Benoît XVI évoque l'Enfant Jésus, Roi de gloire
Vatican, Jeudi 2 février 2006 - le premier service que les consacrés offrent, est de montrer une vie totalement intégrée à Dieu, constate ce jeudi, Benoît XVI, lors de la Journée Mondiale de la Vie Consacrée.
La présentation au Temple et l’obéissance due à la loi mosaïque
Homélie de Benoît XVI
Texte intégral de l'homélie
(1)
Le pape Benoît XVI souligne l’obéissance de Marie, Joseph, Anne et Siméon, à la loi mosaïque, et celle du Messie lui-même, qui se révèle dans la fête de la Présentation comme un « Enfant ».
Benoît XVI a en effet présidé, pour la première fois, la messe à l’occasion de la Journée mondiale de la Vie consacrée, en la fête de la Présentation du Christ au Temple de Jérusalem, à 17 h 30, en la basilique Saint-Pierre, entouré de milliers de personnes consacrées présentes à Rome et de nombreux fidèles.
Le préfet de la congrégation romaine pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique,
Mgr Franc Rodé
célébrait aux côtés du pape, ainsi que le secrétaire.
Un mystère, simple et solennel
« La fête [que nous célébrons] aujourd’hui de la Présentation de Jésus au Temple, quarante jours après sa naissance, nous met sous les yeux un moment particulier de la vie de la sainte Famille: selon la loi mosaïque, le petit Jésus est conduit par Marie et Joseph au Temple de Jérusalem, pour être offert au Seigneur (cf. Lc 2, 22) », explique d’emblée le Saint-Père.
De cette scène évangélique, le pape benoît XVI dit: « Siméon et Anne, inspirés par Dieu, reconnaissent dans cet enfant le Messie tant attendu et prophétisent sur lui. Nous sommes en présence d’un mystère, simple et solennel en même temps, dans lequel la sainte Eglise célèbre le Christ,
le Consacré du Père, premier né de la nouvelle humanité ».
Le pape expliquait les rites de cette fête en disant: « La suggestive procession des cierges au début de notre célébration nous a fait revivre l’entrée majestueuse chantée par le psaume responsorial, de Celui qui est «
le roi de gloire
», « le Seigneur vaillant des combats » (Ps 23,7.8).
Mais qui est le Dieu puissant qui entre dans le Temple?
C’est un enfant
; c’est l’Enfant Jésus, dans les bras de sa mère, la Vierge Marie
».
L’attente du peuple juif
Benoît XVI insistait sur cette docilité spirituelle de Marie et Joseph à la loi de Moïse en disant: « La sainte Famille accomplit ce que la Loi prescrivait: la purification de la mère, l’offrande du premier né à Dieu et son rachat par un sacrifice. Dans la première lecture, nous avons entendu l’oracle du prophète Malachie: « Aussitôt, le Seigneur entrera dans son Temple » (Mal 3,1). Ces paroles communiquent toute l’intensité du désir qui a animé l’attente du peuple juif au cours des siècles. «L’ange de l’Alliance» entre finalement dans sa maison, et il se soumet à la Loi: il vient à Jérusalem pour entrer en attitude d’obéissance dans la maison de Dieu ».
Commentant ensuite la Lettre aux Hébreux, le pape expliquait: «
On nous présente le Christ, le médiateur qui unit Dieu et l’homme en abolissant les distances, en éliminant toute division et en abattant tout mur de séparation. Le Christ vient comme nouveau «grand prêtre miséricordieux et fidèle dans les choses qui concernent Dieu, dans le dessein d’expier les péchés du Peuple
» (He 2, 17) ».
Il tirait cette conclusion: « Nous notons ainsi que la médiation avec Dieu ne se réalise plus dans la sainteté-séparation du sacerdoce ancien, mais dans la solidarité libératrice avec les hommes.
