La nouvelle prière « pour les
juifs », du Pape Benoît XVI |
|
Cité du Vatican, le 01 mars 2008 -
(E.S.M.) - Au lendemain de la
journée du dialogue entre juifs et catholiques en Italie et dans le
monde entier s’est élevée une polémique virulente causée par la nouvelle
version, en langue latine, du texte de la prière “pour les juifs”, qui
entrera en usage dans la liturgie du Vendredi Saint prochain. Les
prodromes doivent être recherchés dans la publication au mois de juillet
dernier du « Motu Proprio » du pape Benoît XVI.
|
Le Rabbin Zevulun
Charlop et le Cardinal Walter Kasper
La nouvelle prière « pour les juifs », du Pape Benoît XVI
VATICAN - « On vous a dit, mais moi je vous dis… » par le Professeur Michele
Console sur la nouvelle prière « pour les juifs », du Pape Benoît XVI
Au lendemain de la journée du dialogue entre juifs et catholiques, qui a
lieu le 17 janvier, en Italie et dans le monde entier s’est élevée une
polémique virulente causée par la nouvelle version, en langue latine, du
texte de la prière “pour les juifs”, qui entrera en usage dans la liturgie
du Vendredi Saint prochain. Les prodromes doivent être recherchés dans la
publication au mois de juillet dernier du «
Motu Proprio » de Benoît XVI, qui a libéralisé le rite de la
Messe cher aux catholiques traditionnalistes. Depuis cette date, le débat a
redoublé entre les représentants de l’Eglise Catholique et les rabbins, sur
l’opportunité d’utiliser le Missel dans l’édition de Jean XXIII (qui met à
jour celui encore plus ancien de Pie V, appelé aussi tridentin), à la place
de celui plus connu promulgué par Paul VI en 1970.
Pourquoi cette polémique ? Voici les faits principaux. Alors que dans le
Missel de Jean XXIII, la prière en question contient la phrase « Ecoute les
prières que nous t’adressons en raison de l’aveuglement de ce peuple, afin
qu’il soit soustrait aux ténèbres », texte qui, chez les juifs, a été
fortement critiqué parce qu’il se réfère explicitement à ce qu’on appelle la
« théologie de la substitution », c’est-à-dire de l’impossibilité d’Israël
de se sauver sans se convertir à l’Eglise du Christ, le Missel de Paul VI,
lui, déclare : « Que le Seigneur notre Dieu, qui les a choisis en premier
parmi tous les hommes, les aide à progresser toujours dans l’amour de son
Nom et dans la fidélité à son Alliance », formule qui met l’accent de
manière plus positive sur la validité de l’alliance établie entre Dieu et le
peuple hébreu.
Mais Benoît XVI, en libéralisant l’ancien rite du Missel Tridentin - qui,
entre autres choses, n’a jamais été révoqué lors du dernier Concile, a
modifié la formule originale avec ce nouveau texte : « Prions pour les juifs
: que le Seigneur notre Dieu, éclaire leur cœur pour qu’ils reconnaissent
Jésus-Christ comme Sauveur de tous les hommes. Dieu Tout-Puissant et
Eternel, Toi qui veux que tous les hommes se sauvent et parviennent à la
connaissance de la vérité, accorde dans ta bonté, que, la plénitude des
peuples entrant dans ton Eglise, Israël tout entier soit sauvé ». Et c’est
précisément cette nouvelle formule qui a fait crier au scandale les juifs du
monde entier, parce que, selon eux, de cette manière, l’Eglise fait marche
arrière de plus de quarante ans dans la pratique du dialogue entre les deux
croyances abrahamitiques. Mais les choses sont-elles vraiment ainsi ?
