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19 Avril 2005
 

Benoît XVI commente  que la terre devienne "ciel"

 

ROME, le 1er Juin 2007 - (E.S.M.) - C'est pourquoi, nous explique Benoît XVI, nous demandons que sur la terre il en soit de même qu'au ciel, que la terre devienne « ciel ».

Sur le terre comme au ciel - Pour agrandir l'image: C'est ici

Benoît XVI commente que la terre devienne "ciel"

Considérations: (ndlr)

Si le Pater avait commencé par nous demander de «faire la volonté de Dieu», à nous qui par nature et par notre existence même, sommes plongés dans le relatif, nous aurions sans doute manqué de ce sens de l'absolu qu'exigé le service de Dieu, et nous n'aurions pas su davantage comment orienter nos efforts. En nous invitant à sanctifier son Nom et à travailler à la venue de son Règne, comme le pape Benoît XVI nous l'a commenté dans les pages précédentes, Dieu nous a fourni les lignes directrices dont nous avions besoin. C'est donc dûment avertis et éclairés sur ce qu'il attend de nous, que nous voici, avec cette demande, placés devant les humbles réalités humaines qui font la trame de notre vie; devant leurs dimensions quotidiennes et leur incroyable enchevêtrement, devant les innombrables problèmes et les questions si souvent sans réponses, que nous propose la vie. Nous voici devant les tendances opposées et parfois même irréductibles qui, en nous et autour de nous, ne cessent de se combattre; en particulier, nous voici devant le problème du mal, de la souffrance, et de la mort ; devant notre liberté sollicitée de toutes parts et si étrangement limitée, devant nos passions et nos fautes, devant les passions et les fautes des autres... En un mot, nous voici devant cette énigme que nous sommes à nous-mêmes et que nous est aussi l'humanité qui nous entoure.

Analyse du pape Benoît XVI (pages 171 à 174)

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel


Deux aspects ressortent immédiatement des termes de cette demande. Il existe une volonté de Dieu avec nous et pour nous qui doit devenir le critère de notre vouloir et de notre être. Et la caractéristique même du « ciel » est que la volonté de Dieu y est faite indéfectiblement ou, en d'autres mots : là où la volonté de Dieu est faite, là est le ciel. L'essence du ciel est d'être une seule chose avec la volonté de Dieu, l'union entre volonté et vérité. La terre devient « ciel » seulement si et dans la mesure où la volonté de Dieu y est faite, tandis qu'elle n'est que « terre », pôle opposé au ciel, si et dans la mesure où elle se soustrait à la volonté de Dieu. C'est pourquoi, nous explique Benoît XVI, nous demandons que sur la terre il en soit de même qu'au ciel, que la terre devienne « ciel ».

Mais qu'est-ce donc que la « volonté de Dieu » ? Comment la reconnaître ? Comment pouvons-nous la faire ? Les Écritures Saintes posent qu'au plus profond de lui-même, l'homme connaît la volonté de Dieu, qu'il existe une communion de savoir avec Dieu, profondément inscrite en nous, que nous appelons conscience (voir par exemple Rm 2, 15). Mais elles savent aussi que cette communion de savoir avec le Créateur, que ce savoir qu'il nous a donné en nous créant « selon sa ressemblance » a été enfoui dans l'histoire, qu'il n'est cependant jamais entièrement éteint, mais recouvert de multiples façons, qu'il existe une flamme doucement vacillante qui risque trop souvent d'être étouffée sous les cendres des préjugés gravés en nous. C'est pourquoi, nous conforte Benoît XVI,  Dieu nous a de nouveau parlé avec des mots de l'histoire qui s'adressent à nous de l'extérieur et qui viennent en aide à notre savoir intérieur désormais trop voilé.

