avec le Dr. Arnaldo Vidigal Xavier da Silveira,
qui
partagea avec Dom Antônio toute cette affaire et fut l’auteur du livre sur
la Messe de
Paul VI supervisé par Dom Antônio, et il m’a assuré que « Dom Antônio ne fut
jamais de l’opinion que l’on ne peut pas assister à la nouvelle Messe »]
(à suivre...)
º La
grande et grave crise post-conciliaire
LA MESSE : PRÉSENCE DU SACRIFICE DE LA
CROIX :
La messe par le Cardinal Charles Journet
Sources:
www.vatican.va -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.03.2008 -
T/doctrine
de l'Église - T/theologie
- T/Liturgie