Voyons avant tout la position catholique, au lendemain des protestations des
rabbins qui ont menacé d’interrompre le dialogue. Celui qui a parlé, ce
n’est pas le Pape, mais le Cardinal Walter Kasper, Président du Conseil
Pontifical pour l’Unité des Chrétiens, et donc responsable au Vatican du
dialogue avec le judaïsme, qui a déclaré dans un récent entretien : « Nous
pensons que, raisonnablement, un obstacle au dialogue ne peut venir de cette
prière, parce qu’elle reflète la foi de l’Eglise, et, d’ailleurs, les juifs
eux-mêmes, ont, dans leurs textes liturgiques, des prières qui ne nous
plaisent pas à nous catholiques. Nous devons nous accepter et nous respecter
dans la diversité ». Et, aussitôt après, il a ajouté : « Nous sommes face à
un texte de Saint Paul (Romains 11, 25-26) où
est exprimée l’espérance eschatologique que, le peuple d’Israël lui aussi
entre dans l’Eglise, quand y entreront tous les autres peuples. Je veux dire
qu’il exprime une espérance finale, et non pas une intention de faire la
Mission chez eux ». En concluant, comme pour souligner la méthode plus que
les contenus du dialogue entre juifs et catholiques, le Cardinal a déclaré :
« Nous dialoguerons avec toutes nos forces, mais, certainement, l’objectif
du dialogue ne peut être l’effacement des différences qui existent ».
Du côté juif, en revanche les positions sont opposées. Aux désappointements
même durs du rabbin chef de Rome, Riccardo Di Segni, et du président de
l’Assemblée rabbinique italienne Giuseppe Laras, s’opposent les positions
d’autres juifs, come celui du célèbre professeur Giorgio Israel qui, citant
le rabbin David Berger, a déclaré : « Puisqu’il n’y a plus de trace dans la
nouvelle prière de Benoît XVI, de conversions forcées et de l’enseignement
du mépris à l’égard du peuple juif, l’Eglise a le droit dans la vérité de sa
propre foi… Ils ont en effet le droit d’affirmer que le judaïsme se trompe
sur des questions centrales comme celle de la divinité de Jésus ; et le
droit symétrique est valable… (les catholiques) ont le droit d’aspirer à ce
que les juifs reconnaissent la divinité du Christ à la fin des jours, et
d’affirmer que le salut est plus difficile pour ceux qui ne sont pas
chrétiens. Pour Berger, la position de Ratzinger, dans la mesure où elle
évite ‘un double standard’, est plus respectueuse pour le judaïsme que
beaucoup d’autres ». Le professeur conclut, en reprenant presque
l’intervention du Cardinal Kasper, mais en répondant directement aux rabbins
italiens « que les positions comme celle de Laras servent seulement à donner
de arguments à ceux qui soutiennent que les religions sont intrinsèquement
intolérantes et ne parviennent pas à se parler, si ce n’est en imposant à
l’interlocuteur de se plier à leur point de vue ou, dans le meilleur de cas,
de taire les divergences qui pourraient être blessantes. Laras déclare : que
se passerait-il si les juifs traitaient de manière symétrique la foi
chrétienne ? Ils le font, Nous le faisons. Je n’ai pas besoin de lui
apprendre que les prières juives sont (inévitablement) pétries de la
conviction de posséder ce qui est vrai, et la véritable élection ».
Une dernière considération enfin, à mon avis, centrale, et qui résout la
question tout entière, est rapportée encore au bas de l’entretien d’Israël
qui, s’adressant à ses coreligionnaires, les invite à considérer
principalement les questions méthodologiques du dialogue interreligieux, et
seulement ensuite, les contenus : « Une foi sûre et libre de contraintes n’a
pas besoin de se retrancher, comme ne se retirèrent pas de la confrontation
les grands maîtres du judaïsme médiéval même quand les tentatives de
conversion étaient soutenues par la violence. L’interruption du dialogue
pour laquelle se bat le rabbin Laras, est régressive et dangereuse, et
n’aurait de sens que pour une fois hésitante et vidée. Et puisque ce n’est
pas le cas, il faut souhaiter le choix d’une attitude plus réfléchie et plus
rationnelle ». Nous attendrons de voir les développements
► Motu Proprio de Benoît XVI et la prière pour les juifs
► Benoît XVI apporte une correction à la prière "pour les Juifs"
► Benoît
XVI, le Motu Proprio et la prière pour les juifs
► Benoît
XVI, une personne qui sait écouter
Sources: www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.03.2008 -
T/Œcuménisme |