Au cœur de cet enseignement de l'histoire se trouve, dans la révélation biblique, le Décalogue du mont Sinaï qui, comme nous l'avons vu, n'a nullement été aboli ou présenté comme une « loi ancienne » par le Sermon sur la montagne, mais, au contraire, indique Benoît XVI, développé afin qu'il rayonne d'autant plus dans toute sa profondeur et dans toute sa grandeur. Cette parole, nous l'avons vu, n'est pas quelque chose qui a été imposé à l'homme de l'extérieur. Elle est, dans la mesure où nous sommes capables de la recevoir, révélation de la nature de Dieu lui-même et ainsi interprétation de la vérité de notre être : la partition de notre existence nous est déchiffrée, afin que nous puissions la lire et la mettre en pratique. La volonté de Dieu provient de l'être de Dieu ; elle nous conduit par conséquent vers la vérité de notre être en nous délivrant de l'autodestruction liée au mensonge.

Puisque notre être vient de Dieu, nous pouvons, en dépit de toutes les souillures qui nous retiennent, nous mettre en route vers la volonté de Dieu. Dans l'Ancien Testament, la notion de « juste » voulait dire précisément ceci : vivre de la Parole de Dieu et donc de la volonté de Dieu, et entrer progressivement en syntonie avec cette volonté.

Quand Jésus nous parle de la volonté de Dieu et du ciel où cette volonté s'accomplit, il nous conduit à nouveau au centre de sa propre mission personnelle. Près du puits de Jacob, Jésus dit à ses disciples qui lui apportent à manger : « Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé » (Jn 4, 34). Cela signifie : l'union avec la volonté du Père est la source de sa vie. L'union de volonté avec le Père est au cœur même de son être. Dans la demande du Notre Père, nous percevons surtout un écho du dialogue tourmenté du mont des Oliviers : « Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux. » « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » (Mt 26, 39.42). Lorsque nous méditerons la passion de Jésus, nous aurons à revenir sur cette prière, dans laquelle il nous fait entrevoir son âme humaine et l'union de celle-ci avec la volonté de Dieu.

L'auteur de la Lettre aux Hébreux a vu dans la lutte intérieure au jardin des Oliviers la clé même du mystère de Jésus (cf. 5, 7), et c'est en partant de ce regard dans l'âme de Jésus qu'il a interprété ce mystère avec le Psaume 40 [39]. Il le lit ainsi : «Tu n'as pas voulu de sacrifices ni d'offrandes, mais tu m'as fait un corps... ; alors, je t'ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté, car c'est bien de moi que parle l'Écriture » (He 10, 5-7 ; cf. PS 40 [39], 7-9). Toute l'existence de Jésus est résumée dans ces paroles « Je suis venu pour faire ta volonté ». C'est seulement ainsi que nous pouvons comprendre pleinement la phrase suivante : « Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé. »

Dès lors, nous comprenons, explique Benoît XVI, que Jésus lui-même, au sens le plus profond et le plus authentique, est « le ciel » — lui en qui et par qui la volonté de Dieu est entièrement faite. En regardant vers lui, nous découvrons que nous ne pouvons pas être entièrement « justes » par nos propres moyens : la force de gravité de notre propre volonté nous éloigne sans cesse de la volonté de Dieu et nous fait devenir simple « terre ». Mais lui nous accepte, nous tire vers le haut jusqu'à lui, en lui, et, dans la communion avec lui, nous apprenons, nous aussi, la volonté de Dieu. Dans cette troisième demande du Notre Père, expose le pape Benoît XVI, nous demandons de pouvoir nous approcher de plus en plus de lui pour que la volonté de Dieu l'emporte sur la force de gravité de notre égoïsme et qu'il nous rende capables de la hauteur à laquelle nous sommes appelés.

La prière du Seigneur, cinquième chapitre du livre du Saint-Père Benoît XVI, "Jésus de Nazareth :
1) La vérité, indique Benoît XVI, c'est d'abord Dieu, le Royaume de Dieu : Benoît XVI
2) Benoît XVI désigne le Malin comme l'ultime menace pour l'homme : Benoît XVI
3) Notre Père qui es aux cieux : Benoît XVI
4) Que ton nom soit sanctifié : Benoît XVI
5) Que ton règne vienne :  Benoît XVI

Suite des notes du Père Paul-Marie de la Croix, O.C.D.