Il commence, encore enfant, à marcher sur le chemin de l’obéissance, qu’il parcourra jusqu’au bout
».
Associée au Christ sur le chemin de l’obéissance
A propos du rôle de Marie, Benoît XVI expliquait encore: «
La première personne qui s’associe au Christ sur le chemin de l’obéissance, de la foi éprouvée et de la douleur partagée est sa mère, Marie
. Le texte évangélique nous la montre dans l’acte d’offrir son Fils: une offrande sans condition que l’implique au premier chef: Marie est Mère de Celui qui est «gloire de son Peuple Israël» et «
Lumière pour éclairer les Nations
», mais aussi «signe de contradiction» (cf. Lc 2,32.34) ».
« C’est elle, dans son âme immaculée, qui devra être transpercée par l’épée de douleur, continuait le pape, montrant ainsi que son rôle dans l’histoire du salut ne s’épuise pas dans le Mystère de l’Incarnation, mais se complète dans l’amoureuse et douloureuse participation à la mort et à la résurrection de son Fils. En portant son Fils à Jérusalem, la Vierge Mère l’offre à Dieu en tant que véritable Agneau qui enlève le péché du monde, le tend à Siméon, et à Anne, en tant qu’annonce de la rédemption; elle le présente à tous comme lumière pour un chemin sûr sur la voie de la vérité et de l’amour ».
Leur attente, lumière qui éclaire l’histoire
Mais Benoît XVI soulignait aussi la mission des deux vieillards pleins de sagesse, Siméon et Anne, en disant: « Les paroles qui, lors de cette rencontre, affleurent sur les lèvres du vieux Siméon – «Mes yeux ont vu ton salut» (Lc 2, 30) – trouvent un écho dans l’âme de la prophétesse Anne. Ces personnes justes et pieuses, enveloppées dans la lumière du Christ, peuvent contempler l’enfant Jésus «la consolation d’Israël» (Lc 2,25). Leur attente se transforme ainsi en lumière qui éclaire l’histoire ».
Un long veuvage consacré au culte dans le Temple
« Siméon, explique le pape, est porteur d’une antique espérance et l’Esprit du Seigneur parle à son cœur: c’est pourquoi il peut contempler celui que de nombreux prophètes et de nombreux rois ont désiré voir,
le Christ, lumière qui éclaire les Nations
.
Dans cet Enfant, il reconnaît le Sauveur, mais il comprend dans l’Esprit qu’autour de Lui se jouera le destin de l’humanité, et qui devra souffrir beaucoup de la part de ceux qui le refuseront; il en proclame l’identité et la mission du Messie, par les paroles qui forment l’un des hymnes de l’Eglise naissante, dont jaillit tout l’exultation communautaire et eschatologique de l’attente salvifique réalisée. L’enthousiasme est si grand que vivre et mourir sont la même chose, et la «
lumière
» et la «
gloire
» deviennent une révélation universelle
».
Le pape ajoute à propos de la « prophétesse » : « Anne est «prophétesse», une femme sage et pieuse qui interprète le sens profond des événements historiques et du message de Dieu caché en eux. C’est pourquoi elle peut «louer Dieu» et parler «de l’Enfant à tous ceux qui attendaient la rédemption de Jérusalem» (Lc 2, 38). Le long veuvage consacré au culte dans le Temple, la fidélité aux jeûnes hebdomadaires, la participation à l’attente de ceux qui aspirent à la rédemption d’Israël, se concluent dans la rencontre avec l’Enfant Jésus ».
(ZENIT.org) ZF06020202
Texte intégral de l'homélie
"La fête de la Présentation de Jésus au Temple, célébrée aujourd'hui, quarante jours après sa naissance, nous présente un moment particulier de la vie de la Sainte Famille: conformément à la loi de Moïse, le petit Jésus est amené par Marie et Joseph au temple de Jérusalem pour être offert au Seigneur (cf.