VOLONTÉ DIVINE ET VOLONTÉ HUMAINE

(...) En murmurant: «C'était écrit» l'homme s'inclinera devant la fatalité. On voit combien en une matière aussi essentielle la moindre différence d'interprétation entraîne des conséquences spirituelles d'une portée immense. Aussi a-t-on le devoir de se faire de la volonté de Dieu la notion la moins inexacte possible.

Si l'on peut et l'on doit affirmer, avec saint Thomas, que « la volonté peut être attribuée proprement à Dieu » (Somme Théologique, Ia, q. 19, a. n) il faut ajouter aussitôt qu'entre sa volonté et la nôtre il y a d'immenses différences.

En nous, la volonté est cette faculté qui s'emploie à permettre la réalisation et le passage à l'acte d'une représentation, d'un désir, d'un projet, en mettant en œuvre les moyens qui nous paraissent ordonnés à ce but. Mais, à peine avons-nous manifesté une volonté déterminée, qu'aussitôt dans la pratique, apparaissent une foule d'obstacles.

Et tout d'abord chacun sait de quelles limites et de quelles imperfections notre volonté est grevée. L'idée que nous nous faisons des réalités est bien souvent erronée ou entachée d'illusion. Nous nous trompons fréquemment sur leur valeur réelle et sur la manière de les atteindre ou de les réaliser.

Par ailleurs, nos possibilités sont extrêmement limitées. Entre ce que nous projetons d'accomplir, et la réalisation, il faut ordinairement du temps, et ce temps est lourd d'inconnu. Des forces adverses, le plus souvent imprévisibles, viennent bouleverser nos plans et en empêcher l'exécution. Nul ne sait s'il pourra réaliser ce qu'il a cependant voulu clairement et fortement. Vivra-t-il encore quand surviendra l'événement? Que de fois ne voit-on pas se réaliser cette parole passée en proverbe : « II y a loin de la coupe aux lèvres. »

Erreur sur les choses, faiblesse quant aux moyens, obstacles imprévus, impuissance matérielle; et enfin en nous, incertitude et inconstance, car notre volonté tiraillée à l'intérieur d'elle-même, peut soudain cesser de vouloir ce qui la sollicitait quelques instants auparavant...

Tout à l'inverse, la volonté divine apparaît indemne de ces tares et de ces limites. Étant sa propre fin, Dieu ne connaît pas de fluctuations dans sa volonté, et il est également à l'abri de toute erreur ou illusion, car il est lui-même la Vérité. Il ne se trompe jamais quant au but, qui coïncide toujours avec le plus grand bien. Aucun obstacle ne survient qu'il n'ait prévu, et de ceux mêmes qui nous semblent devoir déjouer ses plans, sa toute puissance tire parti et leur donne de remplir une fonction positive. Ainsi, il n'est rien ici-bas qui ne rentre dans les plans de sa science infinie, de son infinie bonté, fût-ce cette liberté dont l'homme jouit et dont il doit faire «librement» usage; car elle «joue» à l'intérieur de la volonté divine. C'est même grâce à sa soumission à cette volonté, que la volonté humaine trouve son complet développement. Certes, nous demeurons libres de nous opposer à la volonté de Dieu, mais notre liberté, devenue alors prisonnière d'un moi sans cesse plus tyrannique en subit un amoindrissement. Si au contraire nous nous rendons librement à la Volonté divine, cette Volonté, qui ordonne tout en vue du développement de sa créature, donne à la liberté humaine sa plus haute possibilité d'expansion: Si vous demeurez dans ma Parole, vous connaîtrez alors la vérité, et la vérité vous rendra libres (Jn 8 31,32).

(...) Le rapprochement entre cette parole: Hors de moi vous ne pouvez rien faire, et celle du Pater, nous invitant à demander que la volonté de Dieu soit faite, permet d'entrevoir ce qui, dans nos actions, est de nous, et ce qui est de Dieu. Plus intérieur à nous que nous-mêmes, Dieu en prenant nos actes pour les faire siens, les crée; il les fait réellement exister dans l'ordre surnaturel. C'est ainsi qu'à travers nos actes, sa volonté se fait et non la nôtre. C'est « nous » qui accomplissons sa volonté, et cependant c'est sa volonté qui est « faite ».

S'il en allait effectivement ainsi, Dieu pourrait nous utiliser, comme il le fit de l'humanité du Christ, et poursuivre à travers nous son action. Nous deviendrions alors de ces « humanités de surcroît » grâce auxquelles le plan de Dieu se réalise dans le monde.

Dire: Que votre volonté soit faite, ce n'est donc pas seulement se soumettre à la volonté divine, c'est encore s'engager à demeurer fidèlement et vitalement uni au Christ, dont la grâce seule peut conférer l'être à ce que nous faisons, et sans laquelle tout ce que nous « faisons » demeurerait un pur néant dans l'ordre surnaturel.

UN AUTRE TE CEINDRA

Si c'est toujours Dieu qui confère aux réalités leur valeur surnaturelle, il semble pourtant qu'en certaines d'entre elles son action apparaisse plus nettement. Un mot du Christ à saint Pierre suffit à le faire saisir. Lorsque tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais ou tu voulais. Quand tu seras devenu vieux, un autre te nouera ta ceinture, et te mènera où tu ne voudrais pas (Jn 21 18).

La jeunesse est en effet cette époque de la vie, où l'on s'imagine libre de tout entreprendre et capable de tout mener à bien. On se croit maître de sa destinée, et en état de choisir ce que l'on préfère. L'aide réclamée de Dieu se réduit bien souvent alors à lui demander la force de réussir ce que nous avons décidé.

Mais l'existence se charge bientôt de nous apprendre que notre part d'activité libre est limitée, et que cette limite elle-même va en s'abaissant tandis que la vie avance. Ce que nous pouvons « faire » est peu de chose en regard de ce que nous devons accepter, supporter, pâtir. Bien plus, à aucun moment, notre vie n'a été une page blanche sur laquelle nous pourrions écrire ce que nous voudrions. Avant même que commence notre destinée ici-bas nous sommes déjà, pour une large part, déterminés. Des données ont présidé à notre formation et même à notre préformation physique, psychique, sociale ; nous ont marqués de caractères, ont réglé nos humeurs, dirigé nos comportements instinctifs, et même orienté nos réactions.

C'est ainsi que dans une large mesure nous sommes ce que nous avons été « faits », et il nous faut bien nous accepter et nous subir tels que nous sommes, et il faudra bien, en tout cela aussi, voir la volonté de Dieu. Ce sont là les données du problème que nous avons à résoudre, et nous ne pouvons pas plus les modifier que nous ne pouvons modifier notre visage, l'aspect des lieux dans lesquels nous vivons, ou le tempérament de ceux avec lesquels nous nous trouvons.

Il y a donc, dans toute existence, un ensemble extraordinairement complexe de conditionnements variés dont nous subissons l'emprise et le poids. Et pourtant cela ne semble pas encore nous suffire, puisque nous y ajoutons nous-mêmes, jour après jour, des éléments nouveaux qui viennent peser de tout leur déterminisme sur notre vie. Les conséquences de nos actes, le poids de nos fautes, les déformations nées de nos habitudes, ne se contentent d'ailleurs pas de nous suivre. Déjà leur ombre portée est en avant de nous ; et comme notre silhouette le soir, lorsque, tournant le dos à la lumière, nous avançons sur la route, notre ombre nous précède.