Lc
2, 22). Syméon et Anne, inspirés par Dieu, reconnaissent dans cet Enfant le Messie tant attendu et ils prophétisent à son sujet. Nous sommes en présence d'un mystère, à la fois simple et solennel, dans lequel la sainte Eglise célèbre le Christ, le Consacré du Père, premier-né de la nouvelle humanité.
La suggestive procession des cierges au début de notre célébration nous a fait revivre la majestueuse entrée, chantée dans le Psaume responsorial, de Celui qui est "le roi de gloire", "le vaillant des combats" (
Ps
23, 7.8), précise Benoît XVI. Mais qui est le Dieu vaillant qui entre dans le temple? C'est un Enfant; c'est l'Enfant Jésus, dans les bras de sa mère, la Vierge Marie. La Sainte Famille accomplit ce que prescrivait la Loi: la purification de la mère, l'offrande du premier-né à Dieu et son rachat à travers un sacrifice. Dans la première Lecture, la Liturgie parle de l'oracle du prophète Malachie: "Et soudain il entrera dans son sanctuaire, le Seigneur" (
Ml
3, 1). Ces paroles transmettent toute l'intensité du désir qui a animé l'attente du peuple juif au cours des siècles. Enfin, l'"Ange de l'alliance" entre dans sa maison et se soumet à la Loi: il vient à Jérusalem pour entrer avec une attitude d'obéissance dans la maison de Dieu.
La signification de ce geste acquiert une dimension plus grande dans le passage de l'Epître aux Hébreux, proclamé aujourd'hui comme seconde Lecture. Ici nous est présenté le Christ, le médiateur qui unit Dieu et l'homme en abolissant les distances, en éliminant toute division et en abattant tous les murs de séparation. Le Christ vient en tant que "grand prêtre miséricordieux et fidèle pour expier les péchés du peuple" (
He
2, 17). Nous remarquons ainsi, souligne Benoît XVI, que la médiation avec Dieu ne se réalise plus dans la sainteté-séparation de l'ancien sacerdoce, mais dans la solidarité libératrice avec les hommes.
Il commence, encore Enfant, à marcher sur le chemin de l'obéissance, qu'il parcourra jusqu'au bout. L'Epître aux Hébreux met bien cela en lumière quand il dit: "C'est lui qui, aux jours de sa chair, ayant présenté des implorations et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort... tout Fils qu'il était, apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance; après avoir été rendu parfait, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent principe de salut éternel" (cf.
He
5, 7-9).
La première personne qui s'associe au Christ sur le chemin de l'obéissance, de la foi éprouvée et de la douleur partagée, est sa mère Marie, poursuit le pape. Le texte évangélique nous la montre dans l'acte d'offrir son Fils: une offrande inconditionnelle qui l'implique à titre personnel: Marie est la Mère de Celui qui est "gloire de son peuple Israël" et "lumière pour éclairer les nations", mais aussi "signe en butte à la contradiction" (cf.
Lc
2, 32.34). Et elle-même, dans son âme immaculée, devra être transpercée par l'épée de la douleur, démontrant ainsi que son rôle dans l'histoire du salut ne se limite pas au mystère de l'Incarnation, mais se complète dans la participation pleine d'amour et de douleur à la mort et à la résurrection de son Fils. En amenant son Fils à Jérusalem, la Vierge Marie l'offre à Dieu en tant qu'Agneau véritable qui ôte les péchés du monde; elle le tend à Syméon et à Anne comme annonce de rédemption; elle le présente à tous comme lumière pour une marche assurée sur le chemin de la vérité et de l'amour.