Lorsque l'existence s'ouvre, nous croyons possible d'infléchir les réalités dans le sens de nos désirs, et de nos espérances. Mais bientôt nous devons nous rendre à cette évidence que nous ne disposons pas de la vie, et que c'est elle, au contraire, qui dispose de nous. Obligés à des choix successifs dont si peu sont libres, nous sommes de plus en plus étroitement liés à un chemin précis, à la personnalité que nous sommes devenus pour les autres et même pour nous, et en conséquence, prisonniers d'un nombre toujours croissant d'impératifs; jusqu'à ce que viennent enfin s'y ajouter les « passivités de diminution » que l'âge apporte avec lui.

ENTRE VOS MAINS SEIGNEUR

Sur le plan social, les pressions ne s'affirment pas avec une intensité et des exigences moindres. Nous sommes tous, à un titre ou un autre, des êtres «en situation». D'autres existent auprès de nous, et il faut que leur volonté à eux aussi, se fasse. Elle ne le pourra pas sans empiéter bien souvent sur la nôtre, et la limiter de plus en plus. A mesure que l'âge vient, la volonté de Dieu se manifeste à nous dans les multiples exigences qu'entraîné avec elle la vie commune, sous quelque forme qu'elle nous soit imposée: familiale, sociale, religieuse. S'il est vain d'espérer que nous puissions en prendre totalement notre parti, du moins devrons-nous accepter que la volonté de Dieu se manifeste à nous par le truchement des hommes, et que l'obéissance à leurs injonctions nous apparaisse sans doute toujours plus onéreuse, car nous ne pouvons pas garder toujours nos illusions sur leur sagesse, ni davantage sur la pureté des mobiles qui, si souvent, les font agir. Seule la foi peut nous donner la force, en voyant en eux les représentants de Dieu, de faire sa volonté en faisant la leur.

La vie du Christ nous montre ce processus à l'œuvre. Lui qui avait tout d'abord joui humainement parlant, d'une relative autonomie et d'une certaine liberté, a voulu, au soir de son existence, que les maillons de cette liberté se resserrent progressivement jusqu'à l'amener à obéir à ceux auxquels, malgré leur indignité, il avait donné pouvoir sur lui: Hérode, Caïphe, Pilate, Judas, ainsi qu'à cette tourbe qui l'entoure et avec des cris de haine le pousse au Golgotha: Crucifie-le, crucifie-le! Et Pilate le leur livra pour être crucifié... Cependant Jésus se taisait. Alors Pilate lui dit: Ne sais-tu pas que j'ai pouvoir de te relâcher et pouvoir de te crucifier? - Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir, lui répond Jésus, s'il ne t'avait été donné d'en-haut (Jn 19 10,11).

On comprend qu'à ceux qui veulent devenir ses disciples, et mettre leurs pas dans les siens, Jésus découvre, comme il le fit à Pierre, que peu à peu la volonté de son Père les mènera là où ils, ne veulent pas.

En effet, à mesure que la vie avance vers son terme, le champ des possibles diminue, et l'éventail se referme. Après avoir dit: Je peux tout faire, puis: je ferai ceci et ensuite cela, nous disons: j'espère pouvoir faire ceci et avoir encore le temps de faire cela, si Dieu m'en donne la force, et me prête vie. Un jour vient enfin où nous comprenons clairement que même « cela » n'est plus» possible, et avec Job, nous devons sinon dire du moins penser: Pour moi les tombes (Jb 17 i v. hébr.).

Dire : Que votre volonté soit faite, ce sera dire oui à tout cela, mais le dire sans découragement ni révolte; sans démission et même sans ce détachement désabusé qui n'est qu'une forme élégante de l'orgueil. Ce sera le dire avec cette paix profonde et même cette intime jubilation de celui qui sait, tandis que l'homme extérieur s'en va en ruines (2 Co 4 16) que Dieu est à l'œuvre en lui et qu'il se rapproche.

Dire: Que votre volonté soit faite, ce sera accepter aussi d'être abandonné sur le bord de la route, tandis que la colonne poursuit son chemin, et même consentir à être dépassé, oublié, rayé avant l'heure, de la carte des vivants. Ce sera voir remis en question ce qui semblait acquis; désavoué et détruit peu à peu ce que l'on avait mis toutes ses forces et tout son cœur à édifier, et n'en éprouver ni rancœur ni découragement. Ce sera non seulement être incompris des siens, mais peut-être même trahi par eux et continuer cependant à leur vouloir du bien.

Dire: Que votre volonté soit faite, ce sera, sachant nos jours comptés, ne pas bander fébrilement nos efforts en vue de nous constituer quelques réserves spirituelles, afin de ne pas paraître devant Dieu les mains vides, mais accepter notre pauvreté, notre misère et faire joyeusement, amoureusement, confiance à Dieu (1).

Ce sera enfin continuer à travailler et à œuvrer jusqu'au bout, dans la foi, dans l'espérance et dans l'amour envers celui qui ne manque à aucun de ceux qui se confient en lui: In manus tuas Domine, commendo spiritum meum (Le 23 46). « In te Domine speravi, non confundar in aeternum» (Hymne, Te Deum).

(1) On ne peut manquer d'évoquer ici cette phrase de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus : « Quand je pense à cette parole du Bon Dieu : Je viendrai bientôt et je porte ma récompense avec moi pour rendre à chacun selon ses œuvres (Ap 22 12), je me dis qu'il sera bien embarrassé avec moi, car je n'ai pas d'œuvres! Il ne pourra donc pas me rendre selon mes œuvres.. Eh bien! j'ai confiance qu'il me rendra selon ses œuvres à lui » (Novissima Verba).

II manquerait une dernière dimension à cette demande du Pater si l'on n'y ajoutait ces mots: Sur la terre comme au ciel.

Beaucoup de chrétiens n'y prêtent guère attention, ne voyant ordinairement en eux qu'une clause de style. Tout au plus signifient-ils dans leur esprit, qu'il faut tendre à accomplir ici-bas la volonté de Dieu aussi parfaitement qu'elle l'est au ciel.

En vérité est-ce seulement cela que veut nous enseigner le Pater? N'y a-t-il pas une raison profonde à ce que, pour la deuxième fois, dans cette si brève prière, référence soit faite au ciel ?

La première fois, c'avait été pour nous arracher à la pesanteur de la terre et tourner nos regards vers le Père qui est aux cieux; la seconde n'a pas tant pour but de nous placer en face de cette perfection d'obéissance qui se rencontre au ciel, que de mettre en une vive lumière, l'objet même de la divine volonté et le but vers lequel elle tend.

Sans doute, et le Christ l'a laissé clairement entendre, ce que Dieu veut, par-delà notre sanctification personnelle, c'est le rassemblement dans l'unité, de tous ses enfants dispersés. Ce travail d'union et d'unité, le Christ y a travaillé ici-bas, et, en redisant cette demande, nous nous engageons à poursuivre son œuvre et à y travailler après lui, par les mêmes moyens, c'est-à-dire par la charité allant jusqu'au don et au sacrifice de nous-mêmes.

Mais cette terre où le Christ a travaillé à instaurer le Royaume de Dieu et à accomplir la volonté de son Père ne saurait nous offrir le spectacle, et encore moins l'idéal de ce qui nous est demandé. Si nous désirons apprendre « comment » la volonté de

Si nous désirons apprendre "comment" la volonté de Dieu doit être faite, nous avons certes l'exemple du Christ; mais si nous voulons savoir vers quel terme tend cette perfection dans l'obéissance, ce n'est plus la terre qu'il faut regarder, mais le ciel. Le ciel, notre patrie, ce lieu de la Béatitude, de la Joie, de la Paix, de l'Union parfaite entre tous. Le ciel, ce Royaume où l'Amour est le sang qui vivifie tous ceux qui s'y trouvent et, en les unissant à Dieu, les unit entre eux.