Les paroles qui, au cours de cette rencontre, viennent aux lèvres du vieux Syméon - "mes yeux ont vu ton salut" (
Lc
2, 30) - trouve un écho dans l'âme de la prophétesse Anne. Ces personnes justes et pieuses, baignées par la lumière du Christ, peuvent contempler dans l'Enfant Jésus "la consolation d'Israël" (
Lc
2, 25). Leur attente se transforme ainsi en lumière qui éclaire l'histoire. Syméon est porteur d'une antique espérance et l'Esprit du Seigneur parle à son coeur: c'est pourquoi il peut contempler celui que de nombreux prophètes et rois avaient désiré voir, le Christ, la lumière qui illumine les nations. Dans cet Enfant, il reconnaît le Sauveur, mais il pressent dans l'Esprit qu'autour de Lui se jouera le destin de l'humanité, et qu'il devra souffrir beaucoup à cause de ceux qui le rejetteront; il proclame son identité et sa mission de Messie avec les paroles qui forment l'un des hymnes de l'Eglise naissante, d'où se dégage toute la joie communautaire et eschatologique de l'attente salvifique réalisée, explique Benoît XVI. L'enthousiasme est si grand que vivre et mourir sont la même chose, et la "lumière" et la "gloire" deviennent une révélation universelle. Anne est une "prophétesse", une femme sage et pieuse qui interprète le sens profond des événements historiques et du message de Dieu qu'ils recèlent. C'est pourquoi elle peut "louer Dieu" et parler "de l'Enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem" (
Lc
2, 38). Le long veuvage consacré au culte dans le temple, la fidélité aux jeûnes hebdomadaires, la participation à l'attente de ceux qui aspiraient au salut d'Israël se concluent dans la rencontre avec l'Enfant Jésus.
Chers frères et soeurs, en cette fête de la Présentation du Seigneur,
l'Eglise célèbre la Journée de la Vie consacrée.
Il s'agit d'une occasion opportune pour louer le Seigneur et lui rendre grâce pour le
don inestimable que représente la vie consacrée
, sous ses différentes formes; c'est dans le même temps un encouragement à promouvoir dans tout le peuple de Dieu la connaissance et l'estime envers les personnes qui sont totalement consacrées à Dieu. De même que, en effet, la vie de Jésus, dans son obéissance et son dévouement au Père, est la parabole vivante du "Dieu avec nous", ainsi, le dévouement concret des personnes consacrées à Dieu et aux frères devient un
signe éloquent de la présence du Royaume de Dieu pour le monde d'aujourd'hui
. Votre façon de vivre et d'oeuvrer est en mesure de manifester sans amoindrissements la pleine appartenance à l'unique Seigneur; votre manière de vous remettre complètement entre les mains du Christ et de l'Eglise constitue une annonce forte et claire de la présence de Dieu dans un langage compréhensible à nos contemporains, précise Benoît XVI. Tel est le premier service que la vie consacrée rend à l'Eglise et au monde. Au sein du Peuple de Dieu, les personnes consacrées sont comme
des sentinelles qui aperçoivent et annoncent la vie nouvelle
déjà présente dans notre histoire.
Chers frères et soeurs qui avez embrassé la vocation d'une consécration particulière, je m'adresse à présent plus précisément à vous, pour vous saluer avec affection et vous remercier de tout coeur pour votre présence. J'adresse un salut particulier à Mgr Franc Rodé, Préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, et à ses collaborateurs, qui concélèbrent avec moi cette Messe. Que le Seigneur renouvelle chaque jour en vous et en chaque personne consacrée la réponse joyeuse à son
amour gratuit et fidèle
, conclut Benoît XVI. Chers frères et soeurs, comme des cierges allumés, faites rayonner toujours et en tout lieu l'amour du Christ, lumière du monde. Que la Très Sainte Vierge Marie, la Femme consacrée, vous aide à vivre pleinement votre vocation et mission spéciales dans l'Eglise pour le salut du monde.
Amen!
Libreria Editrice Vaticana
Pour lire ou enregistrer l'Encyclique du pape Benoît XVI:
"Deus Caritas Est"
Eucharistie, Sacrement de la Miséricorde. 03.02.2006 - BENOIT XVI