D'ailleurs la traduction littérale de cette demande, comme le rappelle le pape Benoît XVI dans la page que nous avons lu au début et formellement dans son encyclique, n'est pas: sur la terre comme au ciel, mais: «comme elle est faite au ciel, ainsi également sur la terre». Qu'est-ce à dire, sinon qu'au ciel, au Royaume de l'Amour, il y a encore quelque chose à « faire » qui importe souverainement, et cette chose, c'est « d'aimer »; d'aimer dans la « connaissance » de Dieu et de Jésus-Christ (cf. Jn 17 3), d'aimer dans la louange et la contemplation des perfections divines, d'aimer dans la vision de celui qu'alors nous verrons face à face (I Co 13 12) et tel qu'il est (I Jn 3 2). Cette connaissance, cette contemplation, cette vision nous permettront de découvrir que Dieu est amour. Sa volonté qui elle aussi est Amour, ne peut donc nous proposer autre chose à «faire» éternellement, sinon d'aimer.

Cette vie de l'Amour, si elle ne doit connaître son épanouissement qu'au ciel peut et doit cependant commencer à se réaliser dès ici-bas, et, c'est à faire vivre et à développer cet amour dans les âmes, que s'emploie essentiellement et en dernière analyse la volonté de Dieu. Sans doute, restera-t-elle toujours pour nous, enveloppée de mystère, mais un chrétien ne doit pas s'en tenir là; il ne doit pas renoncer à se faire de la volonté de Dieu une notion plus profonde; non seulement pour mieux la réaliser, mais encore pour s'y unir plus intimement et plus parfaitement.

L'UNION DES VOLONTÉS

La grâce insigne des mystiques et des saints est d'avoir reçu des lumières sur ce qu'est l'essence même de la vie céleste, et d'avoir compris que quelque chose de cette vie peut et doit être vécu dès la terre. « Commençons donc à vivre ici-bas ce que nous vivrons éternellement dans le ciel», disait Thérèse d'Avila à ses filles... Ce que nous aurons à vivre au ciel, c'est l'Amour. Aussi les grands serviteurs de Dieu se sont-ils appliqués à découvrir en quoi consistait cet Amour et à en vivre. « Désormais ma seule occupation, c'est d'aimer », chante saint Jean de la Croix (Cant. spir., str. 20).

De cet amour, lui et bien d'autres avec lui, se sont fait l'idée la plus haute qui soit, et c'est à l'union d'amour la plus intime, la plus profonde, qu'ils ont tendu. Mais précisément cette « union d'amour » ou encore ce « mariage spirituel », c'est toujours sous la forme d'une «union des volontés» que tous les saints l'ont conçue, comme le laissent entendre ces lignes significatives du « Docteur mystique » : « L'âme ne peut arriver à la perfection d'Amour si ce n'est par une totale transformation de sa volonté avec celle de Dieu; en laquelle les deux volontés s'unissent de telle sorte que, des deux volontés il s'en fait une. Et ainsi il y a égalité d'amour, parce que la volonté de l'âme convertie en celle de Dieu, est désormais toute volonté de Dieu, et, partant, l'âme aime Dieu avec la volonté de Dieu, laquelle est aussi sa volonté à elle. D'où vient, qu'elle l'aimera autant qu'elle est aimée de Dieu, puisqu'elle l'aime avec la volonté de Dieu même, dans le même amour avec lequel il l'aime, qui est l'Esprit-Saint, qui est donné à l'âme selon que le dit l'apôtre: La grâce de Dieu est répandue dans nos cœurs, par le Saint-Esprit qui nous est donné » (Cant. spir., str. 38). (Pour télécharger les oeuvres de Saint Jean de la Croix)

(à suivre)
 

Sources:  www.vatican.va - E.S.M.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 01.06.2007 - BENOÎT XVI - Spiritualité

